30- La gratitude

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- Lys -

J'ouvre les yeux à la vitesse avec laquelle je tente de déchiffrer le souffle fort qui me réveille, c'est-à-dire assez lentement. La texture douce des draps en soie me rappelle l'endroit où je suis avant même que mes pupilles ne se fassent à la luminosité.

Une fenêtre au plafond me paraissait une bien meilleure idée la nuit. Qu'est-ce que le soleil tape fort...

En apercevant le lit vide près de moi, je me tourne de l'autre côté. Je tombe nez à nez sur Esteban assis sur le fauteuil d'en face.

Comme si je ne m'attendais pas à le voir ici, alors que c'est en réalité moi qui suis actuellement dans son lit, mon visage s'éveille soudainement et je passe une main dans mes cheveux pour les arranger discrètement.

Je mets un certain temps à réaliser qu'il ne m'a pas vu remuer. Il est assis presque nu, les deux mains posées sur une barre métallique qu'il tient horizontalement.

Ses biceps se contractent et ses pectoraux se gonflent lorsqu'il approche l'objet de sa jambe gauche tendue. Il appuie sur sa chair avec force et laisse glisser la barre le long de ses muscles en fronçant les sourcils. On dirait un genre de... technique de désensibilisation à la douleur. C'est à la fois terrifiant, affreux et étrangement impressionnant.

- Alors c'est ça ton rituel matinal ? murmuré-je en continuant de le regarder.

Il s'arrête aussitôt en levant la tête. Ses yeux mettent dix bonnes secondes à me détailler au milieu des draps, tant que j'ai la sensation d'être prise en photo. Je tire la couverture pour me couvrir un peu plus en lui arrachant un sourire.

- T'es enfin réveillée, termine-t-il par souffler.

Il pose la barre près du fauteuil en cuir noir et se lève pour s'approcher du lit. A l'inverse de ma réaction avec la couverture, il me laisse savourer la vue de tout son corps enfermé dans un simple boxer noir qui ne suffit même pas à couvrir la forme de ce qu'il contient. Je me mords inconsciemment la lèvre avant de détourner les yeux lorsqu'il arrive près de moi.

Il se penche au-dessus de ma tête. Je me sens soudainement noyée dans ses iris sombres.

- Je commençais à me demander si je devais pas réaliser ton joli p'tit rêve pour que t'ouvres les yeux, ajoute-t-il d'une voix grave.

Mes joues s'embrasent tandis qu'il attrape son pantalon au sol avant de se redresser.

- Quel rêve ?

Il enfile son jean dans un sourire taquin qui me fait serrer les dents. Il ouvre ensuite une porte coulissante en miroir qui révèle une immense penderie pleine de chemises et autres vêtements. Il retire l'une d'elle qu'il enfile rapidement, laissant toujours le haut de son col déboutonné.

- Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles, repris-je en ruminant.

- Vraiment pas, Lys ? demande-t-il d'une voix d'autant plus amusée.

Mon nom entre ses lèvres fait bondir mon cœur. Sans doute parce qu'il ne m'appelle que par des surnoms ridicules habituellement.

Il continue de remuer aussi légèrement qu'un souffle pendant que je suis en proie à mes doutes.

Qu'est-ce qu'il entend par là ? Aurai-je gémit pendant la nuit ?

Ai-je dis quelque chose comme... son nom ?

Je remue la tête pour éjecter toutes ces pensées qu'il a volontairement plantées dans mon esprit.

- Ton père, c'est bien Arthur Daunely ? demande-t-il d'un ton soudainement plus sérieux.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant