59- La séduction

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Esteban

Carlo est posté devant le manoir, attendant de me faire son rapport pour partir.

Avant même que je n'entre, l'odeur qui diffuse jusqu'à la porte m'indique la cuisine. Depuis que Stella s'est découvert une passion pour ça, je l'y trouve tous les soirs avec Alba.

Pourtant, cette fois, Alba est seule dans le salon.

Elle s'incline pour me saluer avant d'allumer la cheminée. Je trace, guidé par le rire de Stella qui provient toujours de la pièce à côté.

Mon épaule droite s'appuie contre le cadran en savourant la vue magnifique que m'offrent les fesses de Lys, penchée en train d'examiner l'intérieur du four. Elle a fini par mettre ce que j'ai pris.

Carlo n'a pas précisé qu'elle était là. Il l'aurait fait en temps normal, j'ai donc conclu qu'elle ne m'avait pas écouté. Même lui s'habitue à sa présence.

La première à se retourner est Stella. Elle me regarde avec de grands yeux puis, plutôt que me saluer ou avertir Lys, fait mine de n'avoir rien remarqué.

— Lys, murmure-t-elle, je peux te poser une question ?

— Bien sûr. Je te l'ai dit, tu n'as aucune raison d'être embarrassée avec moi !

— Qu'est-ce qui te plaît chez papà ?

Je croise les bras et mes lèvres prennent doucement la forme d'un sourire. Je sais pas à quoi elle joue mais ça pourrait vite me plaire.

— P-pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?

Lys se tourne sensiblement, juste assez pour adresser un regard à Stella qui approche du four pour pas me griller.

— Je me demandais juste... comment on sait quand on est amoureuse ?

— Eh bien... Je suppose que c'est quand on aime une personne pour plusieurs choses mais qu'en même temps on ne sait pas vraiment pourquoi...

— Mais si on ne sait pas pourquoi alors comment on peut savoir qu'on l'aime ?

Lys ferme le four et recule jusqu'à s'appuyer contre l'îlot central, les yeux rivés sur Stella en face. Elle tient encore la fourchette qu'elle vient d'enfoncer dans la pâte pour vérifier la cuisson. Je voudrais me trouver entre elle et le marbre qui soutient son cul.

Je bouge pour m'avancer quand elle brise le silence.

— Parce qu'il nous fait ressentir des sentiments qu'on ne sentait pas avant et qu'on aimerait que ça dure éternellement... Et puis, tu verras, quand certaines choses te plairont chez quelqu'un ce sera toujours ce qui te viendra en premier quand tu penseras à cette personne. Par exemple, je trouve que ton père a des valeurs et j'aime beaucoup ça. Je n'ai jamais connu quelqu'un d'aussi perspicace et intelligent. Et le simple fait qu'il soit prêt à tout pour nous protéger suffit pour que je me sente en sécurité. Enfin, tu vois ?

Je reste immobile, fixant Lys qui se lève pour ouvrir le four avec le seul désir de la manger, elle.

Stella pose ses paumes sur le bord de l'évier et se porte pour s'y asseoir. Elle bat des pieds dans l'air pendant que Lys vérifie une nouvelle fois la cuisson.

— Et physiquement ?

— De côté-là, il est parfait. Tout comme toi d'ailleurs, rit-elle.

Stella m'adresse un sourire malicieux auquel je réponds par un clin d'œil.

Je me mords la langue avec satisfaction, observant Lys qui dépose sa fourchette sur le rebord. Le faible peignoir en soie qui la couvre remonte en haut de ses cuisses quand elle se penche pour retirer le plateau. Ma mémoire comble le reste.

Le goût du crimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant