~Eighty-four

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-"Tu es mort." Souffla Edenalya sans en revenir.

Le monde s'était tut autour d'eux. Ce n'était plus qu'elle et lui dans cet enfer silencieux.

-"Mort ?" Il eût un rire. "Oui, elle a toujours eu le don de m'humilier, même lorsqu'on était petit." Se marmonna l'homme. "Tu pensais que ce serait aussi simple, de me faire partir ?"

Elle ne comprenait pas ce qu'il voulait, ce qu'il cherchait 15 ans après.

Il l'attrapa par l'épaule, la plaqua contre le mur tapissée et elle se laissa faire en un sursaut de terreur. Elle était paralysée, pathétique comme si elle ne savait plus marcher, comme si elle retournait à ce jour-là dans sa maison hantée.

Il la fouillait de ses grands yeux bleus ternis par la folie des années passées.

-"Elle t'a bien caché de moi, je dois le reconnaître. Si j'avais su que tu étais encore vivante-" il passa sa main sur sa joue. "Je serais venu te chercher bien avant."

Il fit la moue, comme s'il le regrettait sincèrement.

Sa mère. Avait-il trouvé sa mère ? Il ne devait pas la voir. Ne devait pas savoir.

-"Tu sais Edenalya, c'est de ta faute si ta mère s'est barrée Dieu seul sait où et que j'ai du me terrer comme un rat pendant toutes ces années." Il attrapa son menton, y enfonçant ses ongles.

-"Je n'avais que 2 ans." Murmura-t-elle en un sanglot piteux. "C'est de ta faute, si elle est partie. C'est de ta faute, si tu t'es enfui."

Il contracta la mâchoire, le hurlement strident d'Hermione le ramenant à la réalité. Il se racla la gorge, eût un sourire, lâchant son menton qu'elle abaissa immédiatement par réflexe de survie, ne lâchant pas son regard.

Une larme traîtresse roulait sur sa joue, son dégoût et sa colère se mélangeant à sa confusion.

-"Tu es frustrée, je comprend." Il hocha la tête de haut en bas. "Je comprend."

Il tourna sur lui-même, faisant les cent pas, semblant réfléchir.

-"Moi aussi, je suis frustré, Edenalya. Tu comprends ?"

Il s'arrêta finalement face à elle de nouveau, un sourire aux lèvres en remarquant qu'elle cherchait désespérément autour d'eux un moyen de lui échapper.

Mais son regard s'était inévitablement posé sur Hermione qui pleurait sur elle-même, allongée dans un coin du salon qu'elle avait tant parcouru.

Ces murs qu'elle avait tous frôlés lui paraissait bien différents désormais.

-"Comment ne pas être frustré, après tout ?" Ajouta Nicolas en soupirant. "Ma propre fille m'a trahi."

Il souffla du nez, visiblement amer.

-"Je me suis longtemps demandé où avais-je donc échoué dans ton éducation, puis je me suis rendu compte-" il eût un rire sadique. "que ce n'était pas moi qui t'avais éduqué ! C'est parce que c'est ta putain de mère qui l'a fait que tu t'es retourné contre moi."

-"Maman m'a toujours aimée et protégée. Ta fille ?" Elle tenta de rire mais il resta coincée dans sa gorge apeurée. "Tu n'as jamais été mon père."

Il n'aurait sans doute pas éclaté de rire si elle avait arrêté ses lèvres de trembler et ses dents de claquer.

Après tout, face à lui elle ne savait pas que parler. Ses mots étaient la seule façon de communiquer ce que ses actes n'arrivaient pas à refléter.

Face à ce monstre qu'elle s'était imaginé, elle restait pétrifiée, incapable de bouger.

C'était amusant de penser qu'à cet instant là les rôles étaient inversés. Avec Harry, c'était la parole qui lui manquait.

Avec Nicolas, c'était les actes.

-"Je dois chérir ce qui m'appartient, Edenalya." Il essuya ses yeux secs. "Je vais te chérir. Même si tu me trahis, même si tu me hais, je te chérirais à jamais. Non, tu sais quoi ?"

Il réfléchit plus encore alors qu'ils savaient tous deux qu'il avait déjà réfléchi depuis 15 ans.

-"Je vais faire en sorte que tu ne me trahisses plus jamais. Et là, je te chérirais pour toujours. Après tout, c'est ce que tout père ferait pour son enfant."

Elle ne comprenait pas où il voulait en venir. Ne comprenait pas ce qu'il tentait d'accomplir.

Ses bras tremblaient. Elle sentait sa moelle épinière claquer, comme si elle se tenait nue, dévoilée dans une prairie glacée en plein hiver étoilé.

Était-ce un rêve ? Un cauchemar ?

Il était revenu d'entre les morts pour l'y enfermer à sa place.

Il s'était enfui des enfers pour venir la chercher et y retourner ensemble.

Draco regardait, au loin. Narcissa avait posé sa main sur son épaule, s'agrippant à lui en fixant la martyr allongée sur le parquet, se sentant flancher alors que son fils fixait la jeune fille qui tremblait et tentait vainement de se contenir.

C'était lui qui avait découvert en premier le secret qu'elle avait toujours caché de tous.

Elle avait dit vouloir oublier ça mais c'était elle qui gardait toujours dans ses affaires la revue de la Gazette du Sorcier de 1983 parlant de la disparition de sa mère et de la recherche active de son père.

C'était elle qui avait toujours gardé une photo de leur mariage en ayant déchiré le visage de son père pour ne garder que sa jeune mère dans sa sublime robe nacrée.

Elle le détestait. Lui, cet homme qui se tenait devant elle.

Draco n'avait pas besoin de le lui demander pour le savoir, cela se voyait. Elle avait toujours eût du mal à discuter avec Lucius lorsqu'elle passait des vacances avec eux, avait toujours eu du mal à discuter avec n'importe quel adulte mâle.

Et elle qu'il avait toujours cru si forte et détachée de tout tremblait, déglutissant plus de fois qu'elle ne respirait.

Et il n'arrivait à rien faire pour l'aider à s'en sortir.

Nicolas sortit sa baguette, attrapant la nuque d'Edenalya pour poser son front contre le sien, mélangeant leurs haleines.

-"Je te chérirais toujours." Murmura-t-il à son enfant. "Tu étais mon unique pensée, toutes ces années. Tu es la seule raison de ma présence ici, Edenalya."

Elle pleurait. Elle restait de marbre, fermant ses yeux pour ne plus le voir, ressentant leurs peaux se toucher mais intérieurement elle se brisait encore et encore, hurlant sans sortir un seul son de sa pauvre bouche qui se taisait de peur.

Il enfonça sa baguette dans sa peau, près de son cœur et elle ne dit rien, n'arrivant même pas à assimiler ce qu'elle venait d'entendre.

Peut-être, quelque part, se rendait-elle.

Tant qu'il ne touchait pas à sa mère, elle pouvait accepter tous les châtiments du monde.

Elle pouvait revenir sa petite poupée, son bébé qui ne savait pas marcher, son jouet qui se taisait et qu'il pouvait, d'un bras, balancer et jeter à sa guise.

-"Je dois d'abord m'assurer que tu ne me trahisses plus jamais." Finit-il par lâcher.

Il la sentit trembler lorsque sa baguette s'enfonça plus encore et que ces cellules eurent du mal à l'empêcher de percer sa barrière cutanée.

Tant qu'il ne touchait pas à sa mère, elle pouvait accepter tous les châtiments du monde.

-"Avada-" Commença Nicolas.

Et Edenalya laissa échapper un souffle de sanglot.

𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant