50- L'amertume

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– Lys –

J'arrête la Mercedes sur la place réservée avant de jeter un œil à mon téléphone. Deux appels manqués d'Ambre s'affichent sur l'écran. Le détour par chez moi a pris légèrement plus de temps que prévu.

A vrai dire, j'appréhendais de me rendre à l'appartement après la veille. Je m'attendais à le revoir dans l'état où Liam l'avait mis, avec peut-être même des traces de l'intervention d'Esteban. Néanmoins, il n'y avait rien de tout cela. Il était exactement comme je l'ai laissé en partant pour l'Italie, les hommes d'Esteban ont fait un sacré travail.

Je soupire et m'adosse à mon siège en lâchant le volant.

Tout est différent maintenant. Pour lui aussi, je le sens lorsqu'il me touche. Ses gestes ont changé, ils sont plus... possessifs, presque protecteurs malgré sa violence.

Mon cœur relance au souvenir de la sensation. Je lui ai dit que je n'ai jamais fait confiance à quelqu'un comme je lui fais confiance. En réalité, c'est à autre chose que je pensais.

Un sentiment indescriptible, bien au-delà et tellement plus destructeur. Le genre qui m'a poussé à sombrer alors que j'étais déjà au bord du précipice.

Je le réalise maintenant. Et si Esteban disparaissait un jour ? Qu'est-ce que je deviendrai ?

Certes, j'aurai mon travail, ma liberté...

Mais à quoi bon ?

Tout cela me semble tellement insignifiant à présent.

Ce n'est pas comme si j'exagérai en envisageant le pire. Il salue la mort tous les jours avec ce qu'il fait.

Le vibreur de mon téléphone résonne contre ma cuisse. C'est encore Ambre, je me demande ce qu'elle a.

J'attrape mon sac et quitte la voiture. En grimpant les marches qui mènent à l'hôtel de vente, j'aperçois sa silhouette à travers les grandes portes vitrées du hall.

Elle se tourne et son regard s'illumine en croisant le mien. Sans attendre que je la rejoigne, elle sort avec précipitation. Ses mouvements rythmés de panique commencent à me contaminer. Je me dis que j'aurais sans doute dû répondre à ses appels.

- Lys, je n'ai pas arrêté de t'appeler. Où étais-tu ?

Sa voix est tremblante. Mon cœur accélère sous la tension.

- J'étais en chemin. Que se passe-t-il ?

- Les inspecteurs-

Ce mot remue mon âme. Je la coupe avant qu'elle ne poursuive.

- Quels inspecteurs ?

- Ceux de la DGFiP, ils sont arrivés ce matin. Tu n'as pas été prévenue d'un contrôle fiscal ? demande-t-elle surprise.

- Non, je n'ai rien reçu.

Les finances publiques doivent prévenir avant toute intervention, un contrôle fiscal est rarement systématique. Autrement dit, leur présence ici cache certainement quelque chose.

- J'ai essayé de te prévenir, j'ai peur qu'avec... Enfin tu sais. Je ne sais même pas ce que je risque avec tout ça, Lys. Je... Je ne veux vraiment pas finir en prison. Que se passe-t-il exactement ?

Ses yeux brillant d'inquiétude s'arrêtent sur les miens à la recherche d'un soutien. Je me force à esquisser un sourire.

- Ne t'en fais pas.

J'entre brusquement dans le hall, appelle l'ascenseur et fonce au secrétariat général en attendant son arrivée. La secrétaire, entourée d'une dizaine d'autres employés, me regarde aussitôt.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant