75- Le règne

19K 778 314
                                    

EPILOGUE


- Lys -

L'argent n'a de valeur que si on le prend à quelqu'un. 

Un directeur qui soustrait ses bénéfices pour payer ses employés, un vendeur qui voit les portefeuilles s'ouvrir aux caisses, un ami à qui l'on demande une faveur...

Plus on gagne, plus on prend. Jusqu'à empiéter sur les autres et les anéantir.

C'est ainsi que le monde fonctionne.

Le tout est de trouver des valeurs auxquelles se raccrocher, c'est la seule chose qui puisse empêcher que cette obscurité nous consume.

- Dépêche-toi, gioia mia. Tu vas être en retard pour tes cours.

- Je veux juste dire au revoir à Elio avant de partir ! réplique Stella.

Esteban souffle d'impatience alors qu'elle approche du parc dans le salon. Elle se penche et embrasse délicatement la joue de son petit frère qui la regarde s'éloigner avec des yeux brillants.

Esteban aurait voulu l'appeler Leonardo comme son grand-père, le fondateur du cartel, mais je trouvais ce prénom trop vieux jeu. Nous avons fini par trouver un compromis.

Et Elio veut dire soleil, de quoi s'accorder parfaitement avec l'étoile qui illumine déjà notre vie.

Je me rends rapidement à la cuisine pour sortir le biberon du congélateur et le mettre dans le frigo. Je retourne voir Alba au salon.

- Il y a tout ce qu'il faut dans le réfrigérateur. Il serre les poings et passe sa langue sur ses lèvres quand il commence à avoir faim alors n'attends pas qu'il pleure. Et tu sais où sont ses couches et ses vêtements.

Elle hoche la tête avec un large sourire qui, je le sais, a pour seul but de me rassurer.

Aujourd'hui, je retourne au bureau après deux mois d'absence. Abandonner notre fils me fend le cœur et mon angoisse doit se ressentir à travers mes mouvements agités puisqu'Esteban me regarde, le coin des lèvres surélevé.

Il approche en me saisissant par la taille. Ses yeux sombres plongent dans les miens pour capter mon attention. Et, comme à chaque fois, il y parvient sans que je ne puisse m'en détourner.

- Tu peux rester avec lui, tu sais.

- Tu connais déjà ma réponse.

- Tu supportes pas de rester tranquille et en parfaite sécurité ? souffle-t-il d'un ton espiègle.

- Exactement.

Je saisis sa chemise au niveau de ses pectoraux et l'attire à moi pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Ses mains glissent sur mes fesses en m'empêchant de reculer.

- Viens-là poupée, murmure-t-il d'une voix brisée.

Sa langue caresse la mienne avec plus de profondeur. De la satisfaction s'échappe de son regard lorsqu'il termine.

- Je n'arrive pas à croire que tu continues de m'appeler comme ça après que je t'ai fait un fils.

- Et alors ? T'es toujours ma meuf.

Ses doigts glissent sous ma jupe en me faisant frémir. Il caresse l'intérieur de ma cuisse jusqu'à s'arrêter sur ma jarretière.

- Je vérifie juste que t'as bien ton arme, susurre-t-il en reluquant ma poitrine.

Je lui caresse la nuque d'un air peu convaincu.

- On ne perd pas une bonne habitude, ne t'en fais pas.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant