66- L'amour

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- Lys -

L'hélicoptère s'arrête sur une plateforme en triangle au centre d'un parc. Esteban prend le volant de la Maserati pour rentrer jusqu'au manoir.

L'écran de la voiture affiche bientôt deux heures du matin. Je m'enfonce dans mon siège en savourant le calme de la nuit avant de le briser par une question qui m'obsède.

- Qui étaient ces hommes ?

Sa mâchoire se contracte.

- Des soldats qui bossent pour les Visconti.

- Les Visconti ?

- Une famille rivale sur le territoire, ils sont dans l'artillerie de guerre et la drogue.

- Par artillerie de guerre tu veux dire...

- Missiles, chars, armes à feu...

Je reste silencieuse, réalisant tout ce que j'aurai pu vivre si Esteban n'était pas intervenu. Et tout ce qu'il risque maintenant qu'il l'a fait.

- Fais pas cette tête, ça me donne envie de faire demi-tour pour les exploser, souffle-t-il d'une voix grave.

Je me pince les lèvres en me redressant sur le siège. Je tente de penser à autre chose mais je n'y parviens pas. Les évènements se rejouent encore et encore dans ma tête.

- Comment est-ce que tu as fait pour me retrouver ? dis-je doucement.

Il m'adresse un bref regard sans répondre. Je plisse les yeux à sa réaction.

- C'est pas important, finit-il par murmurer.

En suivant la direction qu'a prise son regard, je tombe sur ma main gauche posée sur ma cuisse. L'alliance brille dans l'obscurité.

Ce n'est pas les Visconti qu'il a localisé, c'est moi.

- Attends, tu as mis un traceur dans la bague ?

- Je refuse de te perdre, Lys. Je suis sérieux.

Il prend un virage et sa main gauche se retrouve en haut du volant. Je regarde la bague à son annulaire. Un sourire amusé m'échappe.

- Quoi ?

- R-rien, je suis juste soulagée de te retrouver.

Il pose une main sur ma cuisse en franchissant le portail du domaine.

Lorsqu'il s'arrête dans l'allée, la lumière des phares et le bruit des graviers attirent aussitôt tout le monde. Je remue l'alliance à mon doigt en sortant de la voiture. Eve se précipite pour me voir.

- Dio mio, Lys, tu vas bien ?! s'exclame-t-elle en me prenant brusquement dans ses bras.

- Je vais bien, ça va.

- J-je suis tellement désolée, je n'aurais jamais dû te laisser seule.

Elle me serre un peu plus. Sa voix est tremblante.

- Ce n'est pas de ta faute. Je ne t'en veux pas du tout, rassures-toi.

En regardant par-dessus son épaule, j'aperçois les parents d'Esteban, Nonna, Sebastian ainsi que Stella à la porte. Je ne m'attendais pas à un tel accueil.

Esteban approche.

- Laisse-la souffler un peu, murmure-t-il à Eve.

Elle s'écarte et je lui adresse un sourire pour la rassurer. Nous avançons vers le manoir.

Nonna fixe Esteban en attendant un mot de sa part. Il chuchote une fois à son niveau :

- J'ai fait ce que t'as demandé, tu peux remercier Lys.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant