𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰 [TERMINÉ]

~Forty-three

Avait-ce été un déclic ? Peut-être qu'après tout c'était ce qu'elle avait toujours hésité à faire sans trouver la bonne excuse.

Ce n'était pas à elle, de vagabonder comme une âme en peine à la recherche d'un endroit où se reposer à jamais.
Elle n'avait perdu personne, n'avait hurlé personne.
Avait-elle droit d'ainsi s'accaparer la peine de quelqu'un d'autre ?

Et pourtant.

Son esprit divaguait sur une mer déchaînée.

Elle ne savait pas vraiment à quoi penser mais ses pensées allaient trop vite pour qu'elle réussisse à les assimiler.

Draco était du côté des Mangemort.

Était-ce si étonnant ? Avec de tels parents, une telle famille et de telles fréquentations ça n'avait été qu'une question de temps.
Mais peut-être avait-elle eu le culot de penser pouvoir le sauver.

Après tout, n'avait-elle pas pu ? Si elle lui avait consacré plus de temps, peut-être en serait-il autrement à cet instant.

Les grandes vacances passaient lentement.
Elle n'osait pas envoyer de lettres à ceux qui ne lui en envoyaient pas non plus.
Comment allait Harry ? Elle aurait aimé aller le voir mais elle pensait qu'il valait mieux le laisser guérir seul.

Ou peut-être était-ce parce qu'elle avait peur de les voir, tous, et de savoir qu'elle avait échoué autant en tant qu'amie qu'en tant que petite-amie.

Parce qu'après tout, si Harry n'était pas en état de voir le sort arriver, Edenalya qui était à côté aurait dû les aider à l'éviter.

Mais elle avait été bien trop occupée dans ses propres pensées à ce moment-là pour les protéger.

Elle s'en voulait.
Harry n'avait pas voulu qu'elle vienne, et sans doute avait-il eu raison. Sans doute n'aurait-elle pas dû venir.

Elle avait mal à la main. Son sac de course était trop lourd mais elle avait laissé sa baguette dans sa chambre, idiote qu'elle était.

Elle devait donc le prendre à la main mais ses phalanges avaient blanchis tant ses doigts souffraient.

Elle passait dans le quartier moldu, le soleil lentement se couchant. Elle avait passé la journée à travailler, comme les autres journées.
À travailler ce qu'elle avait déjà compris et enregistré simplement pour se forcer à penser à quelque chose qu'elle contrôlait.

-"N'oublie pas d'acheter un nouveau grille-pain !"

La femme habituelle passa devant Edenalya en courant pour rattraper la voiture dans l'allée qui venait de s'arrêter.

L'homme descendit sa fenêtre pour pencher sa tête.

-"Je l'achèterais demain matin." Dit-il mais la femme refusa d'un coup de tête, s'arrêtant face à lui dans ses talons trop haut.

-"Ce soir, ou bien tu n'auras pas de toast à l'avocat demain matin."

Il fit la moue, de ses yeux doux qui ne firent pas ciller la dame aux cheveux blonds.

Puis il soupira, commença à refermer la fenêtre de sa portière en tournant la manivelle.

-"D'accord cheffe." Murmura-t-il en faisant semblant de bougonner.

Elle eut un rire en le voyant repartir et le salua tandis que la voiture disparaissait au détour d'un pavillon.

La femme fit demi-tour pour retourner dans son jardin mais heurta l'épaule d'Edenalya dont le sac de course tomba sur le sol.

-"Je suis sincèrement désolée." S'excusa platement la moldue.

Edenalya ne répondit pas, la laissa s'accroupir sur le sol pour tout ramasser, les yeux rivés sur son dos qui bougeaient comme hypnotisée.

Elle n'arrivait pas vraiment à se réveiller du long rêve dans lequel elle était coincée.

La femme releva les yeux, croisa les siens si vides, arrêta de ramasser les pommes qui roulèrent jusqu'aux caniveaux.

Il y eut un silence entre leurs regards.

-"Tout va bien ?" Murmura la dame accroupie, sincère.

Edenalya souffla légèrement du nez.

Bien ? Était-elle bien ? C'était une question qu'elle ne s'était pas réellement posée.

Avait-elle été bien depuis que le voyage retour après le ministère, des semaines auparavant, s'était fait à dos de Sombrals qu'elle voyait ?

Ça avait sans doute été à ce moment-là, lorsqu'elle avait aperçu leurs couleurs si noirs, leurs yeux si globuleux qu'elle s'était rendue compte que quelque chose n'allait pas.

-"Oui." Se reprit Edenalya avant de sourire. "Oui, tout va bien."

La femme la regarda longuement, semblant comprendre quelque chose que la jeune enfant elle-même se cachait.

Edenalya s'assit, attrapa les courses, les jeta nonchalamment dans le sac pour partir le plus vite possible, retira les pommes des mains de l'inconnue et se releva.

-"Bonne nuit Nessa." Ajouta rapidement Edenalya avant de partir.

Et ladite Nessa la regarda s'éloigner, se rendant compte qu'elle ne lui avait jamais donné son prénom.

                            *****

-"C'est arrivé, mes chers confrères."

La tante d'Edenalya, qui ce soir-là l'avait prévenu avoir une réunion à son travail, se tourna vers les deux femmes et l'homme face à elle.

-"Tu veux dire qu'il est de retour ?" Demanda une des femmes et la tante eut un soupir en hochant la tête.

-"C'est donc plus urgent qu'on ne le pensait, s'il y a déjà eu contact." Murmura l'homme en se frottant le menton, réfléchissant.

-"Vous savez tous dès lors ce que je vous demande de faire." La tante les regarda tour à tour. "N'oubliez pas votre dette."

La femme qui était restée silencieuse s'approcha, posa sa main sur l'épaule de l'inquiète.

-"Ne t'en fais pas, nous sommes là pour ça."

La tante d'Edenalya laissa échapper un long soupir, sentit son coeur se serrer en pendant à cette pauvre enfant qu'elle devait protéger.

-"Aidez-moi." Supplia la femme et les trois autres sorciers sourirent.

Oui, les choses se précipitaient.
Pas comme ils l'auraient souhaité mais ce ne faisait rien ; ils allaient gagner.