69- La méfiance

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Esteban – 

Lys m'observe depuis le lit quand je sors de la douche. Elle passe ses mains dans les cheveux pour les ramasser vers l'arrière.

Le drap tombe en révélant son soutien-gorge, assorti à la jarretière blanche qui entoure sa cuisse comme une parfaite nouvelle mariée. J'aurais pas rêvé meilleure surprise en rentrant de l'aéroport.

— J'ignore comment tu fais pour te lever aussi tôt... soupire-t-elle en s'asseyant. Il était presque trois heures quand on s'est endormi.

J'hausse les épaules en approchant.

— J'aime pas reporter quelque chose à faire.

Un gémissement sort de sa bouche quand je l'embrasse. Si j'avais une âme, ce son se réfugierait directement à l'intérieur.

Mes yeux s'arrêtent alors sur sa poitrine. Ma raison menace de me quitter mais je lutte pour la retrouver.

— Je regrette presque Monaco, murmure-t-elle avec un léger sourire. Je n'aurai eu aucun remord à te faire revenir dans le lit.

Un rire m'échappe. Je suis grillé.

— Je me débarrasse de ton appartement aujourd'hui.

— Et mes affaires ? s'exclame-t-elle surprise.

— T'as tout ce qu'il te faut ici non ?

— Oui mais... Je voudrais quand même récupérer quelques papiers et des objets personnels.

Si j'avais pu, j'aurais mis feu à cet appartement. Il contient bien trop de preuves et il a été fouillé par les flics. Mais va falloir procéder à un nettoyage de toute façon.

— J'enverrai des gars pour t'aider mais ne garde que l'essentiel. Si un truc te manque ici, il vaut mieux le racheter.

Elle hoche la tête.

— Tu peux gérer l'hôtel de vente à distance avec ton téléphone ?

— La secrétaire devra me scanner quelques papiers mais oui, je suppose. J'ai juste besoin de l'ordinateur que je laisse au bureau, il contient toutes les données comptables.

— Je vais te le chercher. Reste-là aujourd'hui, tu t'occuperas de l'appartement.

Elle baisse les yeux en réfléchissant.

— Je vais peut-être faire ça, tu as raison...

Elle se laisse retomber sur les coussins. Je sors de la chambre en faisant un rapide arrêt par la cuisine. Tout le monde dort à cette heure.

Je lance la cafetière et appelle Nonna.

C'est Isabella qui a accompagné Stella dans le jet hier, je sais toujours pas si elle a bien atterri.

Pronto Esteban. (allô)

Madre è a casa sana e salva? (Mère est bien rentrée ?)

Sì, il volo è andato bene. (le vol s'est bien passé.)

Je sors la tasse de la cafetière.

— Ça avance avec les Visconti ?

— Ils ont l'armée de leur côté, Esteban. Cela fait déjà un moment qu'on essaie, tu sais que ce ne sera pas facile. Il va falloir être patient.

Je me mords la langue. Elle a raison, c'est ce qui m'enrage.

Comme sta Lys? demande-t-elle (Comment va Lys ?)

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant