35- La douleur

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- Esteban -

Je sors de la loge du Pandémonium, au premier étage du club, accompagné de deux de mes hommes qui portent une partie de l'argent blanchi.

Stella est partie se coucher tôt d'elle-même. Elle m'a donné son aval pour retourner travailler à plusieurs reprises mais je voulais la sentir en sécurité, à l'écart de l'accident.

Je lui ai promis de passer la journée avec elle mais j'ai pas arrêté de regarder mon téléphone en attente de nouvelles sur Lys ou sur la nature de la fusillade. Elle a dû sentir que quelque chose n'allait pas.

Lys a vite été prise en charge par les urgences puis les autorités. En revanche, pour les informations concernant cette putain d'attaque, ça a pris plus de temps.

Il n'y a aucun doute sur le fait qu'Arthur Daunely était la cible. Donc ces hommes savaient exactement où et quand le trouver. Pourtant, j'ai la garantie que le procureur n'a parlé à personne de la réouverture du dossier, la fuite provient donc de la prison.

Tout me pousse à croire qu'un autre cartel est impliqué. A en juger par le type de véhicule, d'armes et de balles relevés dans le compte rendu de la police, je soupçonne les russes.

Bordel, qui était vraiment Arthur et comment un truc pareil a pu m'échapper ?

Les russes sont réputés pour les crimes de sang. Le lien le plus probable est donc la raison même de son arrestation : l'assassinat du gars de la station-service. Il lui resterait de la famille en ville, malheureusement avec la réouverture de l'enquête et la mort du principal accusé, les approcher sans se faire repérer risque d'être aussi délicat que jouer au funambule.

Les vibrations assourdissantes de la musique diffusent depuis la salle principale en me tapant sur les nerfs.

Je check mon téléphone d'un geste automatique. Le dernier message au sujet de Lys apparaît en grand sur l'écran :

« Essa ne è a pandemonio. » ("elle est au Pandémonium")

J'expire bruyamment l'air contenu dans mes poumons avant de rédiger une réponse rapide :

« Ma stai scherzando ? » ("tu te fous de moi")

Une seconde plus tard, je reçois une photo. C'est bien elle.

Bordel, qu'est-ce qu'elle fabrique ?

Comme toute personne censée, je m'attendais à ce qu'elle retourne chez elle après l'interrogatoire, qu'elle n'en ressorte plus jusqu'à ce que je doive moi-même l'extirper de là.

Pourtant, je la retrouve au bar, un cocktail à la main ?

Elle arrive encore à me surprendre, un putain de don. Comment peut-elle être aussi réfléchie et incontrôlable à la fois ?

Je balaye le rez-de-chaussée du regard. Une foule de gens est amassée sur la piste de danse, remuant sur la musique. Plus loin, le bar rassemble un autre tas d'individus.

La robe à strass violettes de Lys se démarque rapidement. Elle parle avec l'un d'entre eux.

C'est qui ce gars ?

Mes hommes sont arrêtés derrière moi, alertes au moindre mouvement pour suivre.

- Déposez ça à l'entrepôt.

Ils hochent la tête et me devancent pour sortir. De mon côté, j'emprunte l'escalier qui mène au nightclub.

Les gens s'écartent à ma simple démarche. La colère augmente à mesure que le visage de Lys, souriant à l'autre homme, se dessine plus clairement.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant