67- Le plaisir

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– Lys –

Ma nuit de noce est loin d'avoir été celle dont toutes les petites filles rêvent. Et l'Italie a beau faire partie des pays les plus romantiques au monde, elle n'est pour moi que le QG qui concentre le pouvoir meurtrier des Musinato.

Je ne suis pas n'importe quelle femme.

Je suis membre d'un cartel et accessoirement mariée à un des plus grands trafiquants international de drogue. Je n'ai jamais eu de période plus calme dans ma vie que ces derniers jours enfermée dans une villa en bord de plage.

Pourquoi Monaco ?

Le business, évidemment. Mais cela ne m'a pas empêchée de savourer ma lune de miel.

Il y a juste ces pensées sombres qui envahissent mon esprit de temps à autres. Je me souviens aussi de la noirceur qui émanait d'Esteban lorsqu'il m'a secouru, cette rage qu'il avait laissé monter à la surface comme une éruption destructrice.

— Le volcan a explosé, murmuré-je.

Il laisse échapper un rictus dénué d'amusement, encore irrité par les derniers évènements. Allongée près de lui, je retrace les contours du trident sur son plexus avec mon ongle.

— C'est contre toute logique mais te voir aussi effrayant ne fait que me sentir davantage en sécurité.

Il attrape mon menton pour me pousser à lever la tête. Mes yeux gris se perdent dans les siens, noirs et sans la moindre nuance.

— C'est parce que je laisserai jamais personne te toucher, murmure-t-il d'une voix brisée.

Il dévore mes lèvres. Je quitte la douceur des draps pour grimper sur son corps plus rude.

Son pouce caresse mes lèvres alors qu'il m'admire en contre-bas. Je peux sentir son cœur battre sous ma paume.

Sa fréquence est si rapide que j'ai l'impression qu'il pourrait déraper et s'arrêter. Je presse ma tête au creux de son cou en fermant les yeux pour chasser cette idée. Néanmoins, c'est le visage de l'homme que j'ai tué qui apparaît. Je les rouvre immédiatement.

Alors que mon souffle se met à accélérer, c'est l'odeur d'Esteban que j'inspire. Cela suffit pour le faire retourner progressivement à la normal.

— Ça va ? demande-t-il en passant les doigts dans mes cheveux.

Je caresse ses pectoraux avec ma paume en essayant de parler.

— Est-ce que... Est-ce qu'on sent son cœur s'arrêter lorsque l'on meurt ?

Il attrape ma main pour la retirer.

— Tu devrais pas te poser ce genre de questions, murmure-t-il d'une voix grave. Tu rumines encore ?

Je me redresse et détourne les yeux.

— Ça me revient parfois.

— Si tu l'avais pas tué, c'est lui qui l'aurait fait, déclare-t-il.

— Je sais mais-

— Arrête. T'as pas à culpabiliser d'avoir fait ce qu'il fallait.

— J'ai peur Esteban... Je n'ai aucun remord alors que j'ai l'impression que je devrais en avoir.

Ses abdos se contractent lorsque son torse se soulève pour m'embrasser.

— Te défendre fais pas de toi une tueuse, c'est clair ?

J'hoche doucement la tête en me blottissant à nouveau contre lui.

Il a raison.

Cet homme était loin d'être innocent. J'ai juste fait ce qu'il fallait au moment où il le fallait.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant