Chapitre 57

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On dit que l'amour rend aveugle, mais là, ce n'est pas de la cécité, c'est de la soumission.

Etait-ce un complot ? Pourquoi le monde entier semblait-il savoir ce qu'Erwan ignorait ?

Il va le détruire et ce sera terrible.

Les mêmes propos que Thibault...Qu'avaient-ils tous à associer T à la destruction ?

C'était un complot, ce n'était pas possible autrement.

Son portable vibra. Il avait un message de Thibault.

Ecoute-les, Erwan. Je t'en supplie, écoute-les.

Ce n'était plus un message autoritaire, mais une demande suppliante. A nouveau, Erwan ne savait quoi penser.

Tant que je n'aurai pas de preuve valable, je resterai avec lui.

J'ai une preuve. Si tu veux, je peux te la montrer. Et je t'assure qu'elle est solide.

A ces mots, Erwan retint son souffle. Thibault avait une preuve ? Comment cela était-il possible ?

Que devait-il répondre ? Oui ? Non ? Voulait-il vraiment voir cette preuve ? Ne préférait-il pas rester dans l'ignorance ?

Son portable vibra à nouveau.

N'aie pas peur, Erwan. Je te promets que tu ne risques rien. Le seul risque que tu prends, c'est d'en savoir un peu plus sur ton petit ami.

Erwan se mordilla nerveusement la lèvre. Oui, non, peut-être. Oui, non, peut-être. Les trois mots lui martelaient le crâne comme un marteau frappe un clou. Lequel devait-il écouter ? Le premier, le deuxième, le troisième ?

Comme toujours, la curiosité l'emporta et, malgré sa peur, il obéit au premier.

D'accord.

De quoi s'agissait-il ? De quoi s'agissait-il ? Etait-ce grave ? T avait-il commis un crime ? Mon dieu...Il était né d'un viol. Avait-il réalisé le même acte pour se venger ? Avait-il brutalisé des gens ? Des garçons ? Des filles ? Allait-il le brutaliser lui aussi ?

Calme-toi !

Encore une fois, il n'y parvenait pas. Il voulait comprendre et, en même temps, il avait peur de comprendre. Il voulait savoir, mais il craignait que la connaissance ne soit pire que l'ignorance.

Avait-il bien fait d'accepter ? N'aurait-il pas mieux fait de refuser et de conserver le mystère qui recouvrait T ?

Il fut soudain parcouru d'un frisson glacé. Et s'il n'avait pas le droit de savoir ? Et si T l'apprenait et qu'il y avait des conséquences ? Serait-il capable de lui faire du mal ? Ou si T ne l'apprenait pas, mais que lui-même le révélait sans le vouloir ? Ou s'il se sentait tellement coupable qu'il ne pouvait faire autrement que de tout lui dire ? Et si T se mettait en colère contre lui ? Et s'il le quittait ? Pire : si cela avait un rapport avec son secret et qu'il était battu ? Ou si c'était Thibault qui en payait les conséquences ?

Il va le détruire et ce sera terrible.

Ces propos étaient-ils vrais ? T allait-il s'en prendre à lui s'il découvrait la moindre information ?

Détends-toi, Erwan !se morigéna-t-il.

Lorsque la sonnerie retentit, il sursauta.

-Erwan, est-ce que tout va bien ?lui demanda T, visiblement inquiet.

Il hocha la tête.

-Oui, le rassura-t-il alors que tout lui hurlait le contraire.

Il se leva et rangea ses affaires.

-Peux-tu m'attendre à la sortie ?demanda-t-il à son ami. Thibault doit me parler, ce ne sera pas long.

Il vit T se raidir.

-Thibault ?

Erwan acquiesça.

-Je te promets que ce ne sera pas long et que tout ira bien.

Il vit T lever les yeux et regarder derrière lui. Il se retourna : Thibault ne quittait pas son ami du regard.

-Je t'assure que ça ira, répéta Erwan.

Il vit T serrer les dents.

-Tâche de me le rendre en un seul morceau.


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