Le goût du crime

28- La tromperie

- Lys -

Je m'avance jusqu'à passer entre ses jambes écartés, toujours affalé dans le fauteuil. Il savoure mes mouvements sans envisager une seconde que je puisse être un danger.

- A ce propos... murmuré-je doucement.

Je pose une main sur le dossier, près de son épaule gauche. Il ne sourcille pas. Je me penche dans sa direction et m'arrête avant que nos bouches ne se touchent. Ses yeux sont figés sur mon décolleté.

- J'ai besoin d'une avance.

Je sens un contact chaud à l'intérieur de ma cuisse. C'est sa main droite qui remonte lentement en me caressant.

Une vague de frisson diffuse à chaque endroit où sa peau touche la mienne. Je sens un point qui commence à palpiter entre mes jambes.

- Quel genre d'avance ?

- Sur ma part des ventes.

Soudain, son toucher change. Je devine qu'il atteint mon porte-jarretelle lorsque j'entends le métal de l'arme tinter. Il la retire, vide le chargeur au sol et la lance à l'autre bout de la pièce. Le bruit de la chute sur le faux parquet résonne.

Penser qu'il serait aussi facile de briser la garde d'Esteban était visiblement une erreur.

- Tu négocies une augmentation avant de demander une avance ? chuchote-t-il.

- C'est tout l'intérêt de le faire dans cet ordre. J'en ai vraiment besoin Esteban, je n'aurai pas demandé autrement...

- Je fais jamais de crédit, finit-il par répondre. J'ai pas le temps de courir après des gens qui me doivent quelque chose.

Une expression espiègle se dessine sur mon visage.

- Il suffira de retirer mon pourcentage sur les prochains revenus, tu n'auras pas besoin de me courir après. Sauf si c'est ce que tu souhaites.

Ses lèvres esquissent un sourire qui manque de me renverser. Lorsque ses doigts s'enfoncent dans ma chair, je réalise que sa main n'a pas quitté le haut de ma cuisse.

Je m'approche jusqu'à effleurer ses lèvres.

- Inutile, tu es bien la seule qui chercherait pas à fuir, murmure-t-il.

Son souffle caresse ma peau au point où je peux en mesurer la température.

- Alors il n'y a pas de problèmes ? dis-je d'une voix involontairement brisée.

Son bras gauche se soulève. Bien que son visage ne trahisse rien, je devine la douleur qui doit l'irradier à sa blessure récente. Néanmoins, cela n'empêche pas ses doigts de venir s'emmêler dans mes cheveux et sa paume d'effleurer ma joue.

Il se lève du fauteuil et son pouce sous mon menton me pousse à suivre son mouvement en gardant la même distance.

Je me retrouve à sa merci en l'espace d'une seconde, la tête relevée pour réussir à le regarder pendant que sa main, toujours entre mes cuisses, est montée plus près encore de mes sous-vêtements.

- Je t'enverrai le montant à blanchir, on verra si ton nouveau truc fonctionne.

A ces mots, sa main effleure mon tanga en m'envoyant une vague de plaisir aussi intense que brève. Il s'éloigne en me laissant seule avec mon cœur qui joue à rebondir dans ma poitrine.

J'ai obtenu mon crédit alors je suppose que je n'ai pas le droit de me plaindre...

Il se retourne pour parler une dernière fois :