Chapitre 3

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Sa journée commençait de la pire manière qui soit. Il était assis près de quelqu'un qui ne lui avait pas accordé la moindre attention lorsqu'il l'avait croisé. Qu'avait-il fait au monde pour mériter cela ? Il jeta un coup d'œil nerveux à son voisin : celui-ci le regardait fixement.

Qu'avait-il à le dévisager ainsi ? Mal à l'aise, Erwan baissa les yeux, mais il sentait toujours ceux du garçon posés sur lui. Pourquoi le regardait-il maintenant ? Il s'était attendu à rester invisible à ses yeux. Et il ignorait quel était le pire, entre quelqu'un qui vous évite délibérément et quelqu'un qui vous fixe sans raison...

-Tu es dans ma résidence.

La voix de son voisin venait de le faire sursauter. Il ne s'attendait pas à ce qu'il lui parle. Et il s'attendait encore moins à une telle phrase. Il haussa les épaules.

-Oui. Et alors ?

-Simple constat.

Erwan écarquilla les yeux.

-C'est pour me dire ça que tu m'adresses la parole ?

Un raclement de gorge se fit entendre.

-Erwan, je vous dérange ?

Erwan leva les yeux au ciel.

-Non, monsieur, grommela-t-il.

Du coin de l'œil, il vit son voisin sourire.

Il dut se retenir de serrer les poings. L'avait-il fait exprès ?

Calme-toi, Erwan !

Lorsque la sonnerie retentit, il vit le garçon ranger ses affaires.

-Tu rentres à la résidence ?

Il n'avait pas pu s'empêcher de le questionner, sans réellement savoir pourquoi.

-Non. J'ai des choses à faire.

Le ton était glacial. Erwan ne savait plus sur quel pied danser.

-Comment t'appelles-tu ? Et pourquoi te montres-tu si évasif ? Je te rappelle que c'est toi qui m'as parlé en premier.

-Poses-tu toujours autant de questions à tout le monde ? Si oui, je plains tes amis...

Erwan se figea.

D'accord...

Il haussa les épaules.

-Bien, je crois avoir compris le message. Je vais rentrer.

Un sourire furtif se dessina sur les lèvres de l'inconnu.

-Voilà qui est mieux. A demain, Erwan.

Erwan serra les dents : pour qui se prenait-il ? Pourquoi lui parlait-il toujours sur ce ton ? Comme s'il croyait être le plus fort. Cette attitude avait le don de l'insupporter.

Le jeune homme secoua la tête en soupirant et s'apprêtait à rentrer chez lui, lorsqu'une voix masculine l'arrêta.

-Erwan !

Il se retourna : un garçon brun aux yeux bleus courait vers lui. Il s'arrêta à sa hauteur, visiblement essoufflé.

-Je voulais te dire...Ne fais pas attention à T. Et évite de trop t'approcher de lui.

Erwan fronça les sourcils, perplexe.

-T ?

-Le garçon qui vient de te parler. Personne ne connaît son prénom. Pas même les professeurs. Il a menacé tous ceux qui ont fait des recherches.

-Pardon ? Menacé ? Et il n'a pas fini en prison ?

Il vit le garçon hausser les épaules.

-C'est ce que tout le monde cherche à comprendre...

-Et ses parents ?

-Il est né sous X, ce qui augmente encore la difficulté. Personne ne sait rien à son propos.

Etrange, songea Erwan.

-Bon. Et toi ? Ai-je le droit de savoir ton nom ?

Le garçon lui sourit.

-Oui. Je m'appelle Thibault.

Tout en continuant de parler à Thibault, Erwan se promit de mener son enquête sur ce T.


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