~Eighty-seven

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Il y avait eu un silence lorsqu'ils avaient dû enterrer le pauvre Dobby.

Edenalya était restée à l'écart pour lui laisser le temps de faire ses adieux à Harry, et deuillait en silence l'elfe qu'elle avait appris à apprécier depuis sa première année avec Draco.

Hermione avait caressé son dos, heureuse néanmoins de la retrouver.

Puis, le soir même, ils avaient dîné dans la maison aux coquillages, où ils avaient atterris.

Edenalya avait avalé son eau en silence, n'ayant pas envie de manger.

Harry l'observait.

Ses deux mains tremblaient autour de son verre vide et elle en fixait le fond comme si elle tentait de s'y faire disparaitre.

-"Eden." Appela-t-il alors en se levant. "Sors deux minutes."

Elle releva la tête, perdue, et il désigna la porte tout en s'y avançant.

Elle le suivit alors, non sans crainte et il referma la porte derrière eux.

-"Ça te dirait, de marcher un peu ?" Il désigna les bancs de sable blanc et elle hocha la tête en le suivant silencieusement.

Il se racla la gorge, ne sachant pas vraiment quoi dire.

-"Rude, hein ?"

Elle leva un sourcil, se tourna vers lui sans comprendre.

-"Pardon." Il se racla la gorge, regarda le ciel en un moyen de cacher sa gêne.

-"Rude." Souffla-t-elle alors en ne pouvant qu'hocher la tête, admirant le sable entre ses pieds.

-"Et pourtant, j'ai envie de rendre ta vie encore plus rude." Il se tourna vers elle, attrapa ses mains fermement. "N'abandonne pas, Eden. Je t'ai vu, t'abandonner sous ses yeux, comme si tu attendais qu'il te tue." Ses yeux tremblèrent légèrement. "Je me fiche que tu ais envie d'abandonner, parce que moi je ne t'abandonnerais pas."

Elle se pinça les lèvres, regarda ses mains réchauffer les siennes, honteuse.

Ces mots qu'il prononçait, elle n'avait même pas la force de les lui répéter. Ce feu qui la brûlait et lui interdisait d'accepter ses propres sentiments, elle savait déjà que c'était pour l'éloigner de lui, pour les séparer.

Et elle avait trop longtemps déjà été sous le joug de son âme traîtresse.

-"Hermione m'a tout dit." Avoua le garçon en la voyant enfoncer son menton dans son cou pour échapper à son regard.

Hermione lui avait tout dit. Il devait certainement la trouver ridicule, désormais qu'il savait. Elle était incapable de prononcer de simples et ridicules mots, était incapable de se maîtriser.

-"Si j'aime avec les mots, tu peux aimer avec les actes." Murmura alors Harry en souriant tendrement. "Si tu ne sais pas le dire, je le dirai pour toi."

Il avait raison. Les mots manquaient, son cœur était plein mais sa parole était vide. Comment pouvait-elle exprimer ce qu'elle ne pouvait dire ?

Elle ne pouvait peut-être pas le prononcer mais Harry n'en avait que faire, s'il le fallait il le dirait pour eux deux.

Elle lâcha ses mains, et il cru qu'elle allait s'éloigner, encore, s'isoler de lui.

Mais elle attrapa ses joues à la place et pressa leurs lèvres les unes contre les autres, les mains du garçon remontant instinctivement dans le dos de la jeune femme, pressant tout ensemble leurs corps frêles qui tremblaient sous l'ivresse d'un baiser sans pareil.

C'était sa façon à elle de s'exprimer.

Lui qui l'avait attendu si longtemps, elle qui s'était défilée tant de temps, désormais ça n'importait plus.

Il leur semblait que le monde tentait de les séparer, mais alors d'une force inconnue ils se pressèrent plus ardemment, tentant de ne faire qu'un après avoir été séparé tant d'années, tant de siècles.

Leurs mains luisèrent d'étranges filaments d'argents qu'ils n'apercurent pas, trop occupés à sentir leurs peaux se coller et se raper dans une symphonie bruyante de coeurs battants.

C'était une sensation horrible que de ne pas arriver à prononcer ce que l'elle ressentait pour lui, que de ne pas mettre un mot sur ce qui l'a submergait et la plongeait dans le chaos.

Tout ce qu'elle pensait de l'amour basculait, s'évaporait dans les airs tandis qu'elle se détachait du garçon.

L'amour, n'était-ce pas anxieux et épuisant ?

Chaque seconde passé avec Draco l'epuisait mentalement parce qu'elle devait tant faire pour penser lui plaire.

Mais Harry lui montrait que chaque instant passé ensemble lui faisait regretter ceux en son absence.

Il la fixa, tous deux se perdant dans les yeux de l'autre.

Il ne pouvait s'empêcher d'esquisser un sourire de gêne et il se racla la gorge.

-"Attend, deux secondes." Fit-il en s'éloignant un peu.

Elle le suivit, curieuse, blessée qu'il ne dise rien de plus. Il tenta de se cacher derrière un arbre et soudain sauta comme un lapin dans tous les sens, levant les bras au ciel pour remercier ceux qui s'y trouvaient, l'enfant en lui renaissant.

Elle eût un rire qu'elle cacha et il continua sa mascarade, hurlant un "enfin !" qui la fit pleurer en silence, ne voulant pas gâcher son moment.

Puis, courant à l'endroit précédent pour ne pas se faire remarquer, elle attendit qu'il revienne le visage de marbre.

-"Bien, puisque je suis en charge des mots, je me dois de demander ça." Il se racla la gorge, parut sérieux. "Est-ce ça veut dire qu'on est-"

Il les désigna tous les deux un à un et elle leva un sourcil.

-"Qu'on est ?" Attendit Edenalya et il claqua sa langue contre ses dents.

-"Tu vois ce que je veux dire. Est-ce qu'on est-"

Il les désigna de l'index et du majeur puis les colla tous les deux ensemble.

Elle cacha un rire sous une légère toux et haussa les épaules.

-"Je ne sais pas, ce n'est pas moi qui suis en charge des mots."

Il se mordit la lèvre, prit à son propre jeu. Il fit semblant de réfléchir, de peser le pour et le contre, de tenter d'être maître de la situation.

-"On est ensemble, alors. Objections ?" Demanda-t-il l'air nonchalant.

Elle regarda derrière elle, l'air de chercher des objecteurs, puis se retourna face à lui.

-"Pas personnellement." Répondit-elle alors.

-"Bien. Bien." Il fit la moue, venant de signer un simple contrat. "Tu devrais rentrer, il commence à faire froid."

-"Je vais rentrer, alors."

Elle se racla la gorge, aperçut les yeux du garçon pétiller d'excitation, fixant le sol et alors elle s'approcha, déposa un baiser sur son front.

Il releva immédiatement la tête, pris au dépourvu et elle haussa les épaules.

-"Je suis en charge des actes, souviens-toi." Elle lui fit un clin d'oeil et se dépêche de rentrer.

Et Hermione, dans la chaumière aux coquillages, garda le plaisant souvenir d'un Harry qui courait partout dans le sable pour évacuer sa joie et d'une Edenalya qui grimpa à l'étage pour claquer sa porte de chambre et hurler dans son oreiller comme une jeune adolescente.

𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant