74- La fierté

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- Esteban -

L'officier se penche dans ma direction, affrontant le regard noir que je lui lance. A cette distance, je rêverai de l'étrangler. Femme ou non, la différence s'est effacée au moment où elle a parlé de Lys.

- Alors ? Acceptez-vous l'accord ?

J'ai pas la moindre notion du temps dans ce putain de taudis mais ça commence à devenir long. Si Lys était dehors, il y aurait déjà eu du mouvement.

Je serai prêt à tout pour elle.

Signer ce foutu papier en fait partie, même si ça me condamnerait. Même si ça signifie détruire tout ce que j'ai saigné à construire ici.

Le truc, c'est que l'officier est suffisamment maline pour l'avoir compris.

Faut que j'en sois certain.

- J'ai droit à un avocat avant de me décider non ?

Elle se redresse en prenant une mine sévère qui trahit sa contrariété.

- J'ignore à quoi vous jouez depuis votre arrivée ici mais vous nous faites perdre notre temps. Sachez que ma proposition a une échéance, déclare-t-elle.

- Vous croyez pas que je vais signer n'importe quoi ? répartis-je avec un rire sarcastique en m'affalant sur la chaise. Je suis pas stupide.

- Non, c'est certain. Vous ne l'êtes pas.

La porte s'ouvre brusquement, résonnant dans la salle d'interrogatoire. Un flic débarque.

Elle le dévisage mais, avant qu'elle n'ait le temps de faire une remarque, il est dépassé par un autre homme en costume. Je le reconnais à sa simple démarche pleine de suffisance.

- Maître COLLET, se présente-t-il en entrant dans la pièce. Nous retiendrons votre opposition à ce que mon client me contacte.

- Comment saviez-vous où le trouver s'il ne vous a pas contacté ? réplique Lefebvre en me décochant un regard.

L'avocat continue en ignorant sa remarque.

- Mon client ne signera pas quoi que ce soit avant que je ne puisse m'entretenir seul avec lui.

L'officier lève les yeux au ciel avec agacement avant de quitter sa chaise.

- Il est à vous, cède-t-elle en s'éloignant pour sortir.

- La caméra, dis-je.

Ma voix résonne dans un silence pesant. Elle se tourne pour me faire face et je désigne l'objectif pointé sur moi dans un coin du plafond. Elle serre les dents.

- Débranchez tout, lâche-t-elle à l'homme près de la porte.

Il s'exécute. L'équipier qui était resté immobile dans un coin de la salle s'empresse de l'aider.

Après que tout le monde soit sorti, l'avocat approche. Il s'installe en face, à la place de l'officier. Je me penche pour m'adresser à lui d'une voix basse.

- T'en as mis du temps.

- Veuillez m'excuser, j'étais à l'autre bout de la ville quand votre épouse m'a contacté.

Il dépose sa mallette sur le sol avant de croiser les jambes. Je ferme les yeux en étouffant un soupir de soulagement.

- Lys va bien ?

- Je l'ignore. Elle a uniquement affirmé se charger du problème de témoignage.

Je le fixe, interpellé par ce qu'il vient de dire.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant