Gramatik - Muy Tranquilo (DJ Vitamin D re-edit)
— Alors Elias a demandé à te voir ?
Lentement, j'opinai du chef, toujours pas remise de ma découverte.
— Le fourbe, il ne changera jamais. Il devrait pourtant savoir qu'utiliser des Morts à son profit risque d'engendrer de fâcheuses conséquences. Et pas que pour lui, ajouta Cameron en se penchant vers moi.
Il fit glisser son index le long de sa lèvre inférieure, et j'eus du mal à me concentrer.
— Laisse-moi deviner de quoi il retourne cette fois. Mission d'évangélisation dans l'ouest ? Ça l'a toujours agacé que la Californie penche de mon côté.
Sans prononcer un mot, je secouai la tête.
— Terrorisme alors ?
J'eus un mouvement de recul.
— Qu'est-ce que le terrorisme viendrait faire là-dedans ?
— Oh, les voies du seigneur sont impénétrables, je le crains. Alors ?
Cameron avait un air blasé, comme s'il était habitué à ce genre de roublardise.
— Rien dans ce goût-là.
— Je présume que tu ne comptes rien me dire, soupira-t-il en finissant son verre d'une traite.
— C'est exact, osai-je répondre.
Tout comme Clarke, Cameron détenait d'immenses pouvoirs. Il aurait pu mettre un terme à mon existence d'un seul battement de ses longs cils. Refuser de parler était un risque, mais trahir Clarke ne valait pas mieux. Mourir deviendrait une certitude.
Cameron inclina la tête, me jetant un regard pénétrant par en dessous.
— Comme tu voudras. Quoi qu'il en soit, je l'apprendrai tôt ou tard. D'une façon ou d'une autre...
Il s'était de nouveau penché en avant. Son souffle effleurait ma peau.
En guise de parade, je repris ma tasse. Elle trembla fort entre mes doigts.
— Tu as froid maintenant ? Ou c'est moi qui t'effraie ?
Pour être franche, je crois que c'était une combinaison des deux. J'avais froid parce qu'il m'effrayait. Je choisis toutefois de n'avouer que la raison la moins honteuse.
— Je commence à me refroidir, dis-je en tirant sur le haut de ma robe, toujours humide. On devrait y aller.
Cameron ne sembla pas particulièrement crédule, surtout que je m'étais plainte d'avoir chaud quelques minutes auparavant. Mais il paraissait avant tout frustré. Avec un tel physique, il ne devait pas avoir l'habitude qu'on lui fausse compagnie au beau milieu d'un rendez-vous.
Résigné, il se leva.
— Allons-y avant que tu attrapes... la mort !
J'approuvai d'un sourire gêné.
— Quel étage ? s'enquit-il quand nous montâmes dans l'ascenseur.
Mince, j'avais quel numéro déjà ? Je fouillai la poche droite de mon trench. J'en sortis la clé. Cameron l'attrapa au passage, l'examina puis me la rendit aussi vite.
— Tu as de la chance, c'est le meilleur étage.
— Ah bon ? Pourquoi ?
Ses yeux noisette se mirent à pétiller.
— Parce que c'est aussi le mien.
Il appuya sur le bouton soixante-six, puis sur celui de fermeture des portes. Les parois transparentes coulissèrent plus vite que la première fois. Comme si Cameron les avait ensorcelées. J'étais à présent coincée avec lui – Lucifer –, dans ce tube pas plus grand qu'une boite à chaussures. Je me pressai dans le coin pour éviter que nos corps n'entrent en contact.
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Lips As Red As Hell [TERMINÉ]
ParanormalQuand la Mort débarque au lycée... Figée dans ses vingt-et-un printemps depuis des siècles, Eléonore mène à San Francisco une vie seulement rythmée par son travail : faucher des âmes. Sa routine est aussi plate que l'encéphalogramme d'un cadavre et...