𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰 [TERMINÉ]

~Eighty-six

-"Avada Ke-" commença Nicolas mais il s'arrêta.

Edenalya eût un tremblement incontrôlable, ce soudain arrêt n'étant pas prévu.

Le grincement strident et étrange fit soupirer l'homme qui releva la tête, tenant sa fille par la nuque qui garda les yeux fermés et la tête baissée.

Il regarda le lustre, au-dessus de Bellatrix et Hermione qui n'avaient pas remarqués.

-"Lâchez-les !" S'écria quelqu'un en se relevant.

Bellatrix regarda Ron et Harry qui étaient visiblement sorti du cachot.

Harry se tourna vers Edenalya qui s'avouait vaincue et se soumissait à son Némésis.

-"Eden !" S'écria le jeune garçon. "Je suis là !"

Nicolas fixa le petit être dessus qui dévissait le lustre et, exaspéré, il leva sa baguette vers lui, voulant en finir au plus vite.

L'elfe se tourna vers le sorcier, ayant ressenti sa présence, et tout en lâchant le lustre il le pointa du doigt et l'envoya valser de l'autre côté de la pièce.

Bellatrix s'écarta promptement au même instant et Ron courut attraper Hermione en la portant dans ses bras.

Nicolas regarda, impuissant et enragé, Harry accourir près d'Edenalya qui avait ouvert les yeux et la couvrir de ses deux bras contre le mur pour la protéger des débris qui s'éparpillaient dans le salon des Malfoy.

-"Sale petit-" s'apprêta à jurer Bellatrix mais elle se tut alors en reconnaissant Dobby.

Ron lâcha Hermione l'espace d'un instant pour aller récupérer leurs baguettes des mains de Draco qui se laissa faire, perdu, et Harry releva le menton d'Edenalya pour vérifier qu'elle n'avait rien.

-"Viens."

Il l'attrapa par le bras pour les ramener vers leurs amis mais elle résista quelques peu, sans vraiment comprendre.

-"Viens." Répéta le garçon en la fixant.

-"C'est mon père." Souffla-t-elle sans regarder derrière elle pour désigner l'homme.

Il le fit à sa place, le dévisagea un instant.

-"Heureusement, tu ne lui ressembles pas." Répondit-il catégoriquement et il la tira de nouveau pour la ramener au centre.

Bellatrix crachait sur Dobby mais Edenalya n'écoutait pas, n'arrivait pas à rassembler ses pensées, à les empêcher de s'effacer, de s'effiler, de s'envoler comme de pauvres frêles feuilles qui se détachaient de leur arbre patrie pour partir en vadrouille sans jamais retrouver leur chemin retour.

-"Concentre-toi sur moi." Murmura Harry à ses côtés en voyant bien ses pupilles dilater trembler à la recherche des particules de l'air qui pourraient l'aider à s'étouffer dans ses propres idées.

Oui, elle devait se concentrer sur lui.

Pas sur l'homme face à elle qui les dévisageaient d'un visage défait par la folie.

Mais sur la chaleur de la paume du garçon qui se déversait dans la sienne. Sur la pression de sa main contre la sienne, sur leurs doigts entrelacés qui suaient pour mieux se coller les uns aux autres dans le tremblement d'adolescents trop jeunes pour comprendre ce qui se passait réellement.

-"Edenalya."

Draco se leva soudain, poussé par son père.

Dobby ne leva pas le doigt sur lui, Edenalya ne lui aurait jamais demandé de le faire.

Il l'aimait, ce tout petit enfant qu'il avait vu grandir et qu'il avait vu sourire en lui ramenant discrètement des bonbons depuis sa chambre.

Dobby avait toujours été le seul ami de Draco, durant toutes ces années de tendre enfance.

Et bien qu'il ne lui avait jamais admis, elle l'avait vu le chercher dans chaque coin de sa grande maison lorsqu'il travaillait encore pour eux.

C'était l'unique personne capable d'éteindre l'amour que Dobby portait pour Harry.

-"Reste avec moi." Appela le garçon.

Il la suppliait mais elle se rendait bien compte qu'il n'avait osé la voix uniquement car son père l'avait poussé à le faire.

Ils cherchaient à faire diversion en utilisant Draco comme appât pour empêcher Dobby de les blesser.

Elle voulut s'avancer d'un pas mais Harry pressa sa main un peu plus contre la sienne pour la retenir.

Draco baissa les yeux vers leurs mains, puis les releva vers les yeux d'Edenalya.

Et le cœur de la jeune femme s'effrita en voyant dans son regard la douleur pure d'un jeune enfant qu'on trahissait une nouvelle fois.

Il colla sa langue contre son palais, s'empêchant sans doute de réagir aux émotions qui brûlaient son fragile cœur entouré d'épais murs de glace.

-"Toi, rejoins-moi." Demanda-t-elle.

Son âme lui hurlait de le rejoindre. De franchir ses ridicules pas qui les séparaient et de faire tout ce qu'il demandait.

De lui demander de la pardonner et de la laisser rester à ses côtés.

Mais elle se battait contre elle-même, parce qu'elle savait que c'était la bonne chose à faire.

Elle tendit sa main libre.

Harry la fixa, tenté de la tirer, de l'en empêcher.

Mais qu'aurait-il de si différent de Draco, s'il se mettait à empêcher la jeune femme d'agir de son libre arbitre ?

Il lui faisait confiance.

Quelque part, quelque chose en lui hurlait de ne pas le faire. Que c'était vain, qu'elle allait forcément se tromper, qu'il devait à tout prix la protéger de tout, de tout sauf de lui.

Mais il se battait contre lui-même, parce qu'il savait que c'était la bonne chose à faire.

Draco fixa la main tendue devant lui. Il avait simplement à la saisir.

Quelque part au fond de lui, une part de son âme lui criait de l'attraper et de la tirer à lui, de l'enfermer et de la garder pour lui, comme une poupée qu'il admirerait dans sa cage d'or. Parce qu'il avait besoin de l'avoir à ses côtés, comme garantie que si le monde lui tournait le dos, il lui resterait toujours une personne.

Mais il se battait contre lui-même, parce qu'il savait que c'était la bonne chose à faire.

Alors il recula d'un pas, déglutissant piteusement, détournant le regard pour ne plus être tenté de par ce visage qu'il avait tant aimé.

Et en une fraction de seconde, tandis que Nicolas hurlait à sa fille qu'il la retrouverait et que Bellatrix tentait de tuer ce traitre d'elfe, les adolescents disparurent de son manoir.

Et le silence revint, lourd, pesant.

Et il se retrouva seul.

Encore.