38- La révolte

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- Lys -

- Attends, tu veux dire que c'est toi la nouvelle titulaire ?!

- Et tu ne nous as rien dit pendant tout ce temps ?

Emma et Ambre me regardent avec un mélange de trahison et de surprise. Je redoutais ce moment plus que la réunion où je l'ai annoncé à tout le staff.

Stéphanie sort de la salle en me jetant un regard noir, regagnant son bureau à l'image de tous les autres employés qui sortent de la salle.

- Doucement les filles, vous pourriez être plus discrètes... Ils ne doivent pas penser que... Enfin, vous voyez, ce n'est plus vraiment comme avant maintenant.

- Maintenant que tu es la directrice de l'hôtel de vente ! s'indigne Emma.

Ambre croise les bras pour soutenir sa réplique.

- Je ne l'ai appris que ce matin moi aussi. Le nouveau propriétaire m'a désignée comme telle après avoir analysé tous les bulletins qui lui ont été remis. Au moins, mes statistiques ont trouvé quelqu'un que ça intéresse...

Leurs expressions sévères s'adoucissent. Si mon esprit formaté de juriste sert bien à quelque chose, c'est de parvenir à m'extirper de situations embarrassantes comme celles-ci.

- Je comprends, murmure Emma.

- C'est définitif ou provisoire ? demande Ambre.

- Eh bien, pour le moment je n'en sais pas vraiment plus... Mais il est possible que cela s'éternise.

- En tout cas, tu as décroché ce que tu rêvais toujours d'avoir, réplique-t-elle une pointe envieuse.

- Oui, bravo ! me félicite Emma avec un large sourire.

Je soupire avant de m'activer à remuer.

- J'ai peut-être décroché la direction de l'hôtel de vente, cela ne va pas sans les tâches qui l'accompagnent ! Il faut que je retourne à mon bureau.

- Va ! Pendant que nous profitons de notre liberté d'employées sous-payées !

La réplique d'Emma m'arrache un rire tandis que je quitte à mon tour la salle de réunion.

Mes talons aiguilles résonnent dans le couloir puis dans le hall, en direction de l'ascenseur principal. En entrant dans la cage dorée au large miroir, j'appuie sur le bouton du dernier étage et scanne le hall du regard avant que les portes ne se ferment. Debout dans un coin stratégique, un italien avec une forte carrure se tient droit dans son costume, faisant office de nouveau vigil.

A vrai dire, Esteban ne m'a pas vraiment laissé le choix d'engager un de ses sbires.

Ses objectifs quant à mon rôle ont été on ne peut plus claire : blanchir neuf mille euros par jours, divisés en trois ventes de trois mille qui passeront en liquide, soit un total d'environ deux cent soixante-dix mille euros par mois et trois millions cent un mille l'année.

De mon côté, j'ai une part de quarante-cinq mille neuf cent euros par mois, et en reverserai dix mille à Ambre qui continue de rédiger certains faux procès-verbaux. Je n'imagine même pas ce que doit gagner Esteban.

J'atteins le large bureau qui occupe tout l'angle du dernier étage. Celui qui appartenait à Edouard et qui me revient à présent.

Le fauteuil en velours matelassé n'a vraiment rien à voir avec le mien auparavant. Il faudra aussi que je retire ces objets ridiculement immenses, comme les deux sabres suspendus derrière moi qui n'ont pour seul but que d'impressionner les personnes qui se tiennent en face.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant