~Seventy

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-"Godric attends-moi !"

Pronécylia courut dans la forêt, riant aux éclats tandis qu'elle sautait par-dessus les buissons, ses longs cheveux blonds s'emmêlant dans le vent.

Le jeune Godric, ses vêtements de lin recouverts par sa ceinture de cuir qu'il venait de découper dans la peau qui trainait dans sa maison, se tourna, ralentissant pour voir la jeune enfant pouffer de rire en passant entre les arbres qui les regardaient s'amuser.

Il eut un sourire, continua sa course avant d'entrer dans la cabane qui tenait le coup malgré vents et tempêtes.

Pronécylia entra quelques instants après, défonçant presque la porte en entrant comme une furie.

Elle se tourna vers Godric qui tentait de se cacher entre deux lattes et elle eut un rire.

-"Rends-moi ma baguette, Godric." Dit-elle en tendant sa main.

Il regarda sa petite main dodue, puis leva la tête vers son visage rondouillet qui n'avait pas perdu sa graisse de bébé.

-"Non." Dit-il fermement et elle retira sa main, boudant. "Je te la rendrai lorsque tu auras demander à tes parents de me rendre mon épée."

Pronécylia eut un ricanement, croisa les bras sur sa poitrine plate.

-"Tu sais bien que père et mère ne le feront pas." Répondit-elle. "Tu as déchiré le tableau de famille en jouant avec dans la maison."

Il haussa les épaules, faisant la moue.

-"Je ne sais pas encore bien la manier, voilà tout."

Elle eut un sourire, épuisée d'avoir autant couru, et s'effondra dans leur cabane.

Godric la regarda faire, ses treize ans n'enlevant rien à son fil de pensée.

Ce n'était pas pour rien qu'il l'avait ramené ici, dans leur cabane construite de bois et d'un peu de chance.

Il s'assit, près d'elle, son genou frôlant son visage.

Elle tourna sa tête vers la sienne au-dessus qui la fixait.

Elle eut un soupir.

-"Ma baguette." Demanda-t-elle mais il ne répondit pas, semblait penser à tout autre chose.

Ils se murèrent ainsi dans le silence durant plusieurs minutes, se noyant dans le regard de l'autre.

-"Mes parents m'envoient loin d'ici." Cracha soudain Godric.

-"D'accord."

Il eut un léger sourire amusé en la voyant digérer lentement l'information.

Puis d'un coup ses yeux bleus s'ouvrirent grand comme deux saphirs et elle se releva, sur les fesses.

-"Quoi ?" S'écria-t-elle à quelques centimètres de lui. "Tu pars ?"

Il protégea ses oreilles, moqueur.

Mais c'était bien le seul qui riait.

-"Il est temps, Cissy." Dit le garçon calmement en posant sa main sur son épaule pour la calmer. "Tu sais je suis grand maintenant. Je dois aller découvrir le monde."

-"Mais où est-ce que tu vas aller ?" Demanda-t-elle d'une petite voix.

-"Père a un ami qui veut bien de moi comme élève." Sourit le garçon. "C'est un épéiste, Cissy, il va m'apprendre à m'en servir."

-"Qui a besoin d'épée quand on a une baguette ?" Marmonna dans sa bouche et il parut blessé.

-"Tu sais que j'ai toujours voulu avoir une épée, Cissy."

-"Je sais."

Elle fixa ses doigts, se les tritura, ne sachant pas quoi dire. Il allait la quitter. Elle se mordit la lèvre, sentant son coeur se serrer.

-"Je ne vais pas t'oublier, tu sais." S'amusa Godric et elle releva ses yeux emplis de grosses larmes.

-"Évidemment que non !" S'offusqua Pronécylia. "Tu n'as pas intérêt à m'oublier, on est meilleur ami pour la vie."

-"Je t'aimerais toujours, même si on ne se revoit pas pendant longtemps." Godric la rassura mais elle hésita.

-"Tu promets ?" Murmura-t-elle et il sembla soudain avoir une idée.

Il retira sa manche, révélant son avant-bras et il attrapa celui de Pronécylia pour faire de même, révélant sa peau translucide.

-"Faisons un serment." Proposa le tout jeune Godric. "De ne jamais cesser de s'aimer."

Aux anges, sans vraiment savoir ce que cela signifiait, Pronécylia hocha la tête.

Godric ne sut pas vraiment quoi faire mais Pronécylia en fut certaine. Elle attrapa ses deux mains, les enferma dans les siennes, leurs deux petits corps face à face.

-"Je promet de toujours aimer Godric Gryffondor, même s'il est loin de mes yeux, même s'il change d'apparence, même si des siècles nous sépare et même si de nos cendres nous renaissons."

Elle inventait, ce n'était rien, ça ne signifiait rien pour le monde mais ça signifiait tant pour leurs deux âmes.

Drogué à cet instant enivrant, Godric sourit.

-"Je promet de toujours aimer Pronécylia Poudlard, même si elle est loin de mes yeux, même si elle change d'apparence, même si des siècles nous sépare et même si de nos cendres nous renaissons." Répéta le garçon.

Ils ne virent sans doute pas les filaments d'argent s'élever autour d'eux, trop absorbés par la beauté de leurs iris plongés dans l'autre.

-"Je promet de brûler en enfer si je manque à ma promesse !" Ricana Pronécylia et Godric plissa le nez, la trouvant enfantine.

-"Et je promet de ne jamais manquer à ma promesse." Répliqua Godric en lui tirant la langue.

-"Alors je promet de ne jamais l'ai-"

Godric mit sa main sur sa bouche en vitesse, riant.

-"Tu entends ?" Murmura le garçon en désignant l'air de son index.

Pronécylia écouta, leurs mains se lâchant et elle ouvrit grand les yeux.

-"Ton père nous cherche." Répondit-elle et il hocha la tête.

Il se levèrent rapidement, se faisant violence pour ne pas éclater de rire, et sortir vite de la cabane pour aller se cacher dans la forêt.

Ils ne pensèrent plus à cette stupide promesse d'enfant.

Mais les filaments d'argents restèrent en suspens dans les airs encore quelques instants, avant de finalement s'évaporer en des étincelles ardentes.

𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant