~Nineteen

540 49 169
                                    

-"Tu es sûre que tu ne veux pas qu'on te dépose jusque devant chez toi ?"

Arthur se tourna vers les sièges arrières où Edenalya s'était assise sur Ginny, dans la petite voiture bleue de la famille.

Harry, assis sur Ron qui gémissait, hocha vivement la tête en regardant son amie.

-"Je suis sur qu'on peut te déposer plus près." Ajouta le garçon.

Elle eut un sourire gêné.

-"Je préfère marcher un peu, avant de rentrer."

Arthur arrêta la voiture en plein milieu de la route, une des portières s'ouvrit et Edenalya en sortit. Elle lissa sa robe et leva les yeux vers les adolescents qui la regardaient avec de grands yeux.

-"Merci beaucoup pour le trajet, Monsieur Weasley." Remercia la jeune fille.

-"Je viendrai aussi te chercher dans deux semaines, qu'en dis-tu ? C'est sur notre chemin pour King's Cross de toute façon."

-"Ma tante va m'accompagner, ne vous en faites pas." Elle sourit et se tourna vers les sièges arrières. "A dans deux semaines."

Elle les salua de la main et commença à avancer vers le trottoir, gambadant sur le goudron.

Lorsque, finalement, la voiture partit, elle s'arrêta, marcha plus lentement, le visage baissé.

Elle n'habitait pas du tout là, en réalité.

Elle habitait de l'autre côté, vers les quartiers sorciers, et non pas dans un quartier de moldus de classe moyenne.

Les pavillons identiques longeaient l'avenue, et Edenalya marchait pas à pas sur le trottoir, fixant les maisons à sa droite, les lumières allumées, les silhouettes qui se mouvaient.

Elle s'arrêta finalement devant l'une d'entre elles, sentit son coeur s'alléger.

-"Tu as sorti les poubelles ?"

La voix masculine provenant du garage s'avançait vers le jardin. Il ne la vit pas, occupé à marcher à toute allure vers la porte du pavillon.

-"J'y vais." Hurla une femme à l'intérieur.

La porte s'ouvrit. Il la laissa sortir, elle continua dans le jardin, poubelles en main. Ses cheveux blonds s'éparpillaient sur ses épaules qu'ils frôlaient, son nez en champignon se plissait à l'odeur nauséabonde. Elle ouvrit la benne à ordures, y jeta les sacs avec dégoût avant de le refermer.
C'était une vie simple à laquelle la femme avait toujours aspiré.

Il n'y avait qu'elle et lui, dans ce petit paradis. Personne ne le dérangeait. Elle partait travailler le matin, lui partait travailler la nuit.
Elle resta dehors, près du portillon de leur jardin. Il sortit de la maison, manteau en main, se dépêcha de terminer de mâcher son repas.
Il lui vola un baiser, courbant l'échine pour qu'elle n'ait pas à se mettre sur la pointe des pieds.

-"N'oublie pas d'éteindre la lumière du garage avant d'aller dormir, j'ai oublié de le faire." Prévint l'homme en arrivant sur le trottoir.

-"Tu rentres à quelle heure ?" Demanda la femme.

Il eut un sourire.

-"Je te le ferai savoir, lorsque je serais là."

Il monta dans sa voiture, alluma les phares. Le vrombissement du moteur la fit sourire, elle le salua de la main. La voiture démarra, quitta le tranquille quartier.

La femme, aux yeux pétillants, eut un léger soupir et fit demi-tour jusqu'au garage pour l'éteindre, avant de finalement rentrer dans sa maison.

Et Edenalya, debout sur le trottoir d'en face, eut à son tour un soupir lorsque les lumières s'éteignirent, sentant que celles de son coeur peur à peu faisaient de même.

Dans le froid de la nuit, elle continua son chemin, à travers les ruelles, pendant quelques minutes, quelques heures sans doute, jusqu'à son quartier.

Les hiboux étaient rentrés dans leurs nids douillets, les baguettes avaient été posés sur les tables de chevet. Les bougies avaient été soufflées. Tous, dans tous les quartiers, s'étaient couchés.

Et elle seule, désormais, demeurait.

Oui, c'était sans doute normal de vouloir ce genre de vie simple et sans magie. Elle ne blamait pas les sorciers qui le désiraient.
Elle ne blamait pas sa mère.

                             *****

-"Je ne savais pas que tu avais des invités."

Edenalya regarda les trois personnes autour de la table de sa tante, honteuse d'être en chemise de nuit devant eux, venant de se lever de bon matin.

-"Je voulais te prévenir hier soir, mais de toute évidence le train avait du retard, vu l'heure à laquelle tu es rentrée." Lui sourit sa tante.

-"Désolée."

Sa tante sortit de la cuisine, essuya ses mains et désigna les invités.

-"Je te présente des amis à moi qui resteront ici quelques jours encore."

-"Enchantée." Elle tendit sa main pour serrer les leurs. "Je suis sa nièce, Edenalya."

-"Nous avons beaucoup entendu parler de toi." Fit l'homme en souriant.

La femme eut un clin d'oeil envers sa tante qu'Edenalya ne rata pas. Elle ne dit rien, resta silencieuse néanmoins.

Le petit-déjeuner passa tranquillement. Ils lui posèrent des questions sur ses études, ses envies, ses passions. Elle posa des questions sur leur amitié, eut des réponses vagues.

Finalement, elle retourna dans sa chambre pour réviser son BUSE, l'esprit ailleurs.

-"Je pense que ce sort serait le plus puissant, dans ce cas." Entendit-elle murmurer depuis sa fenêtre.

Elle se leva, curieuse, regarda au travers vers le jardin où s'étaient assis les quatres compères.

Les trois femmes discutaient activement pendant que l'homme regardait la maison avec attention.

-"Ne serait-ce pas plus sûre de pratiquer également celui-là ?" Murmura sa tante en désignant quelque chose sur un parchemin. "Pour parer à toute éventualité."

-"Le mieux serait d'en parler avec elle directement." Rétorqua une femme en rouspetant.

-"Certainement pas." Répliqua sa tante. "Elle ne doit jamais être au courant."

Soudain, alors qu'elle allait de nouveau parler, Edenalya croisa le regard de l'homme.

Il ouvrit grand les yeux, mis son index sur sa bouche d'un air désapprobateur depuis sous sa fenêtre, leva sa baguette.

Et aussitôt, ferma ses volets pour l'empêcher d'entendre la suite.

Elle se rassit sur sa chaise, l'esprit embrouillé.

Puis, tentant de garder les idées en place, elle se racla la gorge et attraps ses fiches, recommençant comme si de rien n'était.

La politique de l'autruche était de loin sa préférée.

𝙰𝙼𝚈𝙶𝙳𝙰𝙻𝙰  [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant