𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰 [TERMINÉ]

~Sixty-four

-"Tu n'as pas sommeil ?"

Edenalya leva les yeux vers Hermione, qui venait de descendre du dortoir pour la rejoindre dans la salle commune des Gryffondor.

C'était marrant, Edenalya ne s'était même pas rendue compte qu'elle s'était trompée de maison.

-"Je lis." Sourit la jeune femme en baissant le ton pour ne pas réveiller les autres.

Hermione eut un hochement de tête, dans son large pyjama, et vint s'asseoir près d'elle.

-"Tu dors debout." Se moqua gentiment Edenalya. "Va te recoucher."

-"Je n'ai pas sommeil." Mentit Hermione en affalant sa tête sur le canapé, tournée vers Edenalya.

Elle continua de la fixer, même lorsque cette dernière se replongea dan son livre.

-"Dis-" commença Edenalya en tournant la page, se voulant nonchalante. "Tu as vu Harry, aujourd'hui ?"

Hermione, la tête sur le rebord du canapé, les yeux sur le visage de son amie, laissa ses lèvres se fendre d'un sourire malin avant de soupirer.

-"Non, je ne sais pas où il est passé. Ron non plus ne l'a pas vu."

Edenalya soupira, relisant la même page en boucle.

Peut-être avait-elle été dure avec lui. Oui, il était vrai qu'elle s'était énervée lorsqu'elle avait su qu'il avait blessé Draco dans les toilettes des filles, de surcroît avec un sort qu'il ne connaissait pas.

Mais après tout, c'était simplement parce que c'était stupide, dangereux et inconsidéré et qu'elle se serait énervée de la même manière s'il avait blessé n'importe quel autre élève.

Pensait-il qu'elle s'était énervée parce que c'était Draco ?
Non, bien sûr que non. Aurait-elle du le lui préciser ?

Non, après tout pourquoi le dire, ce n'était pas comme si c'était à elle de se trouver des excuses. Et puis, elle n'avait aucun compte à lui rendre, que ce fusse parce qu'il avait blessé Draco ou pas.

Alors pourquoi se sentait-elle coupable ? Lui faisait-il la tête ?

C'était bien la première fois qu'elle le voyait l'éviter, elle, et non pas l'inverse.

-"Tu vas devenir ridée, à force de trop penser."

Elle revint à elle, se tourna vers Hermione qui n'avait pas bougé de sa place. Elle leva son bras, toucha le front d'Edenalya pour en déplier les rides et cette dernière eut un sourire.

-"Désolée. Je réfléchissais."

-"Ne réfléchis pas, pour ce genre de choses." Conseilla Hermione d'une voix calme. "Agis."

Oui, après tout sans doute avait-elle raison.
Harry n'avait certainement pas disparu de Poudlard, il suffisait de le chercher.

Elle se leva, refermant son livre et le posant sur la table basse.

-"Va dormir, Hermione." Murmura Edenalya en l'aidant à se relever. "Je vais aller me promener."

Hermione eut un soufflement par le nez.

-"Dis-moi si tu trouves ce que tu cherches, en chemin."

Elle lui fit un signe de la main, remontant les escaliers, fatiguée, et Edenalya sortit de la salle commune, déterminée.

                           *****

Elle le cherchait.

Elle le cherchait, mais lui ne semblait pas vouloir être trouvé.

Elle soupira, longuement, passant devant l'infirmerie, puis s'arrêta en la regardant.

Draco dormait sûrement.

C'était étrange, de penser à lui si tendrement puis de soudain le voir avec distance.

Tout avait changé. Son coeur était plus lourd, désormais, mais faisait moins mal.

Elle hésita à entrer, posa sa main sur la poignée mais finalement recula de plusieurs pas.

Elle ne devait pas.

Il devait avancer seul, désormais, et elle aussi.

Peut-être allait-elle trouver Harry dans les jardins.

Elle s'y aventura, regardant les herbes si noires dans cette nuit si calme.

Elle passait le long du château, apercevait au loin le terrain de Quidditch qui se reposait.

Au loin, face à elle, Edenalya vit la tour d'astronomie.

Derrière cette tour se trouvait son endroit préféré, le banc sur lequel elle s'asseyait. Était-il là, par pur hasard ? Elle s'avança, l'herbe haute chatouillant ses chevilles nues.

Il y avait un vent légèrement frais, mais rien de grave. Le printemps commençait lentement à revenir sur leurs paysages.

Elle entendait les gazouillements des oisillons, les bruissements de feuilles qui virvoltaient.

Et un bruit sourd de quelque chose qui coupait le vent.

Elle leva les yeux au-dessus de sa tête, se figea lorsqu'une masse passa devant ses yeux pour s'écraser à ses pieds.

Le bruit soudain d'os se craquant les uns après les autres en une cacophonie assourdissante fit vriller ses tympans.

Elle baissa le regard, lentement, ses muscles se contractant de terreur lorsque le corps qu'elle reconnut ne bougea plus.

Elle ne recula pas, son corps ne répondant plus.

Elle releva lentement les yeux vers le ciel, encore sous le choc tandis que tout s'était tut autour d'elle.

Ses yeux.

Ses yeux la piquaient, parce qu'ils avaient compris bien avant que l'information ne pénètre dans sa boîte crânienne.

Et elle aperçut Draco, tout en haut de la tour d'astronomie, fixer le vide, le contrebas, les mains sur le balcon, ses phalanges blanchissant à force de le tenir si fort.

Leurs regards se croisèrent, l'un empli de terreur, l'autre d'horreur.

Ils étaient si loin l'un de l'autre mais c'était comme s'ils pouvaient se toucher.

Les lèvres d'Edenalya se mirent à trembler à mesure qu'elle comprenait.

Quelqu'un attrapa Draco en arrière et il disparut de son champ de vision, mais son visage déformé par l'effroi restait gravé dans l'esprit de la jeune fille.

Elle regarda le corps près d'elle, Edenalya sentait la chaleur corporelle de l'homme s'évaporer lentement vers de plus douces contrées.

Elle recula finalement de plusieurs pas, se mélangeant les pinceaux et retombant sur l'herbe lourdement, une main sur la bouche, tentant de réfréner ses sanglots de peur.

Albus Dumbledore était mort.

Albus Dumbledore était mort ?

-"Au secours !" Hurla-t-elle de toutes ses forces comme une enfant désemparée, ses larmes coulant à flot le long de ses joues froides.

Elle entendit des bruits de pas accourirent de droite et gauche, mais soudain tout se tut.

Les élèves et professeurs présents avaient arrêtés de marcher, regardaient le corps saint gisant sur le sol, et la jeune femme à côté, sanglotant d'horreur.

Minerva s'approcha, dans sa chemise de nuit, une lampe à huile dans sa main, tentant de ne pas regarder le corps de son vieil ami, elle s'accroupit derrière Edenalya et l'enlaça maladroitement, passant son bras autour de son cou et sur ses clavicules, espérant qu'un peu de réconfort de sa part l'empêcherait de penser au désespoir qu'elle ressentait.