~Hundred-four

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-"Harry !"

On l'entendait hurler dans les couloirs, désespérément, poussant tout un chacun à la recherche du seul qu'elle désirait apercevoir.

Avait-ce été un rêve ? Une illusion de par son désespoir, sans raison ?

-"Edenalya ?"

Elle s'arrêta, face à un mangemort la baguette levée.

À ses côtés se tenait Draco, qui n'avait pas voulu quitter.

Elle chercha sa baguette dans ses poches, dans la panique, ses doigts tremblants n'arrivant pas à mettre la main dessus.

Draco déglutit, la fixa longuement avant de soudain pousser le mangemort qui chuta dans une crevasse du sol et de courir attraper Edenalya par le bras.

Il la tira jusqu'à une pièce annexe et lui tendit soudain un balai qui se trouvait là.

-"Je ne pars pas." Refusa immédiatement la jeune femme mais il se tourna vers elle en un soupir.

-"Ce n'est pas pour partir, idiote." Il plongea ses iris cendrés dans les siennes avec douleur. "Potter se bat avec le seigneur des ténèbres. Tu le trouveras plus facilement en balais, n'est-ce pas ? Tu as toujours été incroyable sur un balai."

Il semblait qu'il tentait de faire passer bien d'autres mots au travers de ses douloureuses pupilles.

Elle eût un instant où elle se perdit dans son regard et les marques de son visage.

Un instant où elle aurait pu retomber dans ses bras, ce qu'une partie de son âme lui hurlait de faire.

Un instant où elle aurait cédé à sa destinée toute tracée.

-"Merci, Draco." Souffla-t-elle alors. "Pour tout."

Il la lâcha, s'écartant d'un pas sans lâcher son regard.

Elle attrapa le balai, l'enfourcha, se tourna vers le garçon.

-"Tu devrais partir." Dit-elle d'une douce voix. "Il n'y a plus rien pour toi, ici."

Et ça n'avait rien de cruel que d'avouer que plus rien ne le retenait entre ses murs désormais.

Il hocha la tête, résigné. Après tout, il n'était resté que dans le but de tenter de se faire pardonner.

Et le sourire qu'elle lui donna avant de s'envoler réchauffa son cœur meurtri plus que n'importe laquelle des redemptions.

Il souffla alors, baissant la tête, et transplana pour retourner auprès de sa famille.

                                *****

Edenalya voguait sur l'air comme elle l'avait fait toute sa vie.

Elle se sentait à l'aise, en vie.

Elle se pencha en avant pour raser le sol et renverser un mangemort qui tentait de s'attaquer à un sixième année. Elle remonta en piqué, sentant le vent s'engouffrer entre ses mèches de cheveux.

Son cœur se gonflait d'air frais et elle se stabilisa, admirant la vue imprenable sur Poudlard.

La tour d'astronomie tombait sur elle-même, laissant entrevoir ses boyaux d'escaliers ça et là, sa cage thoracique en pierre se craquelant à certains endroits, dévoilant son coeur d'étoiles à la vue de tous.

Elle ne trouvait pas Harry. Elle apercevait Neville dans la cour, Luna entre deux fenêtres de la Grande Salle, Lily qui se battait contre Greyback près du corps de Lavande, mais elle n'apercevait pas Harry.

Elle se pencha pour avancer, s'approchant du château à sa recherche.

Elle le vit alors.

Dans la cour arrière, debout face à une silhouette à la robe noire comme les plus purs corbeaux d'Ecosse.

-"Voldemort." Laissa-t-elle échapper.

Elle n'intervint pas. Son âme lui criait d'aller l'aider mais elle resta en retrait dans les airs pour le laisser faire.

Car après tout, il était l'Elu.

Et qui d'autre que l'Elu pouvait détruire le mage noire le plus tristement célèbre  de l'histoire ?

Elle avait confiance en lui.

C'était dingue de le savoir disparu puis la seconde d'après avoir le cœur gonflé d'espoir en le voyant au bord de la mort.

C'était sans doute l'amour, pour arriver à être si près du gouffre et s'en sortir rien qu'en le voyant de nouveau en vie.

Les pieds se balançant dans le vide, elle attendit.

Faisant outre des deux sortilèges qui s'entrechoquèrent, du rubis faisant face à l'émeraude mortelle, elle ne fixa que le visage sale du garçon en contrebas qui se battait à en perdre haleine.

Elle inspirait lentement, tentant de lui transmettre toute la confiance qu'elle avait.

Elle le regardait avec force, droite sur son balai au loin dans l'air.

Et soudain le rubis se mit à briller, de plus en plus fort, éclatant par sa lumière jusqu'à s'éteindre tout aussi subitement.

La cour redevint calme.

Voldemort recula d'un pas, puis d'un autre, titubant. Et finalement la coquille vide qu'il s'était créée commença lentement à se désintégrer.

-"Harry !" S'écria-t-elle immédiatement.

Il leva la tête, apercevant entre les poussières cendrées qui s'élevaient dans le ciel une silhouette indistincte qu'il reconnut néanmoins.

Edenalya plongea en piquée et sauta de son balai qui s'éclata sur le sol avant de courir de toutes ses forces vers le garçon.

Il semblait que la distance entre eux s'allongeaient, des décennies les séparaient. Il sentit son cœur s'alléger, Edenalya passant en courant entre les cendres de celui qui n'était plus.

Il ouvrit les bras, attendant qu'après la tempête vienne son chrysanthème.

Et elle fondit dans son étreinte, ce dernier refermant aussitôt ses bras autour de son corps qui tremblait, la sentant enfourner son visage au creux de l'épaule du garçon.

Elle le serra de toutes ses forces, voulant goûter à chaque partie de son corps tandis que lui voulait simplement la sentir près de lui.

Elle écarta son visage, attrapa le sien en coupe avant d'embrasser ses lèvres pour qu'elles n'appartiennent qu'à elle.

Il pressa son corps contre le sien et elle lâcha ses lèvres humides, laissant leurs visages encore se toucher.

-"Je t'aime." Souffla-t-elle comme si sa vie en dépendait.

Elle sentit les mains du garçon s'arrêter, lentement glisser le long du corps de la femme comme s'il n'avait plus la force de les relever.

Il ouvrit les yeux, croisa les siens, leurs cils se frôlant. Elle avait dans le regard un amour débordant qu'il n'arrivait pas à contenir par sa simple présence.

Elle se pinça les lèvres, passant de son œil droit à son œil gauche.

Il semblait repasser ce qu'elle venait de dire en boucle dans sa tête, comme si c'était la récompense la plus belle.

Des filaments d'argent s'entrelacèrent autour de leurs corps aimants, bouclant une promesse prononcée il y a trop longtemps.

Et finalement il ferma les yeux et pressa leurs lèvres les unes contre les autres, passant ses mains dans ses cheveux.

Et les cendres de celui qui n'avait pas connu l'amour se dissipèrent dans l'air.

𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant