Fuck Art - The Guidance
Il n'y avait pas qu'avec les élèves que la situation stagnait en eau trouble. Durant les semaines qui s'étaient écoulées, David et moi étions allés d'avancés en reculades. À mon grand désarroi, nos conversations passionnées après les cours dans les couloirs déserts du lycée, n'avaient pas suffi à le faire dévier de sa ligne de conduite. Pas plus d'ailleurs que mes regards et postures équivoques. De quoi blesser mon orgueil.
Après un bref sursis, le taxi finit par ralentir puis s'arrêter sur le parking du lycée, mettant un terme à mes réflexions pitoyables. À regret, je réprimai l'envie de faire demi-tour et me jetai dans l'arène.
J'extirpai péniblement ma faux par le coffre. Si j'avais rêvé d'une arrivée discrète et élégante, c'était à présent fortement compromis. Plusieurs groupes d'élèves disséminés sur le parking s'étaient retournés vers moi. L'avantage, c'est qu'à cette heure, le gros de l'affluence se trouvait déjà dans l'enceinte du lycée. Parfois, le retard avait du bon...
Comme pour réfuter cette pensée sacrilège, Cassie bondit sur moi plus vite qu'un chat affamé sur une souris replète.
— Eh bah, c'est pas trop tôt !
Elle me tira par le bras pour m'entrainer vers le lieu des festivités.
— Désolé, j'ai un peu trainé, marmonnai-je, le regard fuyant.
Le lycée était méconnaissable. Les colonnes grecques de l'entrée, habituellement immaculées, étaient ce soir habillées de plantes grimpantes et de citrouilles illuminées. Un vidéoprojecteur, installé en bas des marches, se chargeait de diffuser sur la façade des extraits de L'exorciste. Pendant que Cassie me remontait sévèrement les bretelles, comme je m'y étais attendue, c'est la scène de l'escalier qui passait. J'adorais ce moment, la manière qu'avait la gamine de dévaler les escaliers sur le dos comme une araignée, je trouvais ça cocasse.
Mon sourire parut agacer Cassie. Elle me considéra de ses deux iris rouges.
— T'es déguisée en quoi au juste ?
Elle avait découvert deux canines plus longues et plus pointues qu'à l'ordinaire. Sa peau était presque aussi blanche que la mienne, et des trainées d'un liquide ressemblant à du sang partaient du coin de ses lèvres pour descendre jusqu'à son menton. Quant à sa robe, elle était... osée. Courte, et d'un rouge écarlate, elle disposait d'un corset noir lacé sur le devant qui faisait saillir sa poitrine. Une collerette en dentelle lui entourait le cou, ce qui n'avait pas franchement l'air confortable.
— Je suis vêtue de noir, j'ai une cape, une faux, je suis je suis... ?
— J'en sais rien moi, une paysanne fêlée ? Genre « Ingalls Psycho » ?
Je secouai la tête, atterrée.
— Regarde, je suis très blanche...
— Comme d'habitude, coupa-t-elle en pouffant cette fois.
Bon, c'est vrai, je n'avais pas eu à forcer le maquillage. C'était l'avantage d'incarner son propre personnage, je suppose.
— Je suis la Mort, m'agaçai-je.
Même avec tout cet attirail, elle n'était pas fichue de me reconnaître. Lasse, je retirai ma capuche.
— Original, concéda-t-elle en tachant de reprendre son sérieux.
Je levai les yeux au ciel pour lui signifier d'aller se faire voir.
— Et toi, arrête avec les vampires, ok ? C'est plus à la mode.
Elle renversa la tête en arrière, faisant virevolter sa chevelure comme dans une pub L'Oréal.
— C'est TOU-JOURS à la mode les vampires.
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Lips As Red As Hell [TERMINÉ]
МистикаQuand la Mort débarque au lycée... Figée dans ses vingt-et-un printemps depuis des siècles, Eléonore mène à San Francisco une vie seulement rythmée par son travail : faucher des âmes. Sa routine est aussi plate que l'encéphalogramme d'un cadavre et...