49- La confiance

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- Esteban -

Je la regarde dormir contre moi. Sa poitrine se soulève à chacune de ses inspirations et son souffle chaud cogne contre mon torse.

Le seul putain de paradis auquel j'aurais droit.

Malgré la douche, ses cheveux blonds sentent encore la vanille. Elle gémit quand je repousse la mèche sur son visage et je me souviens du son qu'elle émettait la veille, dans une position légèrement différente et plus qu'éveillée.

Elle ouvre les yeux en se réfugiant dans mon ombre pour éviter les rayons du soleil. Son expression déphasée m'arrache un sourire. Faut dire que pas mal de choses ont changé depuis hier.

- Combien de temps est-ce que j'ai dormi ?

Elle tend le bras à la recherche de son téléphone mais je l'attrape.

- On s'en fou.

- Je dois aller travailler. Ce serait bizarre si je n'y vais pas après ce qu'il s'est passé hier...

Bien qu'elle fasse allusion à la mort du flic, ses joues qui prennent en couleur trahissent une autre pensée. Méchamment adorable mais elle n'a pas tord.

Ses yeux s'arrêtent sur ma main autour de son bras et son regard change. Son pouce caresse l'hématome encore vif autour des plaies qui creusent mes phalanges. Malgré la douleur, je l'arrête pas.

- Comment allons-nous faire pour l'argent ? demande-t-elle.

- Quel argent ?

- Le mien, celui que Liam a pris dans mon appartement. La brigade doit en avoir la possession maintenant.

Ce nom m'irrite. Je retire ma main et soupire en me laissant retomber sur le dos.

- C'était des vrais billets, ils sont intraçables. Les Stups pourront rien en faire.

Un silence s'installe. Lys ne bouge pas.

Quand je tourne la tête, je la vois se mordre la lèvre, le regard dans le vide.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Elle me regarde avec une surprise qui efface aussitôt l'expression précédente.

- R-rien, bégaie-t-elle.

- Fais pas ça.

- Faire quoi ?

- J'aime pas quand tu me caches un truc.

- Je ne te cache rien, c'est juste que...

Elle prend une inspiration et s'enfonce dans les draps. Ils vont encore sentir son odeur pendant plusieurs jours.

- Je me sens stupide d'avoir cru en Liam, murmure-t-elle doucement. Je me suis faite avoir si facilement.

La tristesse sur son visage me donne envie de le tuer une seconde fois.

- Tu lui as dit quelque chose ?

- Non. Enfin, excepté que mon père était mort récemment mais je ne me suis pas étendue sur le sujet.

- Alors tu t'es pas faite avoir. Mais tu devrais arrêter d'accorder ta confiance aussi facilement. Les gens trop gentils sont rarement sincères.

Le coin de ses lèvres s'enfonce dans ses joues en un sourire volontairement mal masqué.

- C'est certain que tu ne fais pas parti de ces gens-là.

Je l'observe, essayant d'identifier s'il s'agit d'un compliment ou d'une critique.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant