trentre-neuf

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SEPT ANS PLUS TÔT ;

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SEPT ANS PLUS TÔT ;

- Attends, il te faut combien, là ?

L'avocat de Jaden soupire et baisse la tête, avant de répondre :

- Mille deux cents, mais pour cette fois fais moi un chèque de cinq cents, le reste ce sera pour plus tard si t'as besoin d'un peu de temps

Le brun rit nerveusement à l'entente de ces mots.
Ce n'est pas d'un peu de temps qu'il a besoin, mais d'une nouvelle vie pour pouvoir s'offrir le luxe de payer des honoraires si élevées.

Cependant Jaden n'a pas bien le choix, et sort de sa poche un chèque presque déchiré sur lequel il écrit le montant qu'il ne possède même pas.

- C'est pour ton bien de toute façon, je vais faire de mon mieux

- Bah à ce prix là, j'espère bien que tu feras en sorte que même une amende, j'me l'a tape pas

L'homme en costume ne relève pas, alors que d'habitude il aurait remit son client à sa place.
Mais Jaden a su le toucher et l'attendrir, car quand les deux se sont concertés afin de constituer la défense du tatoué, ce dernier s'est livré sans filtre.

Son avocat a fait face à son passé en tant qu'enfant d'immigrés vivant dans une certaine précarité, tiraillé par le fait de ne jamais se sentir chez lui, à sa place, mais aussi par son âge qui fait qu'il est en constante recherche de lui même, de sa propre identité.

Jaden n'est pas quelqu'un qui sort du lot, malheureusement des garçons comme lui, avec ce contexte, c'est quand même bien courant.
Pourtant la sincérité et le choix de ses mots a retranscrit un message fort. Sans l'idéaliser ou justement, le dramatiser.

- Encaisse le pas tout d'suite par contre

- Comment ça ?

- J'ai pas une thune là, attend un peu, j't'apelle quand j'ai

- Jaden...

- Quoi ? Eh déjà j'te préviens donc c'est archi gentil. De toute façon si tu tente de l'emmener à la banque, il passera pas

- C'est pas ça, c'est juste que si t'as pas les moyens, je vais pas pouvoir te représenter

- Nan, je t'ai dis que là, maintenant, j'ai rien. Mais c'est qu'une question de temps

- Ne fais pas de bêtises pour avoir de l'argent. Demande à tes parents, peut-être qu'ils vont pouvoir t'aider

Jaden secoue la tête, pour montrer son désaccord.

- Ils ont pas à payer pour ça, c'est mort. Je vais juste quitter l'école et trouver du taff', comme tout l'monde

- Et tes études...?

Le brun hausse les épaules, et son avocat poursuit :

- Ça ne me regarde pas, mais ne fais n'importe quoi. Tu sais, y'a des avocats commis d'office qui sont très compétents

C'est la deuxième fois que Jaden rit nerveusement et cette fois-ci il écourte le rendez vous en se levant.

- Ouais, si tu l'dis. En attendant je sais pourquoi j't'ai choisis toi

L'homme se lève à son tour, alors que Jaden lui tend sa main, qu'il serre par la suite.

- C'est la dernière fois que j'peux me permettre de t'accorder cette flexibilité, j'te fais confiance Jaden, n'est-ce pas ?

- C'est bon, j'ai compris

Tout en fronçant les sourcils, Jaden met fin à l'échange et recule avant de complètement se tourner pour finalement sortir de la pièce, puis du cabinet.

Une fois dehors, il s'allume une cigarette en serrant les dents, et laisse ses pensées vagabonder, en quête d'une solution qu'il peine à trouver.

La semaine dernière il a enchaîné les courses illégales de voiture mais cela n'a pas suffit à ce qu'il puisse récolter assez d'argent pour payer ses dettes et ses frais concernant la justice.

En se positionnant sur sa moto, Jaden soupire et fixe ses mains, plus précisément ses tatouages, afin de se concentrer sur autre chose que sur la situation critique dans laquelle il se retrouve, encore.

Il le savait depuis longtemps qu'il allait être confronté à ça, mais c'est arrivé vite, faut dire que le moindre moment de son temps libre, il l'a passé en compagnie de Victoria, ou bien de ses amis.

Il ne s'est pas préoccupé de ses problèmes, mais il n'a pas oublié sa résolution, celle d'avancer sainement, alors il jette le mégot de sa clope en visant le cendrier extérieur face à lui, qu'il rate, et enfile son casque et ses gants pour ensuite faire vibrer le moteur de son engin, et avancer jusqu'à rentrer chez lui.

- Ma' ?

- Oui mon fils ?

La voix de celle qui l'a mise au monde l'apaise et il s'avance pour se rendre dans le salon, avant de sourire quand il l'aperçoit, allongée sur le canapé, devant sa série télévisée qu'elle a l'habitude de regarder depuis des années.

- T'es encore devant ça...

- Et toi, t'étais encore dehors ?

Il reste muet, et s'immobilise quand Louna ajoute :

- L'école a appelé, t'étais où ?

Jaden sort de sa torpeur et fait quelques pas jusqu'à s'assoir sur le sofa, et passer sa main sous la tête de sa maman, afin de pouvoir la déposer sur l'une de ses cuisses et insérer ses doigts dans ses cheveux.

- Ne t'inquiète pas pour moi mama

- Pour toi, je m'inquiéterais toute ma vie

- J'étais occupé, mais... mais t'en fais pas

En fermant les yeux, la brune soupire et prie intérieurement pour que son fils, qui elle le sait, ne lui dira rien de plus que cela, aille bien et ne flanche pas.

Mais ce n'est pas tellement le cas puisque Jaden bascule sa tête en arrière en caressant toujours les cheveux de sa mère.

Demain il se lèvera tôt. Il fera en sorte de trouver un travail, peut-être même deux, afin de gagner sa vie, de la reprendre en main. De ne plus la subir.

Évidement qu'il a pensé à l'illégal, mais les courses c'est déjà trop, et le but n'est pas d'encore plus sombrer, mais de sortir la tête et l'eau en évitant de couvrir de honte le nom de ses parents.

Pour une fois.

𝖼𝖾 𝗊𝗎𝗂 𝗇𝗈𝗎𝗌 𝗅𝗂𝖾 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant