43- Le respect

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- Lys -

Elle croise les jambes sur le fauteuil et une domestique se précipite pour lui apporter sa tasse. L'employée se tourne ensuite dans ma direction, je remue la tête en l'autorisant à disposer.

Je croise alors le regard de Nonna qui m'analyse.

- C'est donc vous qui vous êtes chargée des biens du Palais du Quirinal ? articule-t-elle avec un accent italien plus prononcé que les autres Musinato.

Fait-elle référence aux meubles de la Renaissance italienne, à plus d'un demi-million de valeur ?

Je n'arrive pas à croire qu'ils venaient de la résidence présidentielle... Pour une raison évidente, je ne préfère pas savoir comment, ni pourquoi ils cherchaient à s'en débarrasser.

- En effet.

- Esteban m'a parlé de vous, termine-t-elle par souffler en plissant les yeux.

- J'aimerai en dire autant mais je dois admettre qu'il est loin d'être aussi bavard de mon côté.

Elle étouffe un rire.

- Mieux vaut un homme silencieux qu'un homme qui parle trop, croyez-moi Lys.

Elle termine sa tasse, décroise les jambes et se penche dans ma direction.

- Je ne suis pas aveugle, je vois bien que vous avez gagné toute l'estime de mon fils.

Votre petit fils.

- Cependant, pourquoi est-il allé jusqu'à demander à Sebastian que l'on vous accorde la marque de notre clan ?

- Sans doute pour le rôle que j'endosse dans vos affaires.

- Et de quel rôle s'agit-il précisément ?

Si Esteban lui a bien parlé de la vente des meubles, il a certainement dû aborder le blanchiment d'argent et la drogue. Ce jeu, digne de la dirigeante officieuse d'une dynastie, commence à me crisper.

- Vous le sauriez si vous ne m'excluiez pas de vos réunions.

Elle m'observe attentivement. Je commence à me demander si je ne ferais pas mieux de regretter ma réponse quand un sourire satisfait se dessine sur ses lèvres.

- Bien, vous y assisterez.

Pendant une fraction de seconde, une expression de surprise m'échappe. Elle se lève et je me reprends.

- Je serai plus que ravie de constater cela de mes propres yeux, murmure-t-elle.

A ces mots, elle s'avance pour quitter la pièce. Je n'imaginais pas qu'une pointe d'insolence suffirait à la convaincre, j'ignore si cela est bon signe.

Lorsque j'entends la porte s'ouvrir, je m'active à remuer également. Je la rejoins dans le couloir et tombe nez à nez face à Esteban qui nous observe sortir sans comprendre. Il scanne le petit salon avant d'adresser un regard à Nonna qui s'est arrêté à son niveau.

- Lys et moi avons convenu qu'elle assistera au sommet de demain, déclare-t-elle sans se retourner.

Esteban, en revanche, me détaille avec intérêt. Il semble apprécier la nouvelle tenue que j'ai sélectionnée dans l'armoire, une robe fourreau beige bien plus moulante que celles dont j'ai l'habitude.

- Vraiment ? décoche-t-il en levant un sourcil intrigué.

- Aussi, puisque tu n'es ici que pour les deux prochains jours, j'aimerais que tu jettes un œil à certains dossiers avant de repartir. Tu as toujours eu cette perspicacité qui fait défaut à ton frère.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant