13- L'attraction

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- Lys -

La sonnerie du réveil m'arrache de mon sommeil. Les évènements de la veille m'ont maintenue éveillée pendant une bonne partie de la nuit.

Après le coup du restaurant, n'importe qui aurait dit que ce serait de la folie de m'associer à lui. Néanmoins, c'est plus fort que moi. Je veux sortir de cette misère. Je vis déjà dans la peur alors autant que cela serve.

Je veux savoir ce que ça fait de vivre comme lui, de tout contrôler pour une fois.

Je me lève d'un mouvement réflexe en direction de la salle de bain. Après une toilette rapide, je me rends vers la machine à café pour la lancer le temps de m'habiller. J'avance les yeux à demi-fermés, telle une véritable somnambule, quand une voix grave me fait sursauter dans le salon.

- T'es enfin debout, poupée ?

J'ouvre plus grand les paupières et aperçois Esteban assis, les jambes écartées. Il porte une chemise blanche entrouverte. Mes yeux s'attardent sur ses manches retroussées et les tatouages gravés sur sa peau. Entre ses clavicules, les motifs me font vaguement penser à des figures celtiques.

Je devrais faire broder son nom sur ce fauteuil.

C'est dingue, comment fait-il pour entrer ? Même les animaux des zoos ont droit à plus d'intimité.

- Depuis combien de temps es-tu là ?

Il regarde sa montre avec insolence avant de répondre.

- Une bonne demi-heure.

- Et tu n'aurais pas pu frapper ?

- Je l'ai fait, t'as le sommeil profond.

La dernière fois qu'il a fait cet effort, c'était un unique coup à peine audible. Pas étonnant que cela ne m'ait pas réveillé.

Je décide de l'ignorer et continue mon chemin vers la cuisine. Je place une capsule dans la cafetière. Le temps qu'elle chauffe, j'attrape une tasse que je pose sur le rebord. J'attends que la lumière arrête de clignoter avant d'appuyer sur le bouton pour la lancer.

Son intrusion va sûrement me mettre en retard. Je retourne dans le salon en regardant l'heure sur mon téléphone. Esteban n'a pas bougé d'un millimètre. Sa tête est appuyée contre le dossier et il suit chacun de mes mouvements en savourant mes allers-retours dans ma nuisette.

- Pourquoi es-tu venu ?

- Pour te voir, souffle-t-il.

- Ça ne pouvait pas attendre ?

Il se frotte la barbe avant de se redresser pour s'appuyer sur ses genoux. Ses biceps se contractent en conséquence, étirant le coton blanc de sa chemise. Je remarque alors le cabas noir à ses pieds.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ton colis.

- La drogue ?

Il hoche la tête. J'approche jusqu'à passer entre ses jambes ouvertes. Ses yeux posés sur mes cuisses nues remontent jusqu'à mon visage en passant par ma poitrine. Chaque zone qui a croisé son regard a libéré une vague de chaleur qui diffuse dans le reste de mon corps.

Je saisis le sac et recule d'un pas pour l'ouvrir. Je me penche pour en examiner le contenu. J'ai beau être dos à Esteban, je sais pertinemment où ses yeux doivent être à cet instant.

- Ce sont des objets d'art ?

- La drogue est à l'intérieur, t'as plus qu'à vendre.

Je me redresse pour le regarder d'un air hésitant.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant