15- L'imprudence

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- Lys -

Malgré les volontés de mon père, j'ai pris la décision de garder mes objectifs. Il s'inquiète pour moi mais il n'aura plus aucune raison de refuser en sachant que j'aurais payé les frais d'avocat.

J'ai donc tout mis en œuvre pour assurer la seconde vente sans attirer les soupçons. A présent, ce n'est plus une enveloppe que je transporte sur le siège passager mais bien une mallette pleine de quarante-cinq mille euros en coupures de cinquante.

Je m'arrête à ma place de parking et regarde immédiatement autour. J'identifie la silhouette d'Esteban qui approche à travers le rétroviseur. Un sourire m'échappe lorsqu'il termine par entrer.

- T'es contente de me voir, poupée ? lâche-t-il en reluquant mon sourire avec un regard espiègle.

- Tu deviens prévisible.

Il a un rictus amusé.

- Où est l'argent ? demande-t-il en reprenant sa voix grave.

Je désigne la mallette près de ses pieds. Il se penche pour la saisir et le tissu de sa chemise noire se tend sur ses muscles. Il l'ouvre pour en scanner le contenu. Ses sourcils se froncent, plus qu'ils ne le sont naturellement, tandis qu'il saisit une liasse.

Il fait rouler les billets de cinquante entre son pouce et son index avant de les rejeter avec colère. Il termine par se tourner dans ma direction. Je croise son regard soudainement sombre.

- Ils sont faux.

- Quoi ? Comment ça faux ? répartis-je avec surprise.

- C'est des faux billets, précise-t-il en laissant sa tête retomber sur le siège alors que ses yeux restent plongés dans les miens.

- Impossible...

- Si je dis qu'ils sont faux, c'est qu'ils le sont. Tu me dois quarante-cinq mille Mariposa.

Je réalise soudainement l'origine du sourire de l'acheteur lorsqu'il m'a remis l'argent. Je m'exclame d'un ton révolté :

- Mais ce n'est pas de ma faute !

- Je t'avais dit d'être observatrice, réplique-t-il avec indifférence.

- Comment aurais-je pu savoir ?! Contrairement à toi, je ne suis pas amenée à faire la différence tous les jours !

- Prego poupée, même les caissières savent faire ça.

- J'ai malheureusement passé un diplôme de droit.

Je m'enfonce dans mon siège avec irritation.

- Peu importe, t'étais responsable. Faut que tu trouves un moyen de me rendre cet argent.

- Comment suis-je censée faire une chose pareille ?!

Il détaille mon corps avec une lenteur brûlante. Lorsque ses yeux atteignent à nouveau les miens, je le fusille du regard.

- Je m'associe pas aux gens en qui je peux pas avoir confiance, termine-t-il par déclarer.

- Alors apprends-moi.

Il rit en révélant ses dents d'un blanc outrageusement parfait.

- Je suis pas un prof.

- Ça, j'avais remarqué.

- Et tu serais une élève trop insolente, ajoute-t-il en observant ma réaction.

- Je peux être d'un calme exemplaire.

Le coin de ses lèvres frémit. Il se penche dans ma direction et mon cœur sursaute avant même que son odeur ne me parvienne. Mon regard refuse de se détacher de ses pupilles, dont j'arrive presque à percevoir les limites à cette distance.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant