29- Le pouvoir

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- Lys -

Lorsque le portugais se tourne enfin vers moi, il arbore un sourire plein d'une malice qui me fait serrer les dents.

- Quel argent, senhora ? Je ne vois toujours pas de quoi vous voulez parler.

A cet instant, mon sang entre en ébullition dans mes veines. J'oscille entre colère et stupéfaction mais la première prend rapidement le dessus.

- Vous aviez pourtant l'air on ne peut plus saint d'esprit il y a quelques jours.

- Vous n'êtes pas le genre que l'on oublie facilement, réplique-t-il en me toisant. Je m'en serai souvenu si j'avais croisé une si belle figure.

J'entends dans sa voix le malin plaisir qu'il prend à répondre. Soudain, alors que je tente de le tuer du regard, un détail me revient à l'esprit. Un détail qui change tout.

L'expression sur mon visage se détend dans un excès de confiance qui semble déstabiliser le latino.

- Il fait chaud, vous ne trouvez pas ? dis-je en me tournant légèrement.

Je relève mes cheveux avec mon avant-bras, comme pour m'aérer la nuque, et révèle la marque du trident. A ce geste, le visage de l'homme pâlit.

- V-Vous... bégaie-t-il.

- Vous me remettez enfin ? répartis-je avec une insolence que je lui vole.

Je reprends une expression sérieuse et menaçante. Ce n'est pas compliqué lorsque l'on se moque de vous aussi ouvertement.

- Si vous respirez encore mon air, c'est uniquement parce que je vous le permets. Tâchez de vous en souvenir la prochaine fois que vous voudrez jouer à l'amnésique. Je vous laisse une chance de rectifier ça.

Je m'éloigne et quitte le rayon avant de perdre cette colère qui m'a donné autant d'assurance. Je me demande si je n'ai pas un tantinet exagéré mais Esteban aurait probablement été plus sévère encore. C'est bien lui qui a déclaré que je devais me faire respecter, non ?

En me dirigeant vers la caisse, j'aperçois Ambre au loin.

Je cherche quelque chose à attraper sur mon passage et ne trouve rien de mieux qu'un paquet de chips. Elle termine de charger ses sacs de courses lorsque j'arrive. Le timing est parfait.

- Tu as fait demi-tour pour des chips ? demande Emma surprise.

J'hausse les épaules.

- Une envie soudaine. Tu n'es vraiment pas la mieux placée pour me juger.

- Je te l'accorde, rit-elle.

Je m'apprête à poser le paquet sur le tapis quand le vendeur m'arrête en secouant la main.

Offert par la maison, hein ? Je suppose qu'être dans la mafia offre quelques bonus.

Je lui adresse un sourire reconnaissant pendant que les filles échangent un regard interrogateur. Lorsque nous sortons, Emma et Ambre se tournent vers moi dans une synchronisation parfaite :

- Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?

- Tu connais le vendeur ?!

Cette scène me donne la sensation d'avoir accompli quelque chose de mystérieux, quelque chose de supérieur à l'ordinaire habituel.

- C'est sûrement grâce à toutes les choses qu'Ambre a achetées, répartis-je en imitant leur incompréhension.

Nous arrivons à sa voiture et je charge le coffre. Quand Emma s'éloigne pour retourner le cadi, Ambre s'arrête pour m'admirer. Je continue de ranger sans comprendre.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant