𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰 [TERMINÉ]

~Fifty-seven

-"Nico, j'ai fait trop de pudding donc j'en apporte, je sais que N-" 

Sa sœur se figea, voyant la porte du débarras sous les escaliers défoncée, des morceaux de verre sur le sol un peu plus loin, entre le couloir de l'entrée et le salon. 

-"Nico ?" 

Inquiète, elle sortit sa baguette, avança à pas feutré dans le salon, découvrant avec horreur les taches de sang sur le tapis blanc, les fleurs écrasées sur le sol, l'eau renversée, les tableaux à terre et les traces de griffure sur le canapé. 

-"Nicolas ?" appela-t-elle de nouveau et elle entendit un bruissement derrière elle. Elle se retourna, vit la fenêtre brisée. 

Elle s'y avança, la baguette devant, armée, et se mit sur la pointe des pieds pour apercevoir le jardin. 

-"Nicolas." 

Elle soupira de soulagement, emprunta la porte donnant sur le jardin pour y aller, le voyant assis dans l'herbe, les genoux repliés le long de son torse et tenus par ses bras comme un enfant puni. Il fixait le sol et elle fronça les sourcils, cherchant sa femme et sa fille dans la pénombre. 

-"Je l'ai tué ?" 

Il leva la tête vers sa sœur qui ne comprenait pas, s'avançait vers lui. Elle s'accroupit, essuya les traces de sang sur son visage avant de comprendre que ce n'était pas les siennes. 

Elle regarda ses yeux rivés sur quelque chose, et lentement sembla rassembler les pièces du puzzle. 

Elle se tourna, la boule au ventre fixa le tas d'herbes aplatis sur le sol, puis le corps qui s'y trouvait, qui ne devait pas faire plus que ses deux mains l'une devant l'autre. 

Immédiatement elle mit sa main devant sa bouche, s'empêchant de laisser échapper un cri de terreur. 

-"Elle est morte ?" demanda son frère qui avait l'air perdu. 

Elle s'approcha de la petite, posa sa petite tête sur ses genoux, pressa son poignet pour sentir son pouls. 

-"Elle n'est p-" s'apprêta-t-elle à dire mais elle se retint, pressa ses lèvres l'une contre l'autre. 

Nicolas releva la tête, attendit la suite. 

-"C'est toi qui a fait ça, Nico ?" demanda-t-elle calmement sans oser le regarder, dos à lui. 

Il y eut un silence trop long et elle sentit son cœur retomber lourdement. 

-"Je n'ai pas fait exprès." murmura-t-il pour se justifier. "Je voulais juste lui faire peur." 

 Elle se tut, longtemps, ferma les yeux, inspirant profondément. 

Elle devait prévenir les autorités. Ils devaient l'emmener à Askaban. Elle devait le dénoncer. 

Elle devait le faire, c'était ce qu'il y avait de mieux. Elle n'avait pas le choix, elle avait eu beau prétendre ne rien voir cette fois-ci c'était trop tard. 

-"Je vais aller à Askaban, grande sœur ?" Murmura Nicolas, la gorge serré. "Tu crois que je vais y aller ?" 

Elle se tourna légèrement vers lui, les larmes aux yeux. Ce dernier pleurait, comme lorsqu'il était enfant et qu'elle le cachait des disputes continus de leurs parents. 

Il avait de grosses et lourdes larmes, ça n'avait jamais changé. Ses yeux gonflaient, lorsqu'il pleurait. 

Elle ne supportait pas de le voir si démuni. 

Elle laissa échapper un soupir tremblant. 

-"Elle est morte, Nicolas." mentit-elle en un souffle, ses lèvres s'enfonçant dans sa bouche pour s'empêcher de laisser échapper un sanglot. "Tu as tué ta fille." 

Il se mit à pleurer, comme lorsqu'il avait cinq ans et elle ne sut quoi faire, impuissante. 

-"Je ne veux pas aller en prison." sanglota l'homme. "Je ne savais pas qu'elle était aussi fragile que ça." 

Sa sœur se figea à l'entente de ses mots, regarda le corps qu'elle tenait fébrilement, puis l'homme qui pleurait sur son propre sort. 

-"Pars." dit-elle alors et il releva la tête vers elle seulement pour voir ses yeux si glacials. "Pars, avant que je ne te dénonce. C'est mon dernier acte de tendresse envers le frère que j'avais." 

-"Mai-" 

-"Pars !" Hurla sa sœur de toutes ses forces et, effrayé, comprenant qu'il ne s'en sortirait pas, il se releva, attrapant sa baguette dans l'herbe et entra dans la maison à toute vitesse. 

Elle posa son regard sur l'ange dans ses bras, eut un sursaut lorsque la porte d'entrée claqua et que tout redevint silencieux. 

-"Je suis désolée." murmura-t-elle au petit corps qu'elle réchauffa avec sa veste. "Je suis désolée, Edenalya." 

Elle essuya ses lourdes larmes et se releva, prenant la petite dans ses bras, l'enroulant dans son écharpe avant de  transplaner jusqu'à l'hôpital. 

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-"Ma tante m'a dit qu'il s'était suicidé juste avant que les autorités ne le retrouvent, dans un pub minable en bordure de ville." 

Harry regarda le regard d'Edenalya, rivé sur le sol. Elle avait le nez rouge, se faisait violence pour ne pas laisser échapper ses larmes. 

-"Ma mère a refait sa vie chez les moldus." termina finalement la jeune femme en relevant la tête, souriant. "Et je vis chez ma tante depuis." 

Le garçon hocha la tête, approchant ses doigts pour essuyer ses joues légèrement humides. 

Voyant qu'il ne disait rien, elle soupira. 

-"Tu peux pleurer, si tu veux." dit-il finalement. "Et si tu as honte, je peux détourner la tête." 

Elle eut un rire et il sourit. 

Elle avait mal au cœur. Elle sentit ses joues s'humidifier de nouveau et Harry se tourna dos à elle. 

Ce fut tout d'abord un léger sanglot, qu'il n'entendit presque pas. Puis un autre, et elle hoqueta, penchant sa tête en avant jusqu'à ce qu'elle se pose contre le dos du garçon qui la laissa faire. 

Elle pleura de tout son soul, honteuse et gênée d'abord, puis se laissant aller à ce que son cœur désirait, les yeux fermés, la bouche ouverte, elle sanglotait, gémissait, comme l'enfant qu'elle était ce soir-là qui n'avait pas eu le temps d'extérioriser toute sa terreur. 

Elle avait mal, mais n'avait pas pensé que ca puisse faire autant de bien, de se confesser et de tout libérer. 

Et Harry la laissa faire, supportant sa lourde tête qui se balançait sur son dos, le poing serré.