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Another Love - Tom Odell

— J'ai rencontré quelqu'un, dis-je d'une voix étonnamment assurée.

Il ne bougea pas d'un pouce.

— Et c'est sérieux, devina-t-il, placide.

— J'en ai bien peur.

Et c'était le cas, au sens propre. La situation me terrifiait véritablement. J'avais tâché de garder la tête froide jusqu'à maintenant, malgré ça, j'étais consciente de me trouver dans un cul-de-sac. David et moi avions surmonté un obstacle, sa maladie, mais un mur infranchissable se dressait devant nous : Clarke. Et depuis le temps que je côtoyais David, je n'étais pas parvenue à découvrir grand-chose, mis à part l'absence d'aura chez lui. Je ne savais toujours pas ce que cela signifiait, et j'avais encore moins d'idée concernant la manière dont on pourrait s'en sortir.

En repensant à tout ça, mes yeux se mirent à me picoter.

— Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Comme j'avais détourné le regard, je supposai que c'était mon reniflement qui m'avait trahie.

— Je suis désolée, lui dis-je. Vraiment. Je suis une personne horrible.

Il soupira. Lorsque j'aperçus son bras droit quitter sa jambe, je crus qu'il allait le poser sur mon épaule, mais il changea de trajectoire et alla se planter dans le sable derrière lui.

— Tu n'es pas une personne horrible, loin de là, m'assura-t-il alors qu'il avait pourtant toutes les raisons du monde de m'en vouloir.

Je levai mes yeux larmoyants au ciel. Il me renvoyait à la propre noirceur de mon âme.

— Bah voyons... Donc d'après toi, c'est parce que je suis une fille comme ça, dis-je en levant le pouce, que je me retrouve en enfer.

Mon intonation était à la fois contrariée et dépitée.

— Tu crois encore que les gens ici sont mauvais ? Waouh ! Tu as beaucoup d'estime pour Sarah à ce que je vois...

Soufflée par le ton cassant qu'il avait donné à son propos, je ne dis rien. Et aussi, parce qu'aussi difficile que ça soit à admettre, je me rendais compte qu'il avait raison. Sarah était la preuve vivante... enfin... la preuve morte, que des gens bien finissaient en enfer. Peut-être qu'atterrir ici n'était pas une si mauvaise chose après tout.

— Les bon croyants ne font pas les bonnes personnes.

Avec ses doigts, Cameron avait commencé à dessiner des cercles sur le sable.

— Si tu es ici, ce n'est pas parce que tu as commis quelque chose de mal, mais parce que tu t'es suicidée. C'est la règle : toute personne qui s'ôte la vie volontairement est acquise à l'enfer.

Intriguée, je me redressai et basculai mes épaules pour lui faire face.

— Et si je mourrais, disons, accidentellement, où est-ce que j'irais ? m'enquis-je en grimaçant.

En posant la question je venais soudain de réaliser que je n'avais encore jamais pensé à sonder mon aura. Inconsciemment, j'avais dû refouler l'idée pour ne pas avoir à affronter la réalité. Car même sans l'avoir vérifié de mes propres yeux, j'étais presque certaine qu'elle brillait d'un rouge profond. À tous les coups, ça devait se jouer entre le pourpre, le carmin et dans le meilleur des cas, le coquelicot. Pour ce que ça changerait...

Cameron inspira longuement, ennuyé d'avoir à tout m'expliquer. Il ne devait pas en avoir le cœur vu comment se passaient nos retrouvailles.

— Ça dépendrait de ce que tu désires. (Je plissai les yeux, pas sûre de comprendre.) En tant que Mort, tu bénéficies d'une sorte d'immunité diplomatique, et tu devrais le savoir. On ne peut pas t'imposer un camp.

Lips As Red As Hell [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant