53- La confusion

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Lys

Depuis combien de temps suis-je ici ?

Je fixe l'ampoule grillée qui continue de clignoter.

Je soupire.

Sur les vingt-quatre heures de détention, je dirais qu'il y en a au moins six qui se sont écoulées. Plusieurs heures enfermée dans quatre mètres carré de béton gris avec un silence mort si ce n'est le foutu cliquetis de cette lumière.

Je me demande combien de temps Esteban mettra avant de se rendre compte de mon absence.

Je me redresse sur ma chaise en regardant une énième fois autour de moi. Si cette attente est censée me faire angoisser, c'est un échec. Je suis lasse. Mais il est vrai que l'idée de me retrouver dans une cellule pire que celle-ci commence à s'instaurer de plus en plus concrètement dans mon esprit.

J'ai fait échapper mon père, je me retrouve enfermée à sa place. La boucle sera bouclée.

Esteban va péter un câble.

Je remue du pied. Cette fois, j'angoisse. Pas pour moi, mais pour la réaction qu'il serait capable d'avoir.

J'ai pensé au fisc mais mon arrestation est survenue bien trop rapidement pour que ce soit eux. En revanche, il y a bien quelque chose qui s'est passé récemment. Une chose à laquelle je suis liée sans aucun doute et qui est suffisamment grave pour que cela justifie une intervention de cette taille.

- Lys Daunely, soupire une voix sévère.

Je lève la tête et tombe sur l'officier de police qui referme la porte. Cheveux noirs amassés dans un chignon, peau légèrement hâlée...

- J'espérais sincèrement ne plus vous revoir, ajoute-t-elle en tirant une chaise pour s'asseoir.

Le son grince plus affreusement que l'ampoule.

- Pourquoi suis-je ici ?

- Je vous laisse me le dire, réplique-t-elle.

- Vos agents ne m'ont pas laissé choix. Est-ce vraiment utile ?

Je jette un œil aux menottes qui m'attachent au centre de la table. Mes bras commencent à être douloureux et ces idiots ont trop serrés les bracelets. Esteban les manie bien mieux, ce qui est assez ironique en y pensant.

- L'agent Lopez est porté disparu.

Je fronce des sourcils d'un air perplexe.

- Pardon, vous le connaissiez sous le nom de Liam n'est-ce pas ?

Ma mâchoire se serre au point où je sens mes dents s'y enfoncer. Cette fois, elle a toute mon attention.

- Savez-vous où il a été localisé pour la dernière fois ? demande-t-elle.

Mon cœur s'emballe. Je fixe la table en silence et me repasse les derniers évènements, essayant de ne pas oublier un détail qui pourrait se retourner contre moi.

Je me souviens de mon appel, celui où je lui demandais de venir à l'appartement.

- En Russie.

Je lève les yeux avec surprise. Lorsque je constate son visage tout à fait sérieux, il me faut tout l'effort du monde pour masquer un sourire.

Bon sang, Esteban tu es un génie.

- En quoi cela me concerne-t-il ?

- Avant d'être injoignable, il nous a confié une information. Le genre qui donne un sens très clair à l'origine de sa disparition.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant