By-Cœurs 2

Chapitre 49

Simon

  Je remets de l'huile dans le camion lorsque Neymar arrive.

    — Je voulais mettre au clair certains points avec toi, dit-il sèchement, laissant entrevoir son agacement évident.

    — Je t'écoute.

    Il n'a pas l'air de très bonne humeur. Il ne m'a pas encore engueulé d'avoir fait pleurer Elise alors que tous les hommes du club me répètent : elle pleure, tu meurs.

    — Certes, tu es mon neveu, j'ai attendu le lendemain de l'enterrement pour avoir des explications, par respect et surtout parce qu'Elise me l'a demandé.

   Attentivement, j'enregistre chaque mot qu'il prononce. Je ne laisse rien paraître mais je flippe totalement de sa prochaine menace.

    — Donc, renchérit-il, j'ai compris ton intérêt pour Aaron, que tu sois parti comme un voleur et que tu sois resté auprès de Kate à l'hôpital. Je le conçois, ce n'était pas une situation facile. En revanche, - son doigt s'enfonce dans ma poitrine - il me semblait avoir été clair : elle pleure, tu meurs !

  Son regard perçant le mien me coupe le souffle.

    — Sam ne me le pardonnera jamais s'il t'arrive quelque chose, donc je ne vais pas te tuer ! Mais ça n'a pas intérêt à se reproduire. Si tu refais pleurer ma fille : tu vas en chier, tu regretteras d'être né tant je te ferai souffrir, tu cracheras tes poumons et tu ramperas comme jamais !

    Il me sonde une seconde pour s'assurer que j'aie bien compris la leçon. Lorsqu'il en est certain, sans un mot de plus, il sort.

    J'inspire profondément pour calmer la panique en moi. C'est seulement maintenant que je me rends compte de l'affolement de mon rythme cardiaque et de mes mains tremblantes.

    Je sais que j'ai merdé avec Elise, elle ne m'en veut pas, mais apparemment, son père si. Il m'a averti, j'ai fait un choix qui se répercute maintenant. J'ai intérêt de faire attention à mes moindres faits et gestes, il va me garder à l'œil et ma vie risque tout de même de se raccourcir si je foire d'une quelconque manière.

   Après le camion, j'enchaîne sur la moto de Max. Comme j'étais dans le club ces dernières semaines, je n'ai pas pu m'en occuper, alors il a contacté un pote pour faire une réparation sur sa bécane et ce dernier a fait n'importe quoi. Il a installé une pièce d'une autre marque qui est incompatible avec une Harley, donc je résous le problème lorsque Max arrive de bonne humeur et s'installe sur une pile de pneus.

   — T'imagines le bordel, ricane-t-il. Notre père qui découvre qu'il a des jumeaux vingt ans plus tard...

    — C'est sûr qu'il ne devait pas s'attendre à ça. Et comment tu te sens par rapport à Kate ?

    — On fait avec.

    Mes émotions sont perturbées, perdre Kate me dévaste même si l'enterrement n'était pas aussi éprouvant que je le pensais.

    Perdre la seule personne qui m'a considéré comme un être humain et qui a tout fait pour mon bien-être reste douloureux....

    La voix d'Aaron me tire de mes pensées.

    — ... c'est certain, dit-il.

    — De ?

    — Qu'aucun de nous, ici, ne s'attendait à ça vous voir débarquer. Jamais notre père n'a soupçonné que notre génitrice était partie parce qu'elle était enceinte.