41- La famiglia

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- Lys -

Le 4x4 à vitres teintées termine par s'arrêter. Je me tourne vers Esteban dont l'expression espiègle me confirme que nous sommes arrivés.

Stella se jette sur la poignée pour ouvrir mais la porte se dérobe à elle. Je me penche à la même vitesse qu'Esteban pour tenter de la rattraper mais elle se redresse avant que l'un de nous ne l'atteigne et se précipite pour sortir.

En tournant la tête, je me retrouve nez à nez avec son visage, si proche que je vois même ses pupilles noires m'avaler. Il me fait signe de sortir avec un sourire. Je me reprends et passe devant.

En quittant la voiture, mes yeux mettent quelques secondes à s'habituer au paysage. L'obscurité de la nuit est compensée par les immenses lampadaires en fer forgé dressés sur le devant.

Bon sang, il n'exagérait pas lorsqu'il parlait de château. Tout semble tellement immense et disproportionné.

Un homme en costume tient la porte, probablement celui qui l'a ouverte avant que Stella ne s'en charge. Il attend qu'Esteban sorte à son tour pour la refermer. Devant moi, un sentier de pierre qui passe entre deux sublimes sculptures grecques me montre le chemin à suivre pour entrer dans le manoir. Les moulures aux reflets dorés me laissent deviner qu'elles ont été rincées à l'or.

Derrière moi, une ligne de cinq hommes, tous immobiles de la même manière, délimite l'allée principale. Trois Maserati sont stationnées sur le cercle de gravier qui fait office de rond-point donnant sur la grille à l'entrée du domaine.

Il suffit d'un regard de la part de son père pour que Stella obtienne l'aval de courir vers l'intérieur. Il marche à mes côtés jusqu'à ce que nous atteignions la grande porte à double battant. Là, deux gardiens ouvrent à Stella qui nous précède.

L'intérieur est aussi spectaculaire que le reste. Si je devais estimer la valeur de chacun des meubles présents, j'atteindrai facilement les dizaines de million juste pour ce hall. Sans oublier cette putain d'architecture.

Personne ne devrait avoir le droit d'habiter dans un lieu pareil, c'est un véritable musée.

Lorsque nous franchissons le seuil, j'aperçois un comité réuni pour nous accueillir. Stella se jette dans les bras de la plus âgée d'entre eux, qui se penche avec difficulté pour l'accueillir. Ses cheveux blancs sont amassés dans un chignon tiré à quatre épingles. Elle est habillée d'une robe longue qui reflète les traditions d'une autre époque.

- Nonna ! s'exclame la petite en l'embrassant.

- Pulcino, tu as tellement grandi. Laisse-moi voir.

Elle la pousse à reculer pour l'observer plus longuement. C'est donc elle ? Comment peut-on être si bien conservé à cet âge ?

Esteban se penche pour lui embrasser le front. La main de la vieille dame qui caresse sa joue dégage plus d'affection que je n'en ai jamais vu dans un geste aussi simple.

- Après tout ce temps, lui reproche-t-elle.

- Je suis là, réplique-t-il avec un rire qui lui arrache un regard réprobateur.

Alors que tout le monde a les yeux rivés sur nous, il passe un bras autour de moi et ses doigts se resserrent dans le creux de ma taille en m'attirant brusquement à lui, manquant de me faire trébucher sur mes talons hauts.

- Je te présente Lys.

- C'est un véritable honneur, murmuré-je doucement.

Elle se dresse aussitôt avec sérieux et avance face à moi, le visage neutre. Elle m'examine longuement tandis que le reste de la salle plonge dans un silence mort.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant