Chapitre 60 : Susan de Narnia.

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- Non ! Hurle-t-elle. Non ce n'est pas possible ! Je ne veux pas ! Aslan pourquoi ?!

Cette jeune femme s'époumone face à la police, sa mère pleure pitoyablement derrière elle, comment en si peu de temps avait-elle pu perdre l'ensemble de sa famille ? D'abord son père, puis... puis... Non. C'est impossible n'est-ce pas ?

- Susan doucement...

- NON ! La Douce pas doucement ! Si... Si j'étais allée avec eux... Attendez... Godric... Tout est de sa faute. Tout.

- Miss... tente le policier.

Sans rien dire, la jeune femme sort de la maison, bousculant l'homme sous les cris de sa mère. La tête baissée, elle court sous la pluie battante. Comment cela a-t-il pu arriver ? D'abord elle perdait son beau-frère et sa belle-sœur, Caspian, son père se suicidait et maintenant... le jour même de l'enterrement le train dans lequel ses frères, sa sœur et son cousin était a déraillé ne laissant aucun survivant.

La douleur est telle qu'elle avance sans réfléchir, elle avance jusqu'à ce que des phares jaunes la percutent de plein fouet.

- Susan ! ce furent les dernières paroles qu'elle entendit vraiment.

Son âme a déserté son corps, son esprit est brisé, les machines de l'hôpital bip sans arrêt. Son banquier à cesser de venir la voir des années auparavant, sa mère... a disparu juste après son accident de voiture, et eux... elle ne se souvient plus d'eux. De personne. Les infirmières sont très gentils, même lorsqu'elle commence à hurler de douleur sans raison apparente, même lorsqu'elle les insultes et les supplies de partir, même lorsqu'elle part dans ses délires. Depuis quelques années, un jeune homme vient la voir, il vient, lui parle, repart. Il la fait souffrir. Son corps souffre, son esprit lutte contre les douloureux souvenirs, ils veulent remonter, ils le veulent mais... quelques choses les bloquent, une puissance qu'elle ne comprend pas.

Une fois n'est pas coutume l'homme apparaît avec quelques chocolats, comme d'habitude Susan ne ressent rien si ce n'est la profonde douleur.

- Bonsoir Su', je t'ai ramené un peu de douceur, annonce-t-il en retirant sa longue cape noire.

Il la fixe, elle est assise dans son lit d'hôpital à le regarder de ses yeux vides, ça fait vingt ans. Vingt ans qu'il passe la voir tous les mois, vingt ans que ses réactions restent les mêmes. Vingt ans qu'il la regarde souffrir en silence.

- Mr Rogue, voulez-vous que je vous amène à dîner ? demande une infirmière.

- Oui merci Valérie, répond-il.

A peine la femme est-elle sortie que la vieille Reine de Narnia le dévisage, son visage inexpressif se tend et de ses lèvres un son provient pour la première fois depuis vingt longues années :

- Sortez...

- Su' ? demande Severus.

- Sortez... demande-t-elle à nouveau d'une voix rauque.

L'homme se dirige sans réfléchir vers la vieille femme et s'assoit près d'elle, celle-ci saute presque du lit, manquant de tomber à la renverse.

- Vous... Vous me faîtes du mal.

- Susan, je te jure que je ne te...

- Je ne vous connais pas mais votre visage... il fait ressurgir la souffrance, la douleur, je... sortez et laissez-moi mourir. Seule.

- Je suis ton frère Su', je ne peux pas te laisser mourir sans rien faire ! s'indigne Severus.

- Si vous l'êtes vraiment laissez-moi. Pour la première fois ma pensée est assez cohérente pour vous le demander.

- Tu ne penses pas ce que tu dis Susan,... Je... Lucy est morte, ils le sont tous mais Hermione va bientôt retrouver la mémoire ! On sera à nouveau une famille...

