16- La tentation

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- Esteban -

Lys apparaît par la faible ouverture de la porte, son corps à demi caché derrière. Il est pourtant évident qu'elle est habillée. Navrant, ça aurait été la chose la plus délicieuse que j'aurais vue de la journée.

Elle fronce des sourcils en durcissant les traits fins de son visage. Elle s'attendait pas à me voir, je suis pas aussi prévisible qu'elle l'a prétendu finalement.

- Prends une veste et suis-moi.

Elle reste à m'analyser.

- Où allons-nous ?

- Tu le découvriras vite si tu te bouges.

Sa méfiance redouble. Elle pense que je vais lui faire payer pour l'incident de la dernière vente. Ça aurait été le cas dans n'importe quelle autre circonstance. Pourtant, j'ignore pourquoi, chaque fois que mes yeux se posent sur elle je suis pris d'un irrépressible désir de la protéger.

- C'est toi qui voulais apprendre, non ?

La porte s'ouvre un peu plus et son expression s'adoucit.

- Pour les billets ? demande-t-elle en s'assurant une dernière fois qu'il n'y ait aucun sous-entendu.

J'hoche la tête.

Elle disparaît dans le couloir, laissant la porte ouverte. Je m'adosse au mur d'en face en attendant qu'elle revienne.

Quelques secondes plus tard, elle sort enfin et verrouille son appartement. Elle a enfilé un manteau plus long qu'habituellement mais ses pieds sont toujours cambrés dans ses talons hauts.

Un sourire m'échappe avant que je me détourne pour traverser l'étage. Je devine qu'elle me suit au bruit que font ses chaussures.

Prendre les escaliers est un vieux réflexe, l'espace confiné des ascenseurs m'est insupportable. Un piège pourrait aisément être placé à l'intérieur en anéantissant toute chance de s'en sortir.

Elle scanne la Maserati stationnée devant le pallier de son immeuble. C'est ma voiture personnelle, caractéristique des dirigeants de ma famille. Les Musinato ont la main mise sur tout ce qui est marqué d'un trident.

Malgré ce qu'elle pense avoir déjà vu, je n'ai fait que protéger Lys de la noirceur du monde dans lequel elle s'apprête à entrer. Jusque-là, je lui ai envoyé que des hommes avec qui j'ai longtemps fait affaire et que je pourrais éliminer aisément si un problème venait à arriver.

Pourtant, l'un d'eux a saisi cette occasion pour tenter de me la mettre.

Les derniers évènements m'ont fait réaliser à quel point cette manière de procéder était mauvaise. Ça ne fait que nous mettre en danger, elle et moi. Si je me suis pas trompé sur son compte, elle saura encaisser la réalité.

- Nous n'aurions pas pu faire cela chez moi ? demande-t-elle en surveillant la route.

- Il est temps que tu découvres les coulisses du business, Mariposa.

Nous arrivons sur place. J'arrête la voiture face à l'entrepôt et sors en lui donnant le signal de faire pareil.

J'ai fait en sorte qu'un minimum de personnes soit sur place ce soir. Le hall est vide, un simple couloir large et mal éclairé.

Un des hommes sort de l'armurerie. En me voyant approcher, il se fige près du cadran de la porte, le dos et la tête droits, pour nous laisser passer.

Malgré que Lys soit une femme plus que séduisante, le simple fait qu'elle soit à mes côtés l'empêche de poser ses yeux ne serait-ce qu'une seconde sur elle. En revanche, de son côté, elle le détaille avant de scanner la réserve d'armes derrière lui. Ses muscles se raidissent et ses talons résonnent de plus bel dans l'espace confiné.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant