6- L'espoir

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– Lys –

Je remue le petit bâtonnet qui sert à dissoudre le sucre en poudre dans mon café, tant qu'il doit être froid depuis déjà un moment.

De toute manière, il est dégueulasse ici. C'est bien pour cela que je n'en prends jamais au bureau habituellement, mais le peu d'heures de sommeil auxquelles j'ai eu droit me laisse croire que je vais m'effondrer d'une seconde à l'autre si je ne trouve pas le courage de boire enfin cette tasse.

Etonnement, il n'y a eu aucun problème avec la vente des meubles.

Après l'expertise, j'ai passé la moindre des minutes de ma journée à sursauter aux bruits dans le couloir de l'étage. Je m'imaginais voir la brigade criminelle, si ce n'est Interpol, débarquer au moment où je m'y attendrais le moins. Alors j'ai fait en sorte d'être toujours prête.

Néanmoins, au lieu d'un groupe d'hommes dans leurs gilets pare-balles imposants, c'est le bon vieux Edouard avec sa cravate toujours bleue qui est venu m'annoncer la bonne nouvelle. L'ensemble des meubles avait été validé et estimé pour une valeur minimale de quatre cent cinquante mille euros.

Je ne comprends pas. J'étais persuadée qu'ils avaient soit été volées, soit contrefaits. Ce sont peut-être juste d'excellentes répliques ?

En tout cas, je doute qu'il les ait obtenus par une voie légale.

De mon côté, et sans trop de publicité, j'ai réussi à les vendre pour la très estimée somme de six cent dix mille euros. Edouard m'a reproché de ne pas avoir médiatisé l'affaire mais il redoutait bien trop un autre éclat de colère de ma part pour le faire dans mon dos.

Parmi les invités présents à la vente, un homme se tenait dans le fond. Il était calme, les bras croisés et regardait toujours attentivement autour de lui. Il n'enchérissait jamais. Je mettrais ma main à couper qu'il avait été envoyé par Esteban pour me surveiller.

Esteban.

Il refuse que je l'appelle ainsi mais comment suis-je censée le nommer au juste ? Evann ?

Et sa manière de me parler... Il ne m'a même pas donné de réponse claire quant à la solution que j'ai trouvée. Bilan : je ne suis pas prête de retrouver un sommeil paisible.

- Je le déteste.

Emma se tourne dans ma direction avec surprise. Me voyant remuer encore mon café avec vigueur, elle renonce à m'interroger et se tourne en direction d'Ambre à ma droite :

- De qui est-ce qu'elle parle ?

- Son nouveau client, murmure Ambre avec un sourire amusé qu'elle fait l'effort de masquer lorsque je lui jette un coup d'œil.

- Encore ! s'exclame Emma avec lassitude. C'est pourtant mignon Mariposa, ça signifie papillon en espagnol.

- Ce n'est pas pour cela qu'il a choisi ce surnom. Et puis d'abord, comment se fait-il qu'il connaisse les films de Barbie ?! répartis-je en abandonnant le gobelet sur un coin du banc en bois.

Je m'étire et regarde les passants du trottoir face à l'hôtel de vente. Mes lèvres et mes doigts me démangent. Je finis par me tourner en direction d'Ambre.

- Tu as une cigarette ?

- Je croyais que tu avais arrêté de fumer.

- C'est le cas.

Ambre me dévisage d'un air peu convaincu.

- Je fume occasionnellement lorsque j'en ai besoin. Et, crois-moi, j'en ai plus que besoin là.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant