65- La rage

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- Lys -

J'émerge doucement, réveillée par la douleur lancinante qui me prend à la tête. La première chose que je sens est le contact glacial du plastique sous mon corps. Ma respiration accélère. Je me cogne le front en essayant de me lever avec sursaut.

Mes mains sont attachées et je sens l'adhésion parfaite du scotch sur ma bouche. Impossible de me redresser ou de prononcer un mot.

Les mouvements réguliers et le bruit du moteur me laissent deviner que je suis dans une voiture. Quand mes yeux s'habituent à l'obscurité, je vois plus clairement l'endroit, probablement le coffre d'un suv.

Chaque détail que je réalise ne fait que m'effrayer davantage.

Je sens la panique coloniser mes organes. Il y a d'abord mon cœur qui échappe brusquement à mon contrôle, puis les sueurs froides et la sensation de suffoquer à cause du ruban adhésif.

Ma mémoire m'envoie les derniers évènements en coup de flash. Eve qui me parle de Nonna avant de se lever pour chercher à boire, quelqu'un qui surgit brusquement dans mon dos pour m'étouffer et enfin la crosse d'une arme qui approche dangereusement de ma tête. C'est de là que viennent les courants électriques qui traversent mon crâne, une douleur à peine supportable.

Un son qui ressemble vaguement à celui d'une voix résonne dans le suv. Je tente de calmer ma respiration bruyante pour entendre.

- Stiamo lasciando la Campania, non potranno più trovarci adesso.

C'est un homme, il parle italien.

J'ignore combien de temps je suis restée inconsciente mais j'ai reconnu le nom de la région lorsqu'il a parlé, nous ne sommes probablement même plus à Napule.

Qui sont-ils ? Pourquoi m'ont-ils enlevé ?

Je pense à Esteban. Il a déjà dû remarquer ma disparition mais comment pourrait-il me retrouver si nous avons quitté la ville ?

J'hyperventile.

Il faut que je me calme au risque d'être rapidement en manque d'oxygène.

Je ferme les yeux et ralentis mon souffle.

Je dois trouver un moyen de me libérer.

Je regarde autour de moi, encore et encore, avant de réaliser qu'il n'y a rien à voir. Le coffre est vide.

En essayant de remuer, quelque chose m'éraille la main. Je tâte un coin fissuré du tapis en plastique rigide. C'est léger mais ça pourrait suffire pour créer une entaille dans le scotch qui entoure mes poignets.

Je frotte les liens à cet endroit. Cela prend plus de temps que je ne l'aurais pensé mais, lorsque j'écarte les mains avec force, le scotch termine par céder. Je le jette à mes pieds et retire immédiatement celui sur ma bouche. L'adhésif m'arrache presque les lèvres.

J'inspire un grand coup en regardant autour de moi.

Il n'y a que deux façons de sortir d'un coffre depuis l'intérieur : soit à l'aide d'un levier, soit en tirant sur le câble d'ouverture.

Comment est-ce que je sais une chose pareille ?

Je me suis jouée tous les scenarios d'enlèvement le lendemain de ma rencontre avec Esteban. Je redoutais qu'il surgisse à n'importe quel instant pour me tuer de n'importe quelle manière.

J'exclus la technique du levier d'ouverture. Bien que j'en ai placé un dans mon ancienne voiture, ils n'auraient pas fait une chose aussi stupide de leur côté.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant