61 - L'impétuosité

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- Lys -

Les minutes s'écoulent à mesure que nous nous éloignons de la ville. Esteban quitte la voie rapide et emprunte une route au milieu de nulle part.

Je sors ma main de la vitre pour caresser l'air encore chaud de la journée alors que le soleil commence à tomber. L'endroit est désert depuis un moment, c'est comme si nous étions seuls sur toute la région.

Il finit par se garer dans une aire de parking vide au pied d'une montagne. Je regarde l'immense colline que forme la roche à travers le parebrise. Etonnement, il n'y a aucun arbre et son sommet paraît presque aride.

Esteban arrête le moteur.

- Où sommes-nous ?

- Tu reconnaîtras quand on arrivera en haut.

- Comment ça en haut ?

Son sourire lorsqu'il ouvre ma portière ne fait que m'irriter d'avantage.

- Attends, je ne vais pas faire de la randonnée comme ça. Tu as vu ma tenue ?

- Je t'avais dit de mettre un jean.

Je serre les dents. Ses biceps se contractent sous sa chemise lorsqu'il plie le bras pour le poser sur la portière, attendant que je sorte. C'est le genre de moment où je fantasme de lui sauter au cou, pour l'embrasser et l'étrangler à la fois.

Mon talon s'enfonce dans la terre molle en faisant grimper ma tension d'un cran.

- Rappelle-moi pourquoi est-ce que je ne t'ai pas tué ?

- Parce que je suis parfait ?

- Physiquement.

- Ça me suffit quand ça sort de cette jolie bouche.

Je me lève et le devance sans le regarder, avançant vers la sortie du parking en essayant d'éviter les pierres et les irrégularités du sol.

Les premiers mètres sont simples, un sentier tout tracé nous guide pour monter. Je soupire avec une lassitude anticipée lorsque nous arrivons au pied d'un escalier interminable.

- Je peux te porter, murmure Esteban à mon dos.

- Ça ira, je peux monter quelques marches.

Bien trop fière pour me laisser approcher, je franchis la première marche en me servant de la faible corde comme rambarde pour garder l'équilibre.

Le paysage splendide suffit à me distraire du reste à monter. A mesure que nous avançons, la vue gagne en panoramique. Le coucher de soleil recouvre l'immense plaine d'un voile doré.

Esteban ralenti pour se maintenir à mon niveau.

- Tu as entendu toute la conversation avec Stella ce soir-là, n'est-ce pas ?

Il esquisse un sourire amusé.

- Ouais.

- Elle est tellement adorable que je n'arrive même pas à lui en vouloir.

Je lui adresse un regard noir.

- En revanche, je n'ai pas la même peine pour toi.

- Tu me trouves pas assez adorable ?

- Adorable ne fait certainement pas parti des adjectifs capable de te qualifier.

Il étouffe un rire, très loin d'être blessé par ma remarque. Je sens les muscles de mes jambes tirer affreusement et mon souffle se fait court. Cela fait déjà un moment que nous marchons, je commence à fatiguer à cause des talons.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant