𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰 [TERMINÉ]

~Sixty

-"Non." Murmura Pronécylia.

Les flammes ardentes se reflétaient dans ses yeux miroitants.

Que s'était-il passé ?

Elle était venue leur rendre visite comme chaque semaine, avait apporté un festin pour fêter l'arrivée de leur nouvelle amazone qui venait de fêter ses dix ans.

Pourquoi la fumée noirâtre d'un feu disparate s'élevait-elle derrière le grand rocher ?

Elle n'entendait, depuis son perchoir sur la falaise, aucun cri ou hurlement de terreur de ses enfants qui devaient tenter de fuir.

Elle lâcha son panier, courut à en perdre haleine dans la grotte qui n'était pas gardée, ses yeux s'embuant de larmes. Elle sortit de l'autre coté de la grotte, titubant devant le spectacle affligeant. 

-"Glauké." murmura la jeune femme, s'approchant du corps au sol, qui n'avait aucune trace de contusion mais simplement s'était allongé pour ne jamais plus se relever. "Glauké." 

Elle laissa échapper un sanglot, leva les yeux vers la grande place autour de laquelle s'agençait les tentes des amazones. 

Le tissu brulé reposait sur le sol, dévoilant les poutres nues et elles aussi dévorées par les flammes rougeâtres. Il y avait des cendres, à certains endroits, des petits corps, des morceaux éparpillés. Pronécylia n'eut pas la présence d'esprit d'éteindre le feu, sans doute parce qu'elle savait qu'en l'éteignant le silence se ferait. 

Personne ne criait. 

Elle marcha, entre les corps déformés par la terreur, ceux qui avaient tentés jusqu'au dernier instant d'atteindre la grotte protectrice, en cherchant vainement l'échappatoire. 

Elle reconnaissait chacun de ses visages. Chacun de ses yeux clos, chacun de ses sourires tirés en grimace d'horreur. Elle ne sentait pas ses larmes brulantes rouler sur ses joues, y creusant des sillons de douleur. Elle titubait, entre ces femmes affaissées dans la poussière. Certaines avaient rampés les une vers les autres, certaines amazones s'étaient recroquevillées et protégées, leurs bras s'emmêlant, leurs larmes s'embrassant en une danse sèche et mortelle. 

-"Derinoé." Pronécylia s'accroupit près du corps près de l'abri stockant la nourriture. "Derinoé."

Elle secoua le corps, le tourna pour apercevoir son visage brûlé. 

Elle eut un hoquet d'horreur, eut un mouvement soudain de recul, retombant sur ses fesses dans la poussière cendrée. Elle mit sa main sur sa bouche, s'empêchant vainement de laisser échapper un lourd gémissement. 

Que leur était-il arrivées ? Le feu de camp, au centre de la grande place, était éteint et froid, ca ne venait donc pas de là. Un accident ? 

Un accident ne pouvait pas venir à bout de ses amazones. 

Elle se releva, reprit contenance, serrant sa baguette. Elle devait vérifier s'il restait des survivantes, qui se terrait ou attendait qu'elle vienne les sauver. 

Elle passa dans chaque tente, à la recherche éventuelle de survivantes, comptant les corps un par un, sentant son cœur s'effriter à chaque découverte. 

Elle regarda la tente de la cheffe Andromaché, la première moldue qu'elle avait recueillie. 

Elle avait moins brulé que les autres, semblait en meilleur état, mais ne tarderait pas à se faire dévorer à son tour. 

Elle entra, tremblante, regarda le lit fait, les armes rangées sur sa table, son miroir près de son armure qui était encore là. 

Mais Andromaché n'y était pas. Etait-elle encore en vie ?