12- La domination

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- Esteban -

D'après mes indics, la brigade criminelle a lâché du lest. Il aura fallu que je disparaisse pendant trois semaines.

Je me mords la langue en repensant à cette histoire. Lys voulait être prise au sérieux et j'avais besoin d'une couverture. On fait pas ce travail sans être prêt à confronter la mort, c'est une chose qu'elle devait comprendre d'elle-même.

J'étais préparé à l'éventualité où elle parle. Elle a pas cédé. C'est une bonne chose pour nous deux.

Les autorités n'ont aucun fondement pour justifier ma surveillance mais ils ont pas ce problème pour le port. Ils scannent chaque objet ou personne qui traverse la frontière. La priorité est qu'ils remontent pas à mon nom.

Sans oublier les ventes qui ont ralenti, faute de moyens pour blanchir l'argent. Les receleurs commencent à s'impatienter. L'hôtel de vente permettrait de faire d'une pierre deux coups : vendre et blanchir. Ça dépannerait le temps de traverser cette période de transition.

En mettant fin au règne de Bozkurt, j'ai enfin pu reprendre son marché. C'était prévu depuis un bout de temps mais Lys a permis d'accélérer sensiblement le processus.

Laisser son corps pour les flics était volontaire. Avec ça, les médias ont fait ma publicité sans que je n'aie à remuer. Ça vaut largement le ralentissement du marché que ça a engendré. Quant à la brigade criminelle, ils auraient terminé par savoir alors autant que ça serve.

Lys entre dans le parking de l'hôtel de vente.

Ses jambes fines s'étendent de ses talons hauts à sa jupe droite et son débardeur épouse parfaitement la forme de ses seins. Une vision méchamment provocante. Elle aurait été sublime dans la robe noire que je lui avais faite envoyer.

Un sourire m'échappe en mesurant le degré de son insolence. Elle a cran d'une vraie cheffe. Dommage que sa naïveté soit encore trop présente. Mais je peux m'occuper de l'anéantir.

Je quitte le mur et rejoins sa voiture avant qu'elle démarre. Ma main saisit la poignée de la portière. Elle s'ouvre sans résistance, me procurant une certaine satisfaction.

Ses yeux écarquillés suivent mes mouvements. Le reste de son corps est figé. J'apprécie de voir que, malgré son sale caractère, elle me craint toujours autant.

Je m'assois sur le siège passager et referme la portière. Elle me dévisage avec colère.

- Tu as décidé de ne plus frapper aux portes ?

J'hausse les épaules avec indifférence.

- Je n'ai pas brisé la vitre.

Elle m'adresse un regard noir. Quand elle retire ses mains du volant, le tissu satiné de son débardeur a un mouvement anormal au niveau de sa taille. Il est suffisamment fin pour retracer les contours ondulés d'un manche.

Elle a pris en compte ma remarque au restaurant mais c'est toujours pas assez discret.

- Tu as attendu trois semaines pour t'assurer que la police ne m'inculpe pas ? lance-t-elle dans un reproche incendiant.

- T'es plus maligne que t'en a l'air, poupée.

Elle me dévisage avant de jeter un œil dans chacun de ses rétros.

- Tu n'aurais pas dû venir à mon travail...

Son culot commence doucement à m'exaspérer.

- Roule.

- Pardon ? demande-t-elle en se tournant dans ma direction avec surprise.

- Fais tourner ce moteur et sors de ce putain de parking.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant