La douceur du baiser le surprit. Il n'avait jamais été embrassé - ni par une fille ni par un garçon. Ne sachant comment réagir, il garda les yeux fermés et passa ses bras autour du cou de T. Il sentit ceux de son ami enlacer sa taille et le serrer contre lui. Il se laissa faire.
Leur étreinte vint balayer les ombres qui hantaient son cœur. C'était de cela dont il avait besoin. Il avait besoin de T. Besoin d'oublier les propos de Loris. Besoin de sentir qu'il comptait réellement pour quelqu'un.
Lorsqu'il sentit T s'écarter doucement, il posa la tête sur son torse et demeura immobile, à écouter les battements de son cœur, de concert avec le sien.
-Es-tu convaincu par ma réponse ?lui demanda son ami dans un murmure.
Erwan sourit.
-Oui, répondit-il tout aussi doucement.
-Dans ce cas, puis-je savoir ce qui t'a amené à douter de moi ?
Erwan se mordilla la lèvre, gêné.
-Le message de Loris, avoua-t-il finalement.
A ces mots, il sentit T se raidir.
-Que dit-il ?
-Je...Je ne sais pas si je dois te le montrer, balbutia Erwan. Tu risquerais de te mettre en colère.
La main de T vint tendrement effleurer sa joue. Ce simple contact le fit frissonner.
-Fais-moi confiance.
Sa voix était aussi douce que sa caresse. Erwan soupira et prit son téléphone. Il ouvrit le message et tendit son portable à T. Erwan le vit serrer les dents à mesure qu'il lisait. Lorsqu'il eut fini sa lecture, il ferma les yeux, tentant visiblement de se calmer.
-Il...Je...
Il hésita, avant de lâcher :
-Tu dois comprendre que j'avais peur.
Erwan le regarda, attendant qu'il poursuive. Il le vit rouvrir les yeux, son regard noir se perdant dans le vide.
-C'est toujours difficile de réaliser que l'on est différent. Quand j'ai compris mon attirance pour les garçons, j'ai paniqué. Les mots, ça allait. Mais les actes, c'est autre chose.
Erwan le vit baisser la tête.
-Tu es le premier avec qui ça fonctionne.
Un profond silence suivit ces aveux. Erwan ne parvenait pas à réaliser ce que lui disait T. Il venait de lui faire comprendre qu'il était le seul véritable élu de son cœur.
Tu es le premier avec qui ça fonctionne.
Les mots flottaient entre eux comme des papillons invisibles. Légers. Colorés. Remplis d'espoir et de bonheur.
Erwan continuait de regarder T. Il était incapable de prononcer le moindre mot. Il craignait d'exploser de joie s'il parlait. Encore une fois, il se devait de rester calme. Depuis qu'il connaissait T, les émotions se bousculaient dans son cœur, au point qu'il se demandait parfois comment celui-ci parvenait encore à résister.
Amitié.
Amour.
Peur.
Douleur.
Tristesse.
Joie.
Empathie.
Colère.
Désespoir.
Et tant d'autres...
-Ce que tu viens de me dire...le penses-tu réellement ?
Il ferma les yeux, attendant la réponse avec un mélange de joie et d'angoisse. Il n'avait pas pu s'empêcher de poser la question. Il avait besoin d'être sûr.
-Comment peux-tu encore douter de moi ?lui demanda doucement T.
Erwan rouvrit les yeux et déglutit péniblement.
-Trop de choses se sont passées, T. Tu m'as évité, avant de te rapprocher de moi, pour finalement me dire que tu m'aimais...J'ai besoin de savoir que tu es sûr de tes sentiments.
Leurs regards se croisèrent.
-Oui, je pense ce que je viens de te dire. Et oui, je suis sûr de ce que je ressens.