Un hurlement s'échappe des lèvres de la vieille femme, les rides transpercent sa peau, de même que la folie imprègnent ses yeux. Encore une fois, Severus vient à penser que sa sœur est morte elle-aussi, morte en même temps que cet accident ferroviaire qui a couté la vie à leur famille toute entière.

- Veux-tu... Veux-tu que j'y t'aide.

- Tuez-moi, demande Susan.

Le cœur serré, Severus sort une très ancienne page de parchemin d'un sac de perle violet et au combien moche. Cette feuille de parchemin, c'était sa Lucy qui l'avait arraché, il lui avait juré qu'ils trouveraient une autre solution, qu'il ferait tout pour la retrouver sans... Sans avoir à tuer. Mais Susan avait besoin de cette échappatoire, elle le regardait de ses yeux verts et suppliant, elle voulait mourir, elle était morte de l'intérieur depuis si longtemps, il ne pouvait plus la laisser comme ça, il ne pouvait plus la regarder souffrir ainsi. Sa longue agonie devait prendre fin.

Severus attrape alors cette feuille et verrouille la porte de la chambre de sa baguette. Ses lèvres tremblent, ses mains se lèvent et menacent la vieille femme aux cheveux de jais, aucune expression n'est visible sur son visage. Severus avait déjà tenté de lire son esprit, il n'y avait trouvé que douleur, désolation et surtout un manque flagrant de souvenirs. Susan était amnésique, amnésique depuis des années, une amnésique qui souffrait sans en comprendre la raison.

- Avada...

La vieille femme ne cille pas devant ces mots, elle sait ce qu'il va se passer, elle le sait, le veut, le supplie d'en terminer avec cette vie.

- Kedavra.

Le sortilège de lumière verte file droit, les mains ne flanchent plus et à peine Susan ferme les yeux pour la dernière fois que Severus sent son cœur en miette se moudre. Il prononce alors les mots du parchemin, fait couler le sang de celle qui fut jadis Reine de Narnia.

- Reine Susan la Douce de Narnia, par mon acte je te renvoie près des tiens, loin de ce monde qui t'a tout pris. En te tuant, toi, l'innocente sans remords je permets l'ouverture de cette brèche permettant à ton âme de retrouver un corps et une vie saine au pays d'Aslan... Je suis désolé, Su'... Tellement désolé... finit-il manquant de s'effondrer de tristesse.

Sans dire un mot de plus, l'homme sort de lapièce et s'en va, les larmes dévalent ses joues. Il croise vaguementl'infirmière paniquée, il ne la regarde pas, ce qu'il restait de son cœur estanéantit. Et lorsqu'enfin Severus rentre à Poudlard cette nuit là, il affrontele loup-garou qu'est son collègue, Remus Lupin. Sa grande sœur, si naïve, siintelligente, tente de se jeter devant la bête pour protéger le garçon, maisSeverus la retient, il doit la retenir, il doit la maintenir en vie. Elle esttout ce qu'il lui reste en ce bas monde.



A contrario du reste de l'histoire, j'ai écris ce chapitre très récemment en apprenant que C.S Lewis avait pour intention de faire un livre du même nom que ce chapitre pour retracé la vie de Susan après la mort de ses frères et sa soeur. J'espère qu'il vous a plu et que vous comprenez enfin les petits indices que je vous ai laissé tout au long des derniers tomes concernant le décès de Susan et la manière dont Severus s'en est occupé. Prenez soin de vous, bisous.

Ericaly.

PS: Il reste deux chapitre avant la fin et l'happy et sad end !!! J'ignore si je suis contente que ce soit la fin de cette histoire ou ravie que vous ayez enfin la fin de cette aventure. D'ailleurs j'ai écris un nouveau crossover HPxNarnia, il reprend les mêmes personnages mais l'histoire est extrêmement différente ! N'hésitez pas à y jeter un oeil ou deux ;)

Les enfants d'Hécate à Narnia Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant