68- La dévolution

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Pour ceux à qui j'ai dit que l'histoire ferait peut-être 70 chapitres, eh bien... non. C'est pas encore fini 👀

Voilà pourquoi j'essaie de ne pas trop m'avancer 😂

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- Lys -

Je franchis la lisière de la forêt et m'enfonce dans les bois d'un pas rapide. Esteban me rattrape, le pistolet toujours avec lui.

Il suffise que je tire sur l'un de ces troncs pour le rassurer. Je n'ai pas à tuer qui que ce soit, c'est un entraînement tout ce qu'il y a de plus classique. Je lui montre que je suis encore capable de m'en servir et nous retournerons à la voiture.

Je continue de marcher, encore et encore, essayant de me raisonner, quand une résistance m'arrête. La main d'Esteban est enroulée autour de mon poignet.

- C'est bon, tu vas traverser la forêt si tu continues, dit-il.

Je me racle la gorge en revenant sur mes pas. Il tend à nouveau le pistolet. Je lève doucement la main pour le saisir mais ma volonté s'évapore lorsque j'effleure le manche froid.

- C'est vraiment nécessaire ? Franchement, je ne vois pas en qu-

- Lys. Prends-le.

- D'accord, je le prends.

Je l'attrape rapidement avant de perdre le courage que m'a provoqué son ton menaçant. Il me regarde avec insistance. Je roule des yeux en cédant.

Je vise un arbre au loin. Esteban m'observe sans remuer. Malgré tout, je ne parviens pas à glisser mon doigt sur la détente.

Je ferme les yeux pour tirer.

- Fais pas ça.

Il baisse aussitôt le canon de l'arme en me la retirant des mains. Je me tourne face à lui avec surprise.

- C'est toi qui m'a demandé de le faire, répartis-je révoltée.

- Ne tire jamais sans regarder ce que tu vises, c'est clair ?

Je baisse les yeux avec une moue, le plus énervant étant de savoir qu'il a raison. Non seulement ça ne m'aidera pas à neutraliser la personne en face de moi, mais je risque aussi de tirer sur la mauvaise ou créer une ouverture.

C'est plus fort que moi, je n'y arrive plus.

- Je refuse de m'en servir encore une fois. Je ne veux pas avoir à me dire que je devrais tuer à nouveau... finis-je par confier.

Il soupire avant d'approcher doucement. Son index se pose sous mon menton pour lever mon regard. Il rapproche ensuite mes deux mains et murmure positionnant mes doigts sur la crosse :

- Le flingue, c'est un outil. C'est pas parce que tu l'as dans la main que tu vas tuer. Il y a que toi qui peux décider ce que tu feras avec.

Il passe derrière mon dos. Ses bras entourent mon corps. Il emporte les miens lorsqu'il les lève pour viser. Sa tête se loge à ma droite, effleurant mon oreille avec les vibrations de sa voix.

- Tu peux viser les points vitaux.

Il place mes bras parfaitement perpendiculaire à mon corps et pousse mon index pour presser avec moi sur la détente. Je sursaute au bruit sourd tandis qu'il amorti le recul de l'arme avec sa force.

La balle traverse la forêt et se loge dans un tronc à plusieurs mètres. Mon cœur s'emballe.

- Mais il y a plein d'autres endroits où tu peux tirer sans pour autant achever l'autre, poursuit-il.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant