5- L'avarice

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– Esteban –

Une semaine, jour pour jour, s'est écoulée depuis la livraison des meubles à l'hôtel de vente. Dans le genre d'affaires que je traite, faut savoir réclamer son dû ou ils finissent tous par prendre confiance. Raison pour laquelle je ne laisse jamais de délais. 

En vérité, je fais apparition que dans deux cas précis : quand il le faut ou quand on ne m'y attend pas.

En temps normal, j'aurai envoyé un de mes hommes s'en charger ici. J'aimerai dire que c'est parce qu'un demi-million est en jeu, mais je me voile jamais la face.

Lys Daunely a attisé mon intérêt de bien des manières. Excepté ses hanches sexy dans ses jupes toujours ajustées et ses tétons que je revois encore à travers sa nuisette, c'est une des rares femmes intelligentes que j'ai eu l'occasion de croiser.

Elle a peur quand il faut, elle répond ce que l'autre souhaite entendre le reste du temps.

Elle a su tirer profit de ce qu'elle a entendu dans le port pour sauver sa peau, je reste persuadé qu'une autre serait déjà morte. Malheureusement, elle n'a fait qu'allonger le peu de temps qu'il lui reste.

A présent, je n'ai qu'une hâte : entendre la solution qu'elle aura trouvée pour continuer de vivre.

Une partie de moi espère ne pas être déçu, autrement j'aurai pas d'autres choix que de la tuer. Et sincèrement, je vois pas ce qui pourrait me convaincre de pas le faire.

Seule une trentaine de personnes était présente à la vente hier et, malgré cela, l'ensemble des meubles a été vendu. Elle a respecté sa parole. Elle aurait payé la différence de sa poche si ça avait pas été le cas.

J'y suis.

Je prends un dixième de seconde pour sentir mon flingue à ma ceinture, le couteau à cran d'arrêt dans ma poche et les bagues sur ma main droite. Je me suis déplacé léger mais ça devrait suffire pour ce que j'ai à faire.

J'emprunte la porte arrière et franchis le hall jusqu'à l'ascenseur. L'être humain est vraiment stupide, il suffit de faire mine que votre présence est normale pour que tout le monde agisse de la même manière.

Une main arrête les portes de l'ascenseur qui se ferment. Je soupire d'impatience.

- Excusez-moi... se confond une jeune femme avant de monter.

Je presse le bouton de fermeture pour accélérer les choses. Elle se tourne vers moi et je lui adresse un faux sourire. Ça suffit pour la faire rougir.

- Vous avez rendez-vous ? demande-t-elle d'une voix aigüe.

Ça m'apprendra à vouloir paraître normal.

- Oui.

Devant mon esprit laconique, elle regarde les numéros allumés pour identifier le mien.

- Oh, c'est avec Lys n'est-ce pas ? Votre rendez-vous...

Je lui adresse un bref regard avant de détourner les yeux indifféremment.

- Je dis ça parce que seuls elle, Stéphanie et Edouard ont leur bureau à cet étage. J'ai donc misé sur les probabilités, Stéphanie ne reçoit jamais personne et Edouard est déjà occupé.

Je l'écoute d'une oreille sans réagir. C'est le genre de personne qui parle pour combler les vides, et qui balance donc des infos sans même s'en rendre compte.

- C'est incroyable, n'est-ce pas ? La vente qu'elle a faite a totalisé 610 000 euros exactement. Elle a rapporté 103 700 euros à la société, c'est du jamais vu.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant