Le mardi suivant, Petterson m'avait réservé une surprise. Pas spécifiquement à moi, d'ailleurs. À toute la classe. Notre première interro surprise de l'année.
Pour le coup, c'était vraiment un traitre ! Il avait eu mille fois le temps de m'avertir quand j'étais tombée sur lui, au sens littéral, le samedi matin. Au moins aurait-il pu m'envoyer un signe.
A moins que ça ne soit sa façon à lui de punir mon insolence ?
Je sais, je délirais sévère. Hypothèse plus crédible : il avait voulu que cette interro surprise garde son potentiel.... surprenant ! Logique, en somme.
De toute façon, il ne s'était agi que d'un rapide commentaire de texte et de quelques traductions rudimentaires. Je n'avais donc eu aucun mal à m'en sortir. S'il avait espéré me coincer, c'était raté.
J'avais passé la dernière heure de cours à me torturer sur la manière d'amener les choses concernant mon plan. Je n'étais toujours pas certaine de la formulation, mais dès que la sonnerie retentit, je ramassai très vite mes affaires et me levai. Mais... Petterson avait déjà filé. Sa chaise tournait encore sur elle-même.
Non, il n'en était pas question ! Je me jetai à sa poursuite, d'un pas déterminé.
— Eléonore, tu m'attends ?! s'écria Cassie derrière-moi.
Je jetai un regard par-dessus mon épaule. Elle fourrait ses stylos et vernis pêle-mêle dans son sac, l'air interloqué. Jamais elle ne m'avait vu décoller aussi vite de mon siège.
— Désolé, je suis pressée. J'ai un... truc à faire. On se capte plus tard.
Je souris, pas peu fière de mes progrès en langage lycéen. Cassie me dévisagea, suspicieuse.
J'accélérai avant qu'elle me rattrape. Dans le couloir je jetai un œil à droite, puis à gauche. Où avait-il pu aller ? Il était presque midi, l'heure du déjeuner. Jusque-là, je n'avais vu aucun enseignant au réfectoire. Soit ils mangeaient en salle des profs, et dans ce cas je devrais attendre un autre jour, soit... il me restait une chance.
Je décidai de la saisir et m'élançai dans le couloir. Au pas de course, je traversai la coursive menant au réfectoire, puis me dirigeai vers le hall où je vis Sally m'observer avec intérêt. Je lui tournai le dos et poussai les portes de l'entrée. Je dévalai les marches et repris un sprint jusqu'au parking. Et c'est là que je le trouvai, à côté de son Range Rover, portière ouverte.
— Monsieur Petterson, l'apostrophai-je essoufflée.
Je ralentis l'allure. J'avais déjà certainement l'air d'une pauvre fille avec mes joues rouges et mon front qui perlait. Inutile qu'il découvre en plus la manière dont je courrais avec des talons.
— Eléonore ?
On aurait dit qu'il avait envie de rire.
— Tu veux encore me rentrer dedans ? Si c'est le cas, il faut que je vérifie d'abord que je n'ai rien de dangereux sur moi que tu pourrais renverser ou casser.
Je me mordis la lèvre pour ne pas répondre à sa provocation mais je ne parvins pas à résister plus de deux secondes.
— La dernière fois, c'est vous qui avez failli casser mon téléphone.
— Et cette-fois, c'est toi qui risque de me tacher avec ta sueur.
Diable, qu'il était énervant. Je restai de marbre comme si ça ne me faisait rien qu'il évoque le fonctionnement effréné de mes glandes sudoripares.
— Ne comptez pas sur moi pour vous payer le pressing, rétorquai-je.
Il lança sa sacoche sur le siège passager puis s'appuya sur la portière pour me regarder. Un sourire en coin apparut sur ses lèvres.
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Lips As Red As Hell [TERMINÉ]
ParanormalQuand la Mort débarque au lycée... Figée dans ses vingt-et-un printemps depuis des siècles, Eléonore mène à San Francisco une vie seulement rythmée par son travail : faucher des âmes. Sa routine est aussi plate que l'encéphalogramme d'un cadavre et...