𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰 [TERMINÉ]

~Ninety-four

-"Eden." Harry attrapa tendrement son bras, l'air inquiet. "Tu penses réussir à trouver la dame grise ?"

-"Je vais en parler avec Luna." Edenalya retira son bras pour chercher la jeune femme tandis que les élèves s'étaient tous fait silencieux devant la tournure des évènements.

Elle aperçut alors Luna dans un coin de la salle et s'apprêta à s'approcher d'elle lorsque son crâne se mit soudain à bourdonner tel un essaim d'abeilles. Elle se le tint avec les mains, gémissant de douleur tandis que d'autres s'effondraient sur le sol.

-"Je sais que vous vous préparez à combattre."

La voix assourdissante de Voldemort s'éleva dans leurs tempes et elle se mordit la langue pour tenter d'y faire face.

-"Vos efforts sont dérisoires. Vous ne pouvez rien contre moi. Je ne désire pas vous tuer. J'ai un grand respect pour les professeurs de Poudlard. Je ne veux pas répandre le sang des sorciers."

Sa voix caverneuse et langourante semblait s'infiltrer dans leurs esprits et siffler à leurs oreilles démunies.

-"Livrez-moi Harry Potter et il ne sera fait aucun mal à personne."

Les élèves grimacaient dans leurs coins, les paroles viles semblaient les achever jusqu'à ce qu'ils se tentent à les ecouter.

-"Livrez-moi Harry Potter et je quitterai l'école en la laissant intacte."

Le son de sa voix faisait battre le coeur d'un étrange sentiment de frayeur.

-"Livrez-moi Harry Potter et vous serez récompensés."

Sans doute que les âmes les plus faibles se laissèrent-elles attendrir par le peu de paroles vides, tandis que d'autres continuaient de fermer les yeux en espérant que ça passe vite.

-"Vous avez jusqu'à minuit."

Et puis alors, la délivrance. Leurs esprits embrumés s'éclaircirent aussi vite qu'ils s'étaient brouillés et ils relevèrent tous un à un la tête.

Il y eut un silence lourd de sens, dans la Grande Salle, tandis que beaucoup pesaient le pour et le contre des mots qui résonnaient encore fraîchement dans leurs mémoires.

Edenalya se tourna légèrement vers Pansy qui la fixait.

Elle savait très bien ce qu'elle voyait dans son regard, car elle s'y reflétait parfaitement.

-"Malheur à celui qui ne chérit pas les liens du sang, honte à celui qui les chérit trop." Souffla-t-elle alors comme une comptine d'enfant.

Pansy, près d'elle, écouta, s'effaca un instant, semblant réfléchir à la portée de ses mots.

Elle se tourna alors vers Minerva, sortit du rang.

-"Qu'est-ce que vous attendez ?" S'écria Pansy. "Attrapez-le !"

Minerva serra sa baguette dans sa main frêle, fixa son élève avec une pitié à peine cachée.

-"Effectivement, qu'attendez-vous ?" Demanda alors la professeur. "Emmenez Miss Parkinson et le reste de la maison Serpentard dans les cachots."

Certains protestèrent, contre l'avis des autres maisons qui applaudissèrent.

-"Edenalya."

La voix de Pansy la figea, et lentement elle se tourna vers elle près de la Grande Porte.

Elle la fixait avec tant de nostalgie que ça l'effraya. Elles n'avaient jamais été proches, s'étaient à peine parlé durant leurs années de scolarité, et pourtant Pansy semblait vouloir dire bien des mots.

-"Merci." Souffla-t-elle alors. "De vous battre à notre place."

Et oui, c'était ainsi. Les Serpentard étaient enfermés dans les cachots parce que Minerva leur épargnait la douleur de devoir faire face à leurs parents, marqués par les ténèbres.

Et Pansy, plus que tout, avait vu le déchirement d'un ami qui n'avait eût d'autres choix que de les suivre en enfer.

Edenalya eût un faible sourire face à la pauvre enfant qui n'avait pas eu le choix de vivre ainsi, et elle se fit emmener avec les autres hors de sa vue.

Ce n'était pas son cas, à elle.

Parce que si Pansy avait décidé d'être honteuse et de se cacher de ses parents pour ne pas avoir à les affronter, Edenalya n'avait pas d'autre choix que de se battre contre celui avec qui elle partageait, malgré tout, ce lien sacré.

-"Luna."

Elle s'approcha de la jeune femme qui semblait tête en l'air.

-"Edenalya." Sourit Luna.

-"J'ai besoin que tu me dises où est-ce que je peux trouver la Dame Grise."

-"Helena ?" Luna réfléchit un instant avant de se fondre en un sourire. "Cherche-la, et elle viendra à toi si elle désire te voir."

Désirer la voir ? Ce n'était pas vraiment à elle de décider si elle souhaitait ou non sauver le monde entier.

Mais, voyant qu'elle n'en tirerait rien de plus, Edenalya la remercia et alla le raconter à Harry.

Harry qui n'était plus là.

Elle se tourna, encore et encore, sur elle-même comme un chien tentant d'attraper son propre derrière.

-"Il est parti." Lui dit alors Arthur en la voyant ainsi. "Avec McGonagall."

Ça tombait plutôt mal. Elle s'éclipsa de la Grande Salle qui était bien trop bruyante mais se rendit compte que les couloirs l'étaient tout autant.

Les élèves paniqués couraient dans tous les sens pour tenter de se cacher de l'inéluctable, certains se terraient sous les escaliers, certaines filles cherchaient à remonter dans leurs dortoirs en espérant que ceux qui viendraient à leur poursuite seraient des hommes et seraient ainsi interdit d'accès au dortoir des filles - invention que les femmes n'oubliaient pas de bénir chaque jour, d'autres encore pleuraient à chaudes larmes en bousculant tout le monde dans leur dramatique fin de vie.

C'était pire encore que ce qu'elle aurait pu imaginer. La peur de mourir, et même tout simplement la peur de se retrouver face à plus fort que soi, d'être écrasé par une dominance magique implacable et sans précédent ravivaient en eux des élans.

Edenalya tenta de bousculer tout le monde pour se frayer un passage dans les grands escaliers, déterminée.

Si Harry n'avait pas le temps de jouer à cache-cache avec un fantôme, elle allait le faire pour lui.

Parce qu'après tout, elle n'était peut-être pas l'Elu, mais elle restait une Serdaigle avec une dignité infaillible. Et quoi de mieux pour l'égo que de pouvoir raconter qu'elle avait réussi à trouver le diadème de sa maison perdue depuis des millénaires ?

Elle eût un léger ricanement entre les élèves en larmes.

Décidément, elle en avait, de la chance.