Chapitre 52

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Lorsque le bruit de la poignée qui s'abaisse résonna dans la maison, Erwan sursauta en même temps que Clara. La porte claqua, les pas se rapprochèrent.

Et Erwan le vit enfin.

Il ressemblait à un singe. Il n'y avait pas d'autre mot pour le décrire. Mais un singe très en colère...

-Que faîtes-vous ici ?éructa-t-il. Dehors ! Je ne veux personne chez moi !

Erwan ne broncha pas. Pas plus que Thibault.

-M'avez-vous entendu ? De-hors !

Erwan continuait de le fixer.

-Je ne partirai pas d'ici tant que vous n'aurez pas écouté ce que j'ai à vous dire, répondit-il tranquillement.

Opposer le calme à la rage : tel était son plan. La lettre n'était qu'une solution de secours.

-Pardon ? Mais enfin, qui êtes-vous ?

-Erwan, le petit ami de T. Cela vous rappelle-t-il quelque chose ?

A ces mots, il vit Doyen éclater d'un rire sinistre.

-Son petit ami, répéta-t-il avec une ironie grinçante. Eh bien, rassurez-vous, vous ne l'êtes plus pour longtemps...

Erwan leva les yeux au ciel.

-On me l'a déjà dit, merci. En attendant, je suis encore avec lui, alors êtes-vous prêt à m'écouter ?

Il ne le quittait pas du regard.

-Non. Je veux que vous partiez. Immédiatement.

Erwan ne bougeait toujours pas.

-PARTEZ !

Il n'esquissa pas le moindre geste.

-Vous allez m'écouter, répliqua-t-il. Parce que je ne partirai pas tant que vous ne l'aurez pas fait.

Il vit Doyen lever le bras. A cet instant, il sut qu'il était mort. Mais le bras s'immobilisa soudain en plein vol. Et Erwan retint son souffle.

Clara venait de s'interposer.

-Je t'interdis de le toucher. Tu peux faire ce que tu veux de moi, mais je te défends de le frapper lui.

Erwan n'osait plus respirer. Comment allait réagir Doyen ? Et s'il la tuait devant eux ?

Non !

Son cœur s'affolait. Que faire ? Que faire ? Mais Doyen se contenta de se dégager d'un geste brusque.

-Allez-y, dit-il sèchement. Et ensuite, déguerpissez.

Erwan souffla longuement : Clara leur avait sauvé la vie au péril de la sienne.

-Ecoutez-moi bien, reprit-il. Vous allez cesser de vous en prendre à T et Clara. Vous allez cesser toute violence sur eux.

-Sinon quoi ?

-Sinon, je vous dénonce à la police et vous finissez en prison.

-Et vous croyez vraiment pouvoir m'intimider avec vos menaces...

-J'ai des preuves, répliqua Erwan, et je n'hésiterai pas à me rendre à la police pour leur montrer.

-Des preuves ? Quel genre de preuves ?

-L'université entière est au courant de ce que subit T. Ils pourront tous témoigner. Et j'ai une lettre qui confirme cette violence.

Il vit Doyen se figer.

-Une lettre ?

-Une lettre, parfaitement. Il s'agit d'une preuve suffisante pour vous faire arrêter. Continuez de vous en prendre à eux et vous verrez ce qui vous attend.

Le visage de Doyen devint rouge de colère.

-Montrez-moi cette lettre. Tout de suite !

-Non. Pas avant que vous n'ayez cessé votre brutalité. Si vous n'arrêtez pas, j'empêcherai T de revenir chez vous jusqu'à ce que la police vous condamne.

Il venait de sortir son arme ultime et fatale. Quoi qu'il se passât entre eux, Erwan savait que Doyen avait besoin de T. Sans lui, il n'était plus rien. Si Erwan le lui enlevait - et il en était capable, puisqu'il était son petit ami -, il ne serait plus qu'une loque sans pouvoir ni consistance.

Il vit Doyen se renfrogner.

-Vous êtes vraiment têtu, le savez-vous ?

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