Le goût du crime

24- Le désir

– Lys –

Les premiers rayons de soleil qui atteignent le lit m'éveillent. Je me tourne pour éviter la fenêtre et ferme les yeux quand je tombe sur une silhouette sombre, endormie près de moi. J'ai un léger un sursaut. 

Il est vraiment venu, ce n'était pas un rêve...

Je regarde l'heure, encore sonnée. Avec le temps que j'ai mis à m'assoupir, je n'ai pas beaucoup dormi. Le voir dans cet état m'a fait l'effet d'un choc. Lui doit avoir l'habitude...

Je me souviens l'avoir entendu gémir de douleur à plusieurs reprises pendant son sommeil. Ça semble s'être calmé. Même l'expression sur son visage s'est adoucie.

Je ne l'ai jamais vu aussi vulnérable. Lui qui ne supporte pas qu'on le touche, il est allé jusqu'à me laisser le déshabiller la veille. J'ai la sensation qu'une barrière s'est brisée.

Pourquoi cela me fait-il autant plaisir ?

Je m'étais jurée de tout arrêter pendant ces deux affreuses semaines mais il suffit qu'il réapparaisse pour que ma détermination s'échappe aussi vite.

Que signifie son "merci" ? Que ma vie n'est plus en jeu ?

Que si je continuais de blanchir de l'argent, il me considérerait enfin comme son associée ?

Je remue la tête pour me sortir ces idées de l'esprit. En revanche, je ne peux pas empêcher mes yeux de courir sur son torse divisé par les bandages. Il est sacrément bien foutu, c'est le cas de le dire. A présent, je sais d'où lui vient cette force.

Et ses tatouages...

Je n'aurai pas cru apprécier autant cela. Ce côté menaçant et inaccessible me donne juste envie de l'approcher davantage.

Au fond, c'est lui le danger le proche à cet instant.

Son ventre se gonfle en inspirant. Je l'effleure avec mon index. C'est comme si toute son histoire était racontée sur ses muscles à travers ces symboles, dommage que je ne comprenne qu'un d'entre eux.

Je retrace les contours hypnotisant du trident quand j'aperçois son bras droit remuer. Je retire ma main avant qu'il n'ait le temps de la saisir. Ses yeux ouverts plongent dans les miens.

— Tu vas mieux ?

Il hoche la tête. Je regarde à nouveau son torse avant de poser la paume de ma main au centre de son plexus. Cette fois, il n'essaie pas de m'arrêter.

— C'est le symbole des Musinato ? C'est donc ça qu'il me manque pour être différente ?

Il passe une main dans ses cheveux pour les retirer vers l'arrière. Tous les gestes qu'il effectue me paraissent d'une virilité hors norme. Comme si c'était le premier homme que je voyais.

— Stella est trop bavarde, se contente-t-il de répondre avec une voix brisée par le sommeil.

— Tu ne l'es pas assez.

Il sourit en regardant ailleurs. Et, comme chacune des rares fois où ça s'est produit sincèrement, je me sens fondre.

Dans l'intention de calmer mon cœur, je me redresse pour examiner son épaule. Je regrette vite lorsque je croise ses iris sombres à quelques centimètres des miens, la distance se trouvant réduite par mon mouvement.

— Ça ne s'est pas rouvert pendant la nuit ?

— T'en fais pas, répond-t-il sans remuer.

— Qui est-ce qui t'a soigné ?