~Sixty-seven

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Edenalya regarda longuement la femme qui préparait son thé, recroquevillée dans son canapé.

Elle avait le cœur lourd, qui pourtant battait la chamade. Elle n'avait jamais été aussi près d'elle.

-"Est-ce que tu mets du sucre, Edenalya ?" Demanda la femme et la jeune femme hocha la tête en souriant avant de soudain se figer.

Elle ne lui avait jamais donné son prénom. Avait-elle ?

La femme sembla se rendre compte de son erreur car sa main trembla légèrement au-dessus du paquet de sucre, dos à l'adolescente.

Elle eut un long soupir, pesant le pour et le contre de ce qu'elle allait dire.

Edenalya tentait de s'empêcher de pleurer mais la pression était trop forte.

La femme se retourna, ses yeux émeraude passant dans ceux d'Edenalya avec tendresse.

Elle lui apporta sa tasse qu'elle attrapa instantanément entre ses deux mains.

-"Vous connaissez mon prénom ?" Souffla l'enfant et la femme eut un pincement au cœur, s'éloigna pour aller s'en faire un.

-"Je te vois souvent, dans le quartier." Évinca-t-elle ainsi. "Tu passes par ici, pour rentrer chez toi ?"

-"Oui." Mentit la jeune femme. "Je ne savais pas que vous m'aviez déjà remarqué."

La femme eut un léger rire, s'approcha, son thé en main, avant de s'asseoir à son tour sur le canapé.

-"Comment ne pas te remarquer ? Tu n'es pas très discrète, pour une sorcière."

-"Je ne savais pas que vous en étiez une." Mentit de nouveau Edenalya. "Pourquoi vivre avec les moldus ?"

La femme se pinça les lèvres, regarda la fumée s'élever dans les airs.

-"La vie est plus simple ainsi, ne trouves-tu pas ? Les enfants moldus de ton âge n'ont pas les mêmes pensées que toi."

Oui, il était vrai que les Moldus de son âge n'avaient pas les mêmes préoccupations qu'elle.

La femme laissa un long moment de silence, contemplant le rebord de sa tasse blanche.

-"J'avais une fille, autrefois." Dit-elle alors entre ses dents. "Elle aurait eu le même âge que toi."

Edenalya sentit sa gorge s'assécher. Elle la regarda, longuement, recroquevilla ses jambes contre elle, se faisant violence pour ne pas fondre en larmes.

-"Que lui est-il arrivé ?" Demanda-t-elle la gorge enrouée.

La femme eut un sourire nostalgique.

-"Je l'ai crue morte, pendant longtemps."

Ça tomba comme un couperet.
Morte. Morte ?

Edenalya enfonça ses lèvres entre ses dents, se les pressant fort, sentant les larmes monter.

Sa main droite commençait à trembler, elle semblait revivre ce qu'elle avait tenté d'oublier.

Elle la fixa longuement, longtemps, cette femme au regard tendre qui semblait ailleurs, trop loin pour qu'elle arrive à l'atteindre.

-"C'est moi." Dit-elle en un piteux sanglot et la femme releva les yeux. "C'est moi, ta fille."

Vanessa esquissa un tendre sourire, pencha la tête sur le côté, admirant l'enfant de ses grands yeux aimants.

-"Je sais." Murmura-t-elle alors en approchant ses mains, essuyant les grosses larmes d'Edenalya de son pouce rassurant. "Je le sais bien."

Le savait-elle ? Depuis le début, le savait-elle ? Edenalya fronça les sourcils, perdue, ses larmes coulant à flot.

-"Depuis la première fois que je t'ai vu, pendant ta deuxième année, passer devant ma maison." Continua Vanessa en sentant ses yeux s'humidifier.

Elle attrapa les mains froides d'Edenalya, les serra dans les siennes avec force.

-"Depuis le premier instant où mes yeux se sont posés sur cette grande enfant qui gambadait dans la rue en chantonnant, j'ai su que c'était toi."

-"Alors pourquoi ne jamais être venu me voir ?" Sanglota Edenalya, le coeur lourd. "Pourquoi m'avoir laissé te regarder de loin pendant cinq ans ?"

-"Parce que tu n'avais pas besoin de moi, Eden." Vanessa passa ses doigts sur le visage de l'adolescente pour écarter ses mèches de cheveux et les mettre derrière ses oreilles. "Ta vie était déjà pleine sans moi. Comment aurais-je pu oser revenir après t'avoir abandonné ?"

-"J'avais besoin de toi." Se défendit Edenalya, le visage déformé par la grimace d'une enfant perdue trop tôt. "J'ai toujours eu besoin de toi."

-"Je n'ai jamais cessé de penser à toi." Confia Vanessa en souriant tendrement entre ses larmes. "J'attendais que tu passes devant chez moi quand tu rentrais de Poudlard, j'attendais que tu viennes me voir pendant les vacances, je restais dans le jardin tous les jours jusque tard rien que pour pouvoir t'apercevoir."

-"Tu m'as laissé t'admirer depuis le trottoir au lieu de me dire que tu le savais." Edenalya renifla, baissant la tête, cherchant comment la blâmer pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait.

-"Tu m'as laissé t'admirer depuis mon jardin au lieu de me dire que tu savais." Murmura alors Vanessa et Edenalya fondit en larmes de nouveau, en gros sanglot.

Vanessa ne sut pas quoi faire tout d'abord, ne voulant pas envahir son espace personnelle elle resta à sa place. Mais lorsqu'Edenalya releva la tête et attendit, Vanessa s'avança sur le canapé et l'enlaça avec force.

La chaleur émanant de leurs deux corps apaisa instantanément leurs cœurs meurtris, sans qu'aucune ne souhaite se détacher de l'autre.

Vanessa passa ses mains dans les cheveux d'Edenalya, jouant avec pour la distraire, Edenalya serrait le corps de sa mère avec force, comme pour s'assurer que ce n'était pas un rêve.

Elle qui l'avait admirer de si loin depuis tant d'années pouvait la toucher, l'enlacer, sentit son parfum envahir le sien.

Et elle redevenait une enfant.

Elle redevenait le bébé dans son landeau qui avait vu sa mère le matin, puis ne l'avait plus revu le soir.

Et sa mère continuait de la bercer, basculant son corps de gauche à droite, comme si elles étaient revenues à cet instant fatidique où elles avaient été séparés pour la première et dernière fois.

𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant