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Bittersweet Faith - Bitter:Sweet

N'étant pas certaine que la remarque me soit destinée, j'esquissai un demi-tour prudent. Je tressaillis quand mon regard se posa sur le propriétaire de la voix en question, adossé à la sculpture monumentale. Des gouttes de pluie dégoulinaient de ses cheveux noir de jais à son visage, jusqu'à disparaitre derrière le tissu de sa chemise.

— Vous avez vu le temps ? continua-t-il, ses yeux noisette braqués dans ma direction.

Il s'adressait bien à moi. Et pas avec la morgue dont auraient certainement fait preuve ceux qui nous épiaient, maintenant sidérés. Il paraissait plutôt amusé par mon audace.

— Étant donné que je ne suis pas encore aveugle... répliquai-je sur la défensive.

Il arbora soudain un sourire ravageur, et je me sentis fondre plus vite qu'un glaçon abandonné aux rayons brulants du soleil.

— Téméraire, dites-moi...

Pendant un instant, je crus qu'il faisait référence à ma façon impertinente de m'adresser à lui. Mais ensuite, je remarquai qu'il scrutait mon trench encore humide de manière éloquente.

— Pas autant que vous, visiblement, rétorquai-je alors.

Car si j'étais mouillée, lui en revanche était trempé. Ses cheveux gouttaient partout sur le marbre au sol. La veste qu'il tenait à la main était bonne à essorer, et sa chemise collait à son torse. Comme en plus elle était blanche, on devinait facilement ce qui se cachait en dessous. Pour le coup, ça n'avait pas l'air repoussant. Ça semblait même très prometteur...

— Nulle histoire passionnante derrière cette tenue débraillée, malheureusement. Je me suis simplement fait surprendre par la météo.

Le sourire de l'inconnu s'affirma, dévoilant presque entièrement sa dentition ultrabright. Encore une fois, c'était comme regarder le soleil en face, ça vous brulait les yeux.

J'enchainai alors, en roue libre.

— Sortie du bureau ?

En quoi sa vie pouvait me regarder ? Et encore moins m'intéresser ?!

C'était sans nul doute stupide, toutefois, tant qu'il gardait son attention sur moi, je ressentais le besoin irrépressible de déblatérer.

— Du restaurant, confia-t-il en déposant sa veste dégoulinante sur un coin recourbé de la sculpture.

Devant tant de désinvolture, j'étouffai une exclamation de stupeur. Je m'attendais à ce que, d'une seconde à l'autre, une armée de laquais surgisse et le roue de coups, ou qu'au moins des cris d'indignation s'élèvent...

Mais rien.

Rien du tout.

Personne ne s'émut de l'affront fait à l'œuvre d'art. Les employés avaient les yeux rivés à leurs écrans d'ordinateur, et les autres s'étaient... évaporés.

— Diner entre collègues ? repris-je de nouveau.

Une véritable logorrhée...

L'inconnu laissa échapper un éclat de rire, semblant trouver ma question drôle et absurde.

— Du tout.

Embarrassée par sa manière de repousser mes questions – et comment lui en vouloir ?! –, je jetai un coup d'œil à l'extérieur. Les bouches d'égout débordaient et les pneus des voitures se trouvaient à moitié ensevelies sous les eaux. La situation semblait empirer de minute en minute.

— Et si au lieu de braver les éléments, vous acceptiez de prendre un verre avec moi ?

En entendant la proposition, je fis volte-face. Il avait profité que je regarde ailleurs pour s'approcher de plusieurs pas.

Lips As Red As Hell [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